Situation des droits de l’homme en Algérie : L’APN et le Sénat répondent au Parlement européen

13/05/2023 mis à jour: 12:00
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Une vue du siège du Parlement européen - Photo : D. R.

Le Conseil de la nation affirme que la résolution du Parlement européen «constitue une immixtion éhontée dans les affaires internes d’un Etat souverain». La Chambre haute du Parlement rappelle que l’Algérie est un pays qui «n’accepte point de diktat ou de protectorat».

L’Assemblée populaire nationale (APN) et le Conseil de la nation (Sénat) ont vivement réagi jeudi à la résolution adoptée par le Parlement européen (PE) sur «la liberté des médias et la liberté d’expression en Algérie : le cas du journaliste Ihsane El Kadi». La résolution demande aux autorités algériennes de «libérer toutes les personnes détenues arbitrairement et inculpées pour avoir exercé leur droit à la liberté d’expression, y compris Ihsane El Kadi», lit-on dans un communiqué du PE. Ihsane El Kadi a été condamné en avril à une peine de cinq ans de prison par le tribunal d’Alger en vertu des articles 95 et 95-bis du code pénal relatifs à la réception de fonds de l’étranger.

La justice a également prononcé la dissolution d’Interface Médias, société éditrice de Radio M et Maghreb Emergent, appartenant au journaliste Ihsane El Kadi. Le Parlement européen a, en outre, appelé les autorités algériennes à «modifier les accusations liées à la sécurité dans le code pénal utilisées pour criminaliser le droit à la liberté d'expression». Il estime que «depuis 2019, la situation de la liberté de la presse s’est considérablement dégradée en Algérie». La résolution, accessible sur le site du PE, a par ailleurs appelé les autorités algériennes à modifier les dispositions du code pénal algérien, notamment les articles 95 bis et 196 bis, tout en rappelant «comme convenu conjointement dans les priorités du partenariat UE-Algérie, qu’une presse pluraliste est essentielle pour consolider l’Etat de droit».

Dérapage dangereux

Le Conseil de la nation a, le jour même, exprimé son rejet «catégorique» du contenu du communiqué du Parlement européen. Il a, dans une déclaration reprise par l’APS, fustigé les «flagrantes contrevérités véhiculées sous le couvert des principes du droit international, ce qui constitue une immixtion éhontée dans les affaires internes d’un Etat souverain». «Le bureau du Conseil de la nation, sous la présidence de Salah Goudjil, président du Conseil, exprime son rejet catégorique et fustige une bévue récurrente du Parlement européen qui vient de rendre public, sans scrupules, sous couvert du droit international et des principes moraux, un communiqué tronqué de contrevérités éhontées», souligne le communiqué du Conseil.

Et d’ajouter : «(…) ce dérapage dangereux représente une immixtion récurrente dans les affaires internes d'un Etat souverain. Il s’agit, en fait, d’un déchaînement de parties malveillantes qui ont, toujours, instrumentalisé cette institution, la dénuant de toute crédibilité auprès des âmes éprises de liberté de par le monde.» Pour le Conseil de la nation, le Parlement européen doit faire montre de plus de «crédibilité et d’engagement et avec autant d’enthousiasme affichés à l’égard d’autres régions, pour dénoncer les exactions que subit le peuple palestinien sans défense et la profanation de ses lieux sacrés et de son patrimoine».

Le Sénat a aussi souligné que l’Algérie est un pays qui «n’accepte point de diktat ou de protectorat». «La Justice qui y règne est sous-tendue par le principe de séparation des pouvoirs, une justice indépendante qui rend ses verdicts au nom du peuple algérien et ne se soumet pas aux désirs ni aux humeurs ou encore moins aux injonctions comme le prétend vainement le Parlement européen, qui veut ternir son image en lui imputant des accusations sans fondement», poursuit-il.

La réaction de l’Assemblée populaire nationale (APN) à la résolution du PE a été tout aussi vigoureuse. L’APN a condamné, dans les termes les plus forts, la résolution «au contenu infondé et erroné», affirmant qu’il s'agit d’«une immixtion éhontée dans les affaires internes du pays», rapporte l’APS. «Nous avons pris connaissance, avec une profonde indignation, de la résolution du Parlement européen sur la liberté d'expression et de la presse en Algérie», indique l’APN, soulignant que ce document reprenait des éléments «totalement infondés». «Souveraine dans ses décisions et ses positions, l’Algérie croit au principe d’égal à égal dans ses relations avec les pays du monde, y compris l’Union européenne, et ne tolère d'aucune manière la politique des deux poids deux mesures, qui sert des agendas connus de tous», a souligné l’APN.

Elle a exprimé, dans son communiqué, «son extrême étonnement» de l’attitude du Parlement européen, qui a «ignoré le canal direct de communication entre les deux instances, à savoir la Commission parlementaire mixte "Algérie-UE" qui vient d’avoir un nouveau président, élu par la partie européenne suite à la démission de l'ancien pour son implication dans des affaires de corruption».

Exprimant «avec regret les pratiques persistantes et excessives du Parlement européen, contrôlé par des cercles connus qui tentent de couvrir et de déformer les faits», l’APN a affirmé rejeter la politique de cette institution parlementaire européenne qui «détourne les regards sur les causes justes et le droit des peuples à la liberté et au recouvrement de leurs territoires usurpés». Rappelant que la dernière résolution dite d’urgence adoptée par le Parlement européen remonte à novembre 2020.

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