Le président Abdelmadjid Tebboune a réaffirmé, hier, le soutien de l’Algérie au Soudan pour «surmonter la conjoncture difficile et faire face aux forces du mal qui le ciblent», tout en saluant «les relations séculaires qui unissent les deux pays frères».
Le président du Conseil de souveraineté transitoire de la République du Soudan, le général Abdel Fattah Al Burhan, est depuis hier à Alger pour une visite officielle de deux jours. Accueilli à son arrivée à l’aéroport international d’Alger par le Premier ministre, Nadir Larbaoui, le chef du Conseil souverain du Soudan a rencontré le président Abdelmadjid Tebboune avec lequel il a examiné l’état des relations bilatérales et les voies et moyens pour les renforcer.
Accompagné du ministre des Affaires étrangères, Ali Al Sadiq, et du chef du Service des renseignements généraux, le général Ahmed Ibrahim Mufaddal, le chef de la transition a également abordé avec le président Tebboune l’évolution de la situation interne du Soudan, un pays plongé depuis la mi-avril 2023 dans d’un nouveau cycle de violences et d’affrontements entre, cette fois-ci, l’armée régulière et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR).
Dans une déclaration à la fin de sa rencontre avec le chef du Conseil de transition, le général Abdel Fattah Al Burhan, le président Tebboune a réaffirmé le soutien de l’Algérie au Soudan pour «surmonter la conjoncture difficile et faire face aux forces du mal qui le ciblent».
«L’Algérie a toujours favorisé le règlement des différends et des conflits internes par une approche purement interne, loin de toute forme d’ingérence étrangère», a ajouté le président, précisant que «le dernier mot revient au peuple soudanais avec toutes ses composantes».
M. Tebboune a souligné «les relations séculaires qui unissent les deux pays frères». Le président a salué également la position du Soudan en faveur de l’adhésion de l’Algérie au Conseil de sécurité de l’ONU, mettant en avant la convergence de vues entre l’Algérie et le Soudan sur de nombreuses questions internationales et régionales.
De son côté, le chef du Conseil de souveraineté de transition soudanais a exprimé sa satisfaction que «l’Algérie soit présente à toute table de discussion ou de négociation arabe ou régionale». L’Algérie peut en effet contribuer à la résolution de la grave crise que traverse le Soudan, notamment à travers le Conseil de sécurité de l’ONU, où elle siège comme membre non permanent.
Il y a également le rôle que va jouer le nouvel envoyé spécial du secrétaire général des Nations unies au Soudan, Ramtane Lamamra, qui n’est autre que l’ex-ministre algérien des Affaires étrangères. Désigné en novembre 2023, Lamamra, un diplomate chevronné, a remplacé l’Allemand Volker Perthes.
Les affrontements violents, qui ont éclatés dans les principales villes du pays, dont Khartoum et Darfour, ont davantage fragilisé le Soudan, qui a déjà connu deux guerres civiles. Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) de l’ONU, ce conflit a fait, jusqu’à décembre 2023, plus de 12 000 morts et 5 millions de déplacés et de réfugiés à l’intérieur et à l’extérieur du pays.
Cette escalade de la violence a été précédée par des semaines de tension croissante entre les Forces de soutien rapide et les Forces armées soudanaises (FAS) sur la question de la réforme des forces de sécurité. Si les FAS sont dirigées par le général Al Burhan, les FSR sont, quant à elles, commandées par le général Mohamed Hamdan Dogolo, plus connu sous le nom de Hemiti, un ancien chef djendjawid qui était dans une autre force paramilitaire appelée la Brigade du renseignement aux frontières.
Les divergences entre les deux hommes ont commencé au lendemain du coup d’Etat d’octobre 2021 mené par les forces militaires et de sécurité soudanaises, qui a mis fin au processus visant à aller vers un régime civil, enclenché après le renversement de Omar El Béchir en avril 2019, à la suite de quatre mois de grandes manifestations populaires à travers toutes les grandes villes du pays.
Soutenus par des puissances étrangères, les FSR, en guerre contre l’armée soudanaise, ont beaucoup progressé, notamment dans le centre du pays. Parmi les parrains des FSR du général Dogolo, l’on peut citer les Emirats arabes unis, qui leur apportent une aide militaire importante.
C’est Yasser Al Atta, commandant en chef adjoint des FAS, qui a accusé en décembre dernier les Emirats arabes unis de soutenir les FSR à Khartoum et dans d’autres zones. Des accusations qu’a rejetées Abou Dhabi, qui a expulsé trois hauts diplomates soudanais.
En réaction à cette décision, le chef du Conseil souverain de transition a ordonné l’expulsion des diplomates émiratis du Soudan. Mais les tensions restent vives entre les deux pays.