Situation politico-économique de l'Algérie et crise en Ukraine : Le réquisitoire du président du RCD

26/03/2022 mis à jour: 00:06
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Le président du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), Mohcine Belabbas, dresse un tableau des plus sombres de la situation sociale, économique et politique du pays. Intervenant à l’ouverture, hier à Alger, des travaux de la dernière session du conseil national du parti, avant le prochain congrès programmé pour le début du mois de juin prochain, il pointe d’emblée «l’entêtement du pouvoir, à travers ses farces électorales, à reproduire un système en faillite».

«Cela a aggravé la crise et retardé, encore une fois, l’avènement de l’Etat de droit démocratique. L’entêtement du pouvoir réel à reproduire les mêmes artifices usités depuis 1962 n’a d’égal que la boulimie des dirigeants qui le composent à dilapider les deniers publics, spolier les richesses de l’Etat et perdurer au pouvoir au détriment de l’intérêt de la nation. Dépourvus de légitimité, ils s’accrochent à un système qu’ils savent pourtant en faillite», lance-t-il, énumérant les différents «errements économiques des tenants du pouvoir en place».

«Le sort réservé à la loi de finances 2022, moins de deux mois après sa promulgation, est emblématique de cette situation. Pis encore, le gouvernement n’a à ce jour pas encore présenté de loi de règlement budgétaire pour les années 2020 et 2021. Celle de 2019 n’a été présentée que cette semaine», dénonce-t-il, rappelant les conséquences de la violation de la loi qui a mené à l’assèchement des caisses de l’Etat par des hommes du pouvoir, dont certains croupissent aujourd’hui en prison. Mohcine Belabbas précise, dans ce sens, que la «lutte contre la corruption commence aussi et surtout par la présentation des bilans de clôture budgétaire par le gouvernement».

Le président du RCD critique également sévèrement les décisions du pouvoir qui «ont installé la précarité dans le pays», «maintenu la dépendance aux hydrocarbures» et aggravé «la chute du dinar». «(…) Le pouvoir s’entête à perpétuer l’économie de la rente qui est corollaire de gabegie et de corruption et intensifie la répression tous azimuts», condamne-t-il.

Et d’ajouter : «Le seul domaine où le pouvoir continue d’exceller est celui de la répression et de l’instrumentalisation de la justice dans des règlements de conflits politiques. Si par le passé les citoyens pouvaient au moins exprimer leur colère, aujourd’hui, c’est la prison pour toute voix discordante.

Pour le pouvoir, ceux qui s’expriment librement font dans l’exagération, les militants politiques sont des factieux, les journalistes des indicateurs, les acteurs de la société civile des suppôts de l’étranger, les responsables politiques de l’opposition des agitateurs et des séditieux.»

Au plan international, Mohcine Belabbas estime que l’Algérie subit déjà les conséquences de la guerre en Ukraine, alors que «la diplomatie du pays n’a rien pu faire». «Le revirement de l’Espagne sur le dossier du Sahara occidental, un dossier très sensible pour l’Algérie, est significatif d’une autre déroute diplomatique», indique-t-il.

Selon lui, «la complexité de la crise et la détérioration de la gestion générale nous interpellent tous». «Cette crise renforce, dans leur conviction, les partisans du changement quant à la pertinence et la viabilité d’une transition constituante pour redonner aux institutions du sens, de la légitimité et du pouvoir», affirme Mohcine Belabbas.

Les assises fixées pour les 3 et 4 juin prochain

Le sixième congrès ordinaire du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) se tiendra les 3 et 4 juin prochain. Cette date a été annoncée par le président sortant du parti, Mohcine Belabbas, à l’ouverture, hier à Alger, des travaux de la dernière session du conseil national du parti avant les prochaines assises.

Dans un point de presse animé en marge de cette réunion, il revient sur sa décision de quitter la présidence du parti, après deux mandats. «Il s’agit pour moi de ne pas refaire ce qui se faisait auparavant, c’est-à-dire s’éterniser dans une responsabilité organique dans un parti politique de la mouvance démocratique. Les Algériens ont suivi ce qui s’est passé dans le pays. Abdelaziz Bouteflika s’est maintenu au pouvoir pendant 20 ans et il nous a menés à la dérive. S’il s’était contenté de deux mandats, on n’en serait pas là aujourd’hui. Nous étions contre cette manière de faire à l’époque.

Je suis militant dans ce parti depuis mon jeune âge et je crois à cette nécessité de renouveler les organes de direction et mettre à jour ses textes», déclare-t-il. Mohcine Belabbas reste, toutefois, optimiste pour l’avenir de sa formation. «L’avenir du RCD, de mon point de vue, ne sera pas différent de ce qu’on a connu, au minimum, durant les cinq dernières années. Le RCD a pris de l’ampleur en termes d’implantation et d’aura. Il est très estimé un peu partout.

Les Algériens ont salué ses positions et ses offres politiques (…). C’est un parti qui a réellement connu un renouvellement où des jeunes ont accédé à des postes de responsabilité. Il y a une expérience d’un certain nombre de cadres qui n’ont pas déserté le combat», explique-t-il. Selon lui, le «RCD va jouer un rôle important à l’avenir», même s’il affirme que les «règles du jeu démocratique n’existent pas» et que «les fraudes électorales sont toujours présentes». Pour la succession à la tête du parti, Mohcine Belabbas refuse d’avancer un nom, mais il assure qu’il votera pour un des candidats.

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