A l’initiative de l’association Art créatif, le théâtre régional d’Oran a abrité, mercredi dernier, Kateb raconte Yacine, autrement un hommage vibrant au grand écrivain, poète et dramaturge algérien, auteur de Nedjma, Le polygone étoilé et autres pépites littéraires et théâtrales.
Mis en scène par l’artiste Samir Zemouri, il s’était agi de ce qu’on appelle dans le jargon du quatrième art «un voyage théâtral», en ce sens que l’hommage comprenait plusieurs extraits de pièces, bouts de monologues et poèmes du crû de Kateb Yacine, ponctués de parenthèses musicales, notamment les chansons de Cheb Hasni et Matoub Lounès.
En prenant la parole aux côtés de Hichem Ben Amara, le président de l’association Art créatif d’Oran, Samir Zemouri, l’initiateur de cet événement, a confié que sa première expérience semi-professionnelle dans le domaine du théâtre remonte à l’époque de son adolescence, lorsque, au CEM - et alors qu’il était enrôlé au sein de l’association El Amel - il avait joué J’ha, rorbret el fhama, de Kateb Yacine, qu’il considère, avec Abdelkader Alloula et Abdelrahman Kaki, comme étant «les pères de la dramaturgie algérienne».
Mercredi dernier, les «morceaux choisis» proposés au public étaient tour à tour en français et en arabe (voire un court extrait traduit en anglais) et interprétés par une bande de comédiens amateurs, accompagnés par une sorte de ménestrel, parmi lesquels certains étaient montés pour la première fois de leur vie sur les planches du théâtre : Khadidja Heddi, Hemmi Noé, Cédric Boussiron, Souad Belmokhtar, Lilia Amari, Douaâ Nacer, Dalila Hifri, Amine Hadj Tahar et Malika Frih Brahim.
En somme, ce sont les thèmes de prédilection de l’auteur de Nedjma qui ont été revisités, notamment celles se rapportant aux massacres du 8 Mai 1945 à Sétif, Guelma et Kherrata, dont Yacine, faut-il le souligner, avait été un témoin direct. La deuxième partie du spectacle s’est voulu bien plus légère avec l’interprétation de Robret fhama (Poudre d’intelligence) dont les élucubrations du couple de comédiens sur scène, dont le mari est quelque peu alcoolique et l’épouse à fleur de peau, ont fait plier en quatre l’assistance.
Il n’est pas besoin de préciser que l’initiative de rendre hommage à Kateb Yacine est salutaire à plus d’un titre en ce sens que beaucoup parmi le public présent, mercredi dernier, avait découvert le Kateb dramaturge eux qui ne connaissaient de lui que sa facette d’écrivain. Notons enfin qu’en marge de cet après-midi poétique, un autre hommage a été rendu à un dramaturge qui vient à peine de nous quitter, Mohamed Belfadel.
A cet effet, on a fait monter sur scène son compagnon de route et acolyte de toujours Mohamed Mihoubi -président de l’association culturelle El Amel - qui, aux côtés de Samir Zemouri et d’autres, lui ont rendu un hommage émouvant.