La direction locale de Tiaret de la Caisse nationale des assurances sociales a instigué, ces jours-ci, une rencontre où ont prit part les praticiens, pharmaciens et autres cadres pour débattre et trouver des solutions quant aux problèmes, notamment ceux liés à la fraude que cette institution connait.
Instructive conférence que celle initiée, jeudi, par la direction locale de la CNAS de Tiaret au profit des praticiens, pharmaciens, cadres du secteur et en présence des représentants des médias et de syndicats (section ordinale régionale des médecins de Chlef et SNAPO).
Objectif recherché à travers cette rencontre, et on l’aura vite compris, n’a pas été fortuit, bien que décidée en haut lieu du fait de déséquilibres financiers flagrants qui vont en s’accentuant, fatalement, si rien ne sera entrepris pour atténuer les effets, autant sur la caisse de sécurité sociale que sur la prise en charge médicale de l’assuré. Les chiffres illustrant la donne en matière de prise en charge sont colossaux.
Ils s’exacerbent même face aux «fraudes décelées, à postériori lors des contrôles, tant chez certains officines pharmaceutiques que lors de la prescription médicale», s’entend-on dire. Après avoir situé, globalement, la donne, Baraka Ahmed, directeur de la CNAS Tiaret, cédera le micro à ses subordonnées qui se sont beaucoup dépensés pour approfondir la réflexion.
Docteur Chaib Lallia, responsable à la CNAS, fait état de «graves dépassements enregistrés en marge des contrôles» et évoque «la nécessité de rationaliser l’acte médical tout en situant les enjeux liés aux prescriptions médicamenteuses». «Soit il y a insuffisance dans la prescription soit, c’est en trop, nonobstant les enjeux écologiques qu’économiques», a-t-elle plaidé.
Dans sa longue communication, docteure Chaib Lallia parle de «garantie d’accès aux soins mais lie cette garantie à la préservation et à la promotion de la santé du malade». Sur un plan chiffré, ce cadre précise que «la CNAS de Tiaret a déboursé du 1er janvier au 30 novembre de l’année en cours, pas moins de 2500 millions de dinars».
Dans la foulée, elle égrène des chiffres tout aussi colossaux induits par le nombre d’arrêts de travail pour la même période soit 361721 arrêts de travail générant une dépense de l’ordre de 234 971 391, 64 DA.
Quid de la prescription médicamenteuse aux malades chroniques en citant l’exemple de l’insuline et de l’IOMAC, prescrits à doses surréalistes loin du bon sens ? Si docteure Chaib a assorti son plaidoyer en assurant que «la politique de rationalisation des dépenses ne touchera pas au droit du citoyen à la couverture sociale» en «instaurant plus de transparence et une rigueur dans les dépenses», docteure Boumaaza Nadia s’appuyant, elle, sur les chiffres de ses mêmes dépenses, s’est longuement épanché sur des aspects liés à la prescription et fatalement sur la rationalité.
D’autres intervenants se sont succédé à la tribune pour évoquer «le dossier électronique et la prescription numérique s’agissant des barbituriques» pour le président de la section locale du SNAPO, Safa Abderrahane Boudali et en évoquant «quelques aspects liés à l’exercice et la responsabilité médicale, de l’obligation de moyens et de résultats entre autres» par docteur Ahmed Hallouz, président de la section ordinale de Chlef qui englobe sept wilayas de l’ouest du pays.
Incontournable sujet, la carte Chifa a été évoquée sous tous ses aspects notamment pour son utilisation frauduleuse qui génère, on le devine, d’énormes pertes à la caisse.
Subsidiairement, les intervenants évoquèrent la problématique liée aux arrêts de travail (365 721)) générant une dépense de 234 971 391, 64 DA du 1er janvier au 30 novembre 2023 et d’autres dysfonctionnements pour lesquels il y a eu des suspensions tant des praticiens que pharmaciens.
«Est-il raisonnable de délivrer plus de 1,5 million d’ordonnances durant la même date référence alors que la CNAS Tiaret n’enregistre que 319 243 assurés sociaux et 257 318 ayants droits dont 98 214 personnes actives ?»