Tchad, Niger, Mali, Mauritanie… : Alger intensifie son action diplomatique au Sahel

14/06/2022 mis à jour: 01:56
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Photo : D. R.

On assiste ces derniers temps à une intensification de l’activité diplomatique à Alger et à partir d’Alger. Et au milieu de ce ballet diplomatique, l’Algérie se mobilise avec énergie dans la zone sahélo-saharienne en s’attachant à retrouver son leadership historique et l’investir pour la paix dans la sous-région.

Force est de constater que ces derniers mois, la scène diplomatique s’anime de façon remarquable, faisant d’Alger une capitale, pas uniquement «fréquentable» mais jouissant d’un leadership appréciable.

Une capitale dont la parole et la position comptent désormais, après des années de léthargie. Témoins de cet emballement à l’international : les récentes visites du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, en Turquie puis en Italie, et la réception avant cela, à Alger, du Premier ministre italien, Mario Draghi, du ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, ou encore du chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov.

Et, plus près de nous bien sûr, celle du président vénézuélien, Nicolas Maduro. Parallèlement à ce ballet diplomatique, on peut observer une intensification des actions en direction du Sahel.

Parmi les derniers faits marquants au chapitre de nos échanges avec les pays de la sous-région : la toute récente visite du ministre tchadien de la Sécurité publique et de l’Immigration, Idriss Dokony Adker.

M. Dokony Adker était en visite à Alger ce dimanche 12 juin, où il s’est entretenu avec Lamtane Lamamra, notre ministre des Affaires étrangères, ainsi qu’avec le ministre de l’Intérieur, Kamel Beldjoud.

Selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères rendu public ce 12 juin et cité par l’APS, les entretiens ont porté sur «les derniers développements de la situation sécuritaire en Afrique, et plus particulièrement dans la région sahélo-saharienne», ainsi que «les défis imposés par la prolifération de la menace terroriste et de la criminalité transnationale dans cette région».

«Des solutions africaines aux problèmes de l’Afrique»

Les deux parties ont plaidé pour la recherche de «solutions africaines aux problèmes de l’Afrique», mettant en avant le «rôle déterminant qui incombe à l’organisation continentale en matière d’établissement de partenariats effectifs et mutuellement avantageux».

Pour ce qui est de la teneur des entretiens de l’émissaire tchadien avec notre ministre de l’Intérieur, Idriss Dokony Adker a déclaré à l’issue de son entrevue avec M. Beldjoud que sa visite s’inscrit dans le cadre de la coopération sécuritaire entre Alger et N’Djamena, en exprimant le souhait de son pays «de bénéficier de l’expérience algérienne en matière de sécurité».

Idriss Dokony Adker a fait savoir que «le Tchad traverse une période transitoire après le décès du chef de l’Etat» et qu’il «s’attelle à mettre en place un Conseil militaire de transition, dont les objectifs consistent à assurer la sécurité du pays, et c’est ce qui nous a amené à solliciter l’aide de l’Algérie, forte d’une expérience inégalée dans le domaine sécuritaire».

Cette période transitoire fait suite au décès, le 20 avril 2021, du président tchadien Idriss Déby, après 30 ans de règne.

Et c’est son fils, le général Mahamat Idriss Déby Itno, qui lui a succédé en prenant la tête du Conseil militaire de transition. M. Dokony Adker a précisé, par ailleurs, que le Conseil militaire de transition «travaille sur quatre axes, à savoir la mise en place d’un gouvernement civil, une charte, l’organisation d’un dialogue national inclusif et enfin la tenue d’élections libres et transparentes».

«Diplomatie médicale»

Toujours dans la sous-région, cette fois du côté du Niger, il faut mentionner cette action de «diplomatie médicale» à travers la visite effectuée le 10 juin par notre ministre de la Santé, Abderrahmane Benbouzid, à Niamey.

Au cours de cette visite, le Pr Benbouzid a été reçu par le président nigérien, Mohamed Bazoum, et a eu une séance de travail avec son homologue nigérien, Idi Illiassou Mainassara. 40 tonnes d’aides médicales offertes par l’Algérie ont été acheminées vers Niamey avec la délégation conduite par le Pr Benbouzid.

«La dernière visite du président du Niger, Mohamed Bazoum, en Algérie, a été l’occasion de relancer les relations entre les deux pays, et cette initiative vient aujourd’hui illustrer le renforcement de ces relations bilatérales», a déclaré Abderrahmane Benbouzid à son arrivée à Niamey, ajoutant que «l’échange d’expertises, de connaissances et d’expériences dans de nombreuses spécialités médicales entre les ministères de la Santé des deux pays permettra à l’avenir de hisser le niveau de la coopération et du partenariat dans ce domaine».

Pour rappel, le président nigérien, Mohamed Bazoum, avait effectué une visite en Algérie du 12 au 14 juillet 2021. M. Bazoum avait été reçu alors par le président Tebboune et les deux chefs d’Etat avaient insisté sur le «renforcement de la coopération dans tous les domaines entre les deux pays, notamment l’hydraulique, le pétrole et les échanges commerciaux».

Alors que les mesures anti-Covid avaient poussé à l’époque l’Algérie à fermer ses frontières, M. Tebboune a annoncé «l’ouverture de la frontière pour l’exportation des produits algériens vers le Niger et l’importation des produits nigériens».

Un leadership au service de la paix dans la sous-région

Dans le sillage de ces mêmes efforts diplomatiques, il convient de noter cette série de mémorandums signés il y a quelques jours avec la Mauritanie. Il s’agit de «mémorandums d’entente dans le domaine de l’énergie et des mines», qui ont été paraphés le 7 juin à Nouakchott entre le ministre de l’Energie, Mohamed Arkab, et son homologue mauritanien, Abdessalam Ould Mohamed Saleh.

«L’accord porte sur la coopération scientifique, technique, technologique, législative, administrative et commerciale dans le domaine des hydrocarbures, de l’énergie et des mines, le renforcement des investissements dans ces domaines dans les deux pays et l’étude des possibilités d’investissement, d’échange d’expériences et d’assistance technique dans le domaine de l’exploration des hydrocarbures», détaille l’APS.

Un mot enfin sur la situation au Mali et la visite à Alger, le 31 mai dernier, de l’envoyée spéciale de l’Union européenne pour le Sahel, Emanuela Claudia Del Re.

Mme Claudia Del Re s’est entretenue avec Ramtane Lamamra, et les deux parties ont «abordé la situation au Mali à la lumière des efforts en cours visant, d’une part, à redynamiser le processus de mise en œuvre de l’accord de paix et de réconciliation issu du processus d’Alger et, d’autre part, favoriser le consensus sur la période de transition en vue de la restauration d’un ordre constitutionnel démocratique dans ce pays», avait assuré le ministère des AE dans un communiqué.

Et de préciser : «L’envoyée spéciale de l’UE a tenu à saluer le rôle important de l’Algérie en sa double qualité de chef de la médiation internationale et de président du comité de suivi de l’accord, et son engagement sincère en faveur d’un Mali uni, stable, démocratique et prospère.» 

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