La course mondiale aux terres rares est lancée. La Commission européenne a dévoilé, le 16 mars, une nouvelle feuille de route pour sécuriser l’approvisionnement de ses 27 membres en matières premières critiques et pour réduire leur forte dépendance vis-à-vis d’une poignée de pays, dont la Chine, qui possède environ 80% des réserves mondiales.
Vue de Bruxelles, la dépendance des Occidentaux vis-à-vis de l’Empire du Milieu peut avoir des implications économiques et géopolitiques significatives, en particulier si les prix des terres rares augmentent de manière significative ou si les fournitures sont limitées.
Pour parer à toutes les éventualités, l’UE envisage donc de proposer à des pays riches en terres rares, en particulier en Afrique, des partenariats axés sur le raffinage local de ces matières. De prime abord, c’est une bonne nouvelle puisque l’offre européenne permettra au continent d’avoir d’importantes rentrées d’argent et de renforcer son influence.
L’intérêt accru pour les terres rares (qui sont un groupe de 17 éléments chimiques) s’explique par le fait qu’elles sont essentielles à la fabrication de nombreux produits technologiques de pointe, tels que les téléphones portables, les équipements militaires, les véhicules électriques, les énergies renouvelables, les télécommunications et les équipements médicaux, les aimants permanents, les batteries rechargeables, etc.
La liste est encore longue. Il faut dire aussi que l’importance des matières premières critiques dans l’économie mondiale a considérablement augmenté au cours des dernières années en raison de la demande croissante en produits technologiques. Elles sont donc une ressource stratégique pour de nombreux pays.
Dans ce contexte, l’Afrique est devenue un enjeu majeur dans cette course aux terres rares. Le continent possède en effet des gisements importants, notamment en Algérie, en Afrique du Sud, en Namibie, en Angola, au Malawi et en République démocratique du Congo (RDC).
Les pays qui ont accès à ces ressources peuvent donc avoir un avantage économique et stratégique significatif, ce qui peut engendrer bien évidemment des tensions et des conflits géopolitiques. Il faudra donc veiller à ce que l’Afrique ne se transforme pas en un terrain de confrontation entre les grandes puissances. Mais il n’y a pas que cela.
L’exploitation minière des terres rares en Afrique doit également tenir compte de préoccupations environnementales et sociales car il s’agit d’une industrie extrêmement polluante.
Les communautés locales peuvent subir des impacts négatifs, tels que la pollution de l’eau et de l’air, la dégradation des terres et la perte de leurs moyens de subsistance traditionnels. Il est donc important que les entreprises minières prennent des mesures pour atténuer ces impacts et s’assurent que les avantages économiques de l’exploitation minière profitent à tous.
La vigilance doit être de mise d’autant que la question des terres rares en Afrique a souvent été associée à des problèmes, tels que l’exploitation minière illégale et la corruption. Sans de véritables garde-fous, notre continent risque de devenir très vite une immense plaie sanguinolente.
Il revient donc aux Africains de faire en sorte que leurs terres rares ne se transforment pas en une malédiction, comme l’ont été le pétrole ou les diamants pour certains pays.