Le sacre d’Imène Khelif, une fille du village de Biban Mesbah, à quelque six bornes de Tiaret, n’a pu se concrétiser que parce que cette dernière s’était échinée, seule, pour se distinguer après avoir intégré la section sportive de la Protection civile.
Une jeune étoile sportive brille sur le toit de la boxe féminine algérienne et semble générer par conséquent une fierté retrouvée des siens à Tiaret où on ne manque jamais une occasion pour l’honorer.
Son sacre, jusque-là relatif mais ô combien salvateur pour la pratique sportive d’une manière générale et le noble art en particulier, dans la région, ne devrait pas être cet arbre qui cache la forêt.
Et pour cause : le sacre d’Imène, une fille du village de Biban Mesbah, à quelque six bornes de Tiaret, n’est pas le fruit d’une éducation sportive à la base, à l’école notamment mais l’apothéose d’une athlète qui s’est échinée, seule, pour se distinguer après avoir intégré la section sportive de la Protection civile.
Une planche de salut ! Elle reste, à ce titre, l’exception et non la règle. A Tiaret, où les traditions en la matière sont donc ancrées pour avoir vu naître et défiler de grands champions, à l’exemple des Mekki Abdelkader, Belbey Azouz, Belarbi Hadj Mohamed et les Moulay Mehdi Sahraoui et tout près de nous d’autres noms qu’il devient fastidieux d’énumérer. De grands champions comme dirait l’autre qui ont conquis une réputation jusqu’à l’international.
Paradoxalement, la boxe n’est plus cette discipline, aujourd’hui, qui procure de la liesse après le football. Les anciens se souviennent de la Tiarétie du CAT et de la salle des fêtes à Tiaret entre autres qui ont accueilli plusieurs galas et même championnats d’Algérie.
Mechraa-Sfa, qui dispose d’un bon entraîneur et d’une salle perpétue, cahin-caha, la tradition. La région fourmillait de clubs et de jeunes champions vite disparus de la circulation dès que les lampions aient été éteints.
La situation de la boxe actuellement et en dépit donc de quelques îlots de résistance broie du noir et cet état de fait est beaucoup plus lié à sa prise en charge tant par l’Etat que par les mécènes quand il s’agit d’entrer dans la sphère professionnelle.
Le cas d’Imène reste l’exception à l’exemple des graines de sa trempe qui ont éclos puis se sont fanées après une prise en charge par la direction de la Protection civile qui dispose d’une section sport.
Au-delà donc d’Imène et de sa prise en charge tant matérielle que psychologique par les pouvoirs publics, le peu d’autres associations qui existent s’accrochent et n’arrivent pas à donner la pleine mesure aux jeunes et à leur talent.
Même la ligue de wilaya de boxe, autrefois catalyseur de la pratique, n’est plus visible et fait apparemment les frais de l’austérité et de l’absence de salles dignes de ce nom. Il est vrai que la situation a été exacerbée par la crise sanitaire induite par le coronavirus, mais cela n’explique pas tout.
Une association parmi d’autres, celle dite Mohamed Ali (en hommage à l’ex-gloire mondiale à Tiaret) en est une illustration parfaite.
Depuis quatre ans qu’elle existe, cette association, basée dans une partie d’un marché communal désaffecté (sic !) à la route Maarouf Ahmed au cœur de la ville, la cinquantaine de jeunes toutes catégories dont quatre jeunes filles, justement, peinent à exercer dignement la boxe. Le ring n’a de ring que le nom, les murs sont désaffectés et le plafond suintant.
Ce n’est pas le seul motif de désespérance sachant que cette association n’a reçu depuis sa naissance que 100 000 dinars d’aides alors que son palmarès reste tout de même élogieux après seulement quatre années d’existence, dont deux d’inactivités pour cause de Covid.
La DJS, sollicitée, avait promis 10 millions, mais rien n’est venu mettre du baume dans les cœurs de ces jeunes sportifs et leur encadrement. Abdelhak Aidouni et Ais Abdelkader, deux amoureux de la boxe, résistent mais pour combien de temps encore ?