Sur fond de condamnation des ONG de défense des droits de l’homme : Budapest déroule le tapis rouge à un criminel de guerre

07/04/2025 mis à jour: 22:11
759
Photo : D. R.

En tant qu’un des membres fondateurs de la Cour pénale internationale (CPI), la Hongrie est tenue de respecter les décisions de cette juridiction, mais elle est revenue sur ses engagements internationaux, en décidant non seulement d’être le premier pays européen à recevoir sur son sol le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, visé par cette juridiction par un mandat d’arrêt international pour des «crimes de guerre et contre l’humanité» à Ghaza, mais aussi le premier à annoncer son retrait du Statut de Rome, se mettant ainsi en violation avec le droit international et européen.

Le Premier ministre hongrois, Viktor Orban, a déroulé le tapis rouge pour accueillir, jeudi soir, son invité, avec les «honneurs» militaires. Deux jours, avant la confirmation de ce voyage, des informations avaient fuité sur l’annonce par le ministre hongrois de la Justice, Bence Tuzson, lors d’une réunion des ambassadeurs, du retrait attendu de son pays de la CPI.

La Hongrie, faut-il le rappeler avait publiquement qualifié le mandat d’arrêt de la CPI d’«éhonté, cynique et totalement inacceptable» dès son annonce le 21 novembre 2024, et son Premier ministre, Viktor Orban, a invité juste après son homologue israélien pour une visite officielle, à travers une lettre dans laquelle il a écrit : «J’ai été choqué d’apprendre la récente décision honteuse, que Budapest condamne fermement (…).

Cette décision honteuse n’a aucune incidence sur l’alliance et l’amitié hongro-israéliennes.» Orban a affirmé qu’«en guise d’expression de notre plus profond soutien, je voudrais saisir cette occasion pour vous inviter en Hongrie pour une visite officielle, où nous garantirons la sécurité et votre liberté».

Des médias hongrois avaient déjà affirmé que Budapest envisageait de tourner le dos à la CPI, où siégeait un juge hongrois jusqu’à la fin 2024, et expliqué que l’accélération de cette procédure «a été encouragée» par les sanctions de l’administration Trump contre la Cour. Le gouvernement a, selon des médias hongrois, demandé au Parlement de préparer un projet de résolution pour un vote visant à entamer le retrait de la CPI, qui une fois approuvé par la majorité des députés, entrera en vigueur au moins une année après sa validation.

Lors d’une conférence de presse conjointe, Netanyahu a qualifié l’amitié avec la Hongrie de «sans précédant», et accusé la CPI d’avoir «attaqué» son pays et «ignoré ses ennemis», mais aussi d’être «corrompue». Son homologue hongrois, après avoir annoncé «la signature» d’un document portant sur le retrait de son pays de la CPI, parce que, a-t-il expliqué, la Cour est «devenue politisée», en se targuant qu’en Hongrie, «les drapeaux du Hamas n’ont jamais été hissés».

Dans une déclaration publiée jeudi en fin de journée, la présidence de l’Assemblée des Etats parties au Statut de Rome, l’organe de gestion, de contrôle et de délibération de la CPI, a exprimé sa «préoccupation» face à la décision de Budapest, et son «regret» devant «la tournure des événements». Pour elle, lorsqu’un Etat partie se retire du Statut de Rome, «cela obscurcit notre quête commune de justice et affaiblit notre détermination à lutter contre l’impunité».

La Présidence a souligné que la Cour «est au cœur de l’engagement mondial en faveur de la responsabilisation», et pour préserver sa force, a-t-elle ajouté, «il est impératif que la communauté internationale la soutienne sans réserve», parce que «la justice exige notre unité».

De ce fait, la Présidence a exhorté la Hongrie «à rester résolument partie au Statut de Rome», avant de noter que «chaque Etat partie a le droit d’exprimer ses préoccupations devant l’Assemblée, et la Présidence encourage vivement la Hongrie à mener un débat constructif sur cette question». Elle a averti qu’un Etat partie ne sera pas libéré, du fait de son retrait, des obligations découlant du Statut de Rome alors qu’il était partie au Statut. 

Copyright 2025 . All Rights Reserved.