Le département de Ramtane Lamamra considère qu’il s’agit là d’«un désaccord politique avec un pays européen de nature bilatérale n’ayant aucune incidence sur les engagements de l’Algérie à l’égard de l’Union européenne et ne nécessitant, par voie de conséquence, nullement le déclenchement d’une quelconque consultation européenne aux fins de réaction collective».
Le ministère algérien des Affaires étrangères a déploré, dans un communiqué rendu public samedi 11 juin, les déclarations jugées «hâtives» et «infondées» faites au nom de l’Union européenne à la suite de la décision prise par l’Algérie de suspendre le traité d’amitié, de bon voisinage et de coopération la liant à l’Espagne.
Le département de Ramtane Lamamra considère qu’il s’agit là d’«un désaccord politique avec un pays européen de nature bilatérale n’ayant aucune incidence sur les engagements de l’Algérie à l’égard de l’Union européenne et ne nécessitant, par voie de conséquence, nullement le déclenchement d’une quelconque consultation européenne aux fins de réaction collective».
«Il convient dans ce contexte de rappeler, peut-on lire dans le communiqué en question, que la décision de suspendre le traité algéro-espagnol d’amitié, de bon voisinage et de coopération répond à des considérations légitimes, qui tiennent pour l’essentiel à ce que le partenaire se soit délié d’obligations et de valeurs essentielles inscrites dans ce traité, prenant ainsi la responsabilité de vider cet instrument juridique de sa substance et de mettre en cause sa pertinence dans les relations entre les deux parties audit traité.»
Le ministère des Affaires étrangères rappelle ainsi que le gouvernement algérien a pris soin de préciser publiquement la portée de la mesure conservatoire qu’il a été amené à prendre pour préserver des «intérêts suprêmes», «d’ordre moral et stratégique», du pays face à des actes «attentatoires» à l’objet et à la finalité du traité.
Considérant que les instances communautaires européennes ne disposent d’aucune base juridique pour établir leur compétence en matière de la «prétendue suspension des relations commerciales et d’investissement avec l’Espagne», le ministère des Affaires étrangères estime cette intrusion «malencontreuse», «douteuse» et «paradoxale».
Et de souligner : «Cette intrusion est d’autant plus douteuse et paradoxale qu’elle prend la consistance d’une vaine tentative de pression sur un pays du Sud, jaloux de son indépendance nationale, lorsqu’on la compare avec la posture circonspecte de la Commission européenne dans le cas récent d’un contentieux commercial majeur concernant un Etat-clé de l’Union, qui a été amené à rappeler ses ambassadeurs auprès de deux Etats développés non européens avec lesquels il était en conflit d’intérêts.»
Le ministère des Affaires étrangères a tenu à préciser que l’Algérie a toujours tenu ses engagements dans le cadre de son accord d’association avec l’Union européenne, s’attachant à promouvoir tous les volets pertinents de ce cadre dans la transparence, en dépit du caractère décrit comme «asymétrique» de la structure des échanges commerciaux entre les deux parties et des déséquilibres empêchant, selon les rédacteurs du communiqué, le développement d’un partenariat économique mutuellement avantageux.
Et de rectifier : «L’Algérie rejette également, comme fantaisistes et malveillantes, les insinuations et interrogations relatives à la question de l’approvisionnement de l’Espagne en gaz, alors que le président de la République lui-même a eu à affirmer solennellement la détermination de la partie algérienne à s’acquitter de ses obligations contractuelles y afférentes.»
Cette question, précise-t-on, qui concerne des entreprises des deux pays sur des bases strictement commerciales, ne se pose nullement dans le contexte des relations énergétiques avec les autres acquéreurs de gaz algérien dans l’espace euro-méditerranéen, qui s’acquittent de leurs obligations contractuelles avec la même bonne foi que l’Algérie.
Il est à rappeler, à ce propos, qu’Alger a décidé suspendre le traité d’amitié, de bon voisinage et de coopération, qui lie Alger et Madrid depuis 2002.
Dans une déclaration reprise par l’AFP, le chef de la diplomatie de l’UE, Josep Borrell, et le vice-président de la Commission en charge du Commerce, Valdis Dombrovskis, ont estimé que la décision d’Alger est «extrêmement préoccupante», s’inquiétant des retombées de l’instruction donnée aux établissements financiers «d’arrêter les transactions entre les deux pays» et qui serait, à leurs yeux, en violation de l’accord d’association UE-Algérie.