Sobre mais merveilleux hommage que celui auquel le chanteur Akli Aït Boumehdi a eu droit, dernièrement, à l’occasion de la célébration de son 69e anniversaire et de ses presque cinquante ans de carrière.
Pour la troisième fois, l’association culturelle Tanekra du village Agouni Fourrou, dans la région des Ouacifs, au sud de la wilaya de Tizi ouzou, rend un hommage à un chanteur de la vieille garde et de son vivant. Après Aldjia, en juillet dernier, et Athmani fin août écoulé, ce fut le tour, cette fois-ci, d’Akli Aït Boumehdi d’être honoré.
Et pour cet hommage, l’association organisatrice s’est associée avec la bibliothèque communale d’Aït Toudert, qui a abrité l’événement ainsi que l’ami des artistes Mouloud Amirouche, amateur de ce genre de manifestations artistiques. L’espace d’une après-midi bien pleine, une trentaine d’artistes ont répondu à l’appel des organisateurs et certains des présents sont venus de leur propre chef rien que pour célébrer l’artiste Aït Boumehdi qui a eu tout également le plaisir de mesurer sa popularité avec la présence de nombre de ses fans.
Un événement qui a permis bien de retrouvailles après des séparations remontant à loin, très loin même. Comme celle ayant vu Aït Boumehdi retrouver après 50 ans, Salah Ouamar, dont la première et dernière rencontre remonte à 1976 quand le duo faisait des répétitions à la Chaîne II de la Radio nationale.
Ce qui intervenait, d’ailleurs, après les premiers pas d’Aït Boumehdi dans le monde de l’art, lui qui s’est fait accompagner quelques semaines auparavant, à la même radio, pour l’une des émissions radiophoniques cultes de l’époque «Chanteurs de demain» animée alors par le défunt Mohammed Benhanafi, Mehenni Amroune et Mohammed Medjahed, par l’illustre chanteur Athmani qui était d’ailleurs, présent à cette rencontre. Il y avait également bien d’autres ténors de la chanson kabyle, dont Slimani, Dahmani Belaïd, Saïd Hamel, Saïd Hamidi, Moh Smaïl, Taleb Tahar, Ould Maâmar Mustapha, Mohamed Chemoune Boussad Yahiaoui ou encore Bahcene, le bras droit du défunt Lounes Matoub,l'Hocine Ouahioune, Kamal Ahelouane, Salah Aït Ziane, Belkacem Tabet et d’autres. Parmi l’assistance, on pouvait noter la présence des chanteurs des générations intermédiaires comme Ali Bougherfa, Hamou Ouahioune, Malika Maghrici et Slimane Kaloun, mais aussi les nouveaux loups comme Belkacem Chergui, Louiza Aït Chaalal et Dahbia Mecefah ou encore Mohand-Akli Ouarab, cet enfant d’à peine 15 ans du village d’Aït Saâda, dans la commune de Yattafene, un amateur de Athmani dont il interprété à l’occasion un des tubes phares comme il aime le faire à pareils événements.
Et chacun des artistes présents à tenu à interpréter un à deux de ses chansons avec, le clou de ces retrouvailles, le tour de Aït Boumehdi qui a repris une de ses chansons avant de se faire honorer et par l’association organisatrice et par bien de ses fans et amis qui l’ont «assailli» par divers cadeaux, mais également de poèmes déclamés à sa gloire. Un moment plein d’émotions pour le fils du village d’Aït Boumehdi dont il a volontairement hérité du toponyme pour en faire son nom d’artiste, lui dont le véritable patronyme est Amar Khoudja.
Un nom d’artiste que le concerné justifie par le fait qu’à cette époque avait émergé un autre chanteur du même nom. Et pour «éviter tout amalgame», il dit avoir opté pour le nom de son village dans un «choix du cœur». Après donc, cette émission à la Radio nationale, notre chanteur a eu à animer deux ans durant, des galas dans son village et la région des Ouacifs, mais également à travers nombre de localités de la Kabylie en compagnie de Benhanafi et certains noms qui commençaient à se faire connaître comme Ouazib Mohand-Ameziane, Dhrifa, Malha et Malika Domrane.
C’était le temps de ses congés qu’il ne ratait jamais de passer dans son patelin natal car il avait entamé sa carrière professionnelle au dernier jour de l’année 1974 à tout juste 19 ans après avoir suivi une formation à Alger où il était resté, alors que la famille était retournée au bled en 1968. Et cet engagement professionnel qui plus est au lointain Sud du pays a lourdement pesé dans sa carrière artistique puisque, dit-il, il a dû attendre une dizaine d’années plus tard, soit en 1986, pour éditer son tout premier album suivi trois années après de son deuxième album. Et depuis, Aït Boumehdi devra encore attendre encore beaucoup plus longtemps pour revenir dans le monde de l’édition pour faire sortir un CD en 2013 et récidiver cinq ans plus tard avec un quatrième et dernier CD. C’était en 2018 avec, depuis la production de quatre clips dont un sous forme d’un hommage à son complice de toujours, l’illustre Athmani avec qui il passe le gros de son temps quand ce dernier est en séjour au bled, lui qui réside en famille depuis des années en France.
Une complicité d’avec Athmani qui n’a pas été sans influencer notre chanteur aussi bien dans la thématique que dans le style alors que les deux partagent incroyablement le même timbre de voix. Et quid du sobriquet d’El Anka qui lui a été attribué ? Aït Boumehdi avoue avoir été durant sa tendre jeunesse algéroise et il l’est encore, un féru du chaâbi dont le défunt El Anka était l’icône incontestée et incontestable dont il a ainsi hérité du lourd nom d’artiste. Avouant l’avoir «profondément ému», Akli Aït Boumehdi tient à remercier du «plus profond de mon cœur les instigateurs de cet hommage auquel étaient également présidents les maires des communes d’Aït Toudert et des Ath Yenni, qui sera gravé au plus profond de moi-même».
Il tiendra plus particulièrement à saluer l’association culturelle Tanekra pour, dit-il, «le travail de fond qu’elle mène en matière de promotion de notre culture et de notre langue et de la valorisation de notre histoire». M. K.