Sommet arabe extraordinaire en soutien à la Palestine : Le plan égyptien pour Ghaza officiellement adopté

06/03/2025 mis à jour: 14:40
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C’est un copieux document de pas moins de 22 clauses qui a sanctionné le Sommet arabe extraordinaire, accueilli avant-hier par l’Egypte, et dont l’objectif stratégique était d’adopter une position arabe commune sur l’avenir de la bande de Ghaza à même de contrer le plan de Donald Trump. 

Dans la déclaration finale, les dirigeants arabes ont tenu d’emblée à affirmer leur détermination à «parvenir à une paix juste et globale» qui garantisse «les droits du peuple palestinien, en particulier son droit à un Etat indépendant et souverain sur la base de la solution des deux Etats». 

La déclaration cite également «le droit au retour des réfugiés palestiniens», à commencer par ceux qui ont vécu dans leur chair la Nakba de 1948 ainsi que leurs descendants qui continuent à subir les affres de cet arrachement. Pour Abdel Fattah Al Sissi et ses hôtes, la solution à deux Etats est la seule qui puisse «garantir la sécurité de tous les peuples et Etats de la région, y compris Israël, sur la base de l’Initiative de paix arabe de 2002». 

Et d’appeler à «intensifier la coopération avec les puissances internationales et régionales, y compris les Etats-Unis», en vue de relancer le processus de paix. Dans leur déclaration commune, les représentants des Etats arabes se disent prêts à «s’engager immédiatement avec l’administration américaine et tous les partenaires au sein de la communauté internationale pour reprendre les négociations de paix» entre Palestiniens et Israéliens. 


Rejet de «toute forme de déplacement» des Palestiniens

Autre point important à retenir de ce texte : le «rejet catégorique de toute forme de déplacement du peuple palestinien de sa terre ou à l’intérieur de celle-ci, sous quelque nom, circonstance, justification ou prétention que ce soit». Tout acte de déportation de citoyens palestiniens constitue une «grave violation du droit international, un crime contre l’humanité et (relève du) nettoyage ethnique», prévient la déclaration finale. 

Les chefs d’Etat arabes ont averti dans la foulée des graves répercussions de ces manipulations géographiques : «Toute tentative de déplacement du peuple palestinien ou d’annexion d’une partie quelconque du territoire palestinien occupé plongera la région dans une nouvelle période de tensions, compromettra les chances de stabilité et étendra le conflit à d’autres pays, ce qui constitue une sérieuse menace pour la paix au Moyen-Orient, sapera ses perspectives d’avenir et anéantira l’aspiration à la coexistence pacifique entre les peuples de la région», ont-ils alerté. 

L’avertissement vise clairement Donald Trump et son plan de transfert forcé du peuple palestinien de Ghaza, vers l’Egypte et la Jordanie notamment, avec, à la clé, des risques considérables de déséquilibres démographiques qui ne feront, en effet, qu’exacerber les tensions. 

Sans compter le fait qu’une telle amputation enterrera définitivement le projet d’un Etat palestinien intégrant totalement la bande de Ghaza. Par ailleurs, le document «condamne les politiques de famine et de terre brûlée visant à forcer le peuple palestinien à quitter sa terre». 

Il attire également l’attention sur «l’obligation pour Israël, la puissance occupante, de respecter les résolutions pertinentes de la légalité internationale qui rejettent toute tentative de modification de la composition démographique dans le territoire palestinien». 

Au passage, les souverains arabes ont condamné aussi «la récente décision du gouvernement israélien d’interdire l’entrée de l’aide humanitaire dans la bande de Ghaza». 

«Soutien financier et politique»au plan arabe

Au sixième point de la déclaration finale, il est question du contre-plan égyptien pour Ghaza présenté comme une alternative à celui de Trump. A ce propos, les dirigeants réunis au Caire ont déclaré solennellement avoir «adopté le plan présenté par la République arabe d’Egypte sur le redressement rapide et la reconstruction de Ghaza en tant que plan arabe global». 

Le texte a tenu à préciser que l’élaboration de ce plan s’est faite «en pleine coordination avec l’Etat de Palestine et les Etats arabes et sur la base d’études menées par la Banque mondiale et Programme des Nations unies pour le développement (PNUD)». 

Les membres du Conseil de la Ligue arabe se sont dit prêts à «fournir tous types de soutien, sur les plans à la fois financier, matériel et politique, pour la mise en œuvre» de ce projet de reconstruction. 

Il ont également «exhorté les institutions de financement internationales et régionales à apporter rapidement le soutien nécessaire au plan». Ils ont salué en outre et entériné l’idée de l’organisation d’une «conférence internationale au Caire dès que possible pour le redressement et la reconstruction de la bande de Ghaza, en coopération avec l’Etat de Palestine et les Nations unies». Le texte a mentionné aussi une proposition portant sur «la création d’un fonds fiduciaire pour recevoir des promesses financières de tous les pays donateurs et des institutions de financement» afin de concrétiser ce plan. 


Des élections «le plus vite possible»

S’agissant de l’avenir politique et institutionnel de la bande de Ghaza, le sommet du Caire privilégie un retour de l’Autorité palestinienne dans le territoire gouverné par le Hamas depuis 2007. Les responsables politiques du monde arabe se sont ainsi « félicités de la décision palestinienne de former un Comité d’administration de Ghaza sous l’égide du gouvernement palestinien, composé de personnes compétentes de la bande de Ghaza, pour une période transitoire tout en œuvrant pour permettre à l’Autorité nationale de revenir à Ghaza afin d’incarner l’unité politique et géographique des territoires palestiniens occupés en 1967». 

A noter par ailleurs que l’Egypte et la Jordanie vont se charger de «former des cadres de la police palestinienne afin de garantir leur capacité à remplir pleinement leurs fonctions dans le maintien de la sécurité dans la bande de Ghaza». 

D’un autre côté, les dirigeants réunis sous l’égide de la Ligue arabe ont invité l’Autorité palestinienne à «organiser des élections législatives et présidentielles dès que possible», indique le communiqué final. 

Et d’insister sur «l’importance de l’unification des rangs palestiniens (…) sous l’égide de l’OLP, représentant unique et légitime du peuple palestinien».
 

Rebondissant sur l’actualité immédiate et la trêve fragile entre Hamas et Israël, le Sommet d’urgence du Caire considère qu’il est «hautement prioritaire d’achever la mise en œuvre de l’accord de cessez-le-feu dans ses deuxième et troisième phases». 

«Il est important que chaque partie s’engage à respecter ses obligations, en particulier la partie israélienne, d’une manière qui conduise à une cessation permanente de l’agression contre Ghaza et au retrait complet d’Israël de l’enclave, y compris de l’axe de Philadelphie, et garantisse l’acheminement sûr, adéquat et rapide de l’aide humanitaire, des abris et de l’aide médicale sans entrave, ainsi que la distribution de cette aide dans tout Ghaza»,  exigent les dirigeants arabes. Mustapha Benfodil
 

 

Les États-Unis et Israël rejettent le plan arabe

A peine adopté lors de la session extraordinaire du Conseil de la Ligue arabe qui s’est tenue ce mardi en Egypte, le plan arabe pour Ghaza a d’emblée essuyé un rejet de la part de l’administration Trump et du gouvernement israélien. «La proposition actuelle ne tient pas compte du fait que Ghaza est inhabitable et que, humainement, les gens ne peuvent pas vivre dans un territoire couvert de débris et de munitions non explosées», a déclaré Brian Hughes, porte-parole du Conseil de sécurité nationale, dans un communiqué publié mardi soir, peu après l’annonce du plan alternatif à la proposition de Donald Trump. «Le président Trump reste fidèle à sa vision de reconstruire une bande de Ghaza libérée du Hamas. Nous attendons avec impatience de nouvelles discussions pour apporter la paix et la prospérité dans la région» a ajouté M. Hugues.
De son côté, Israël a «rapidement rejeté la déclaration de la Ligue arabe approuvant le plan égyptien», rapporte la BBC. Le ministère israélien des Affaires étrangères, cité par le média anglais, a estimé que le plan adopté lors du Sommet arabe extraordinaire du Caire «ne tient pas compte des réalités de la situation après le 7 octobre 2023 et reste ancré dans des perspectives dépassées». M.B.
 

 

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