Services des pharmaciens d’officine : Ça grince entre le ministère du Commerce et le Snapo

13/01/2024 mis à jour: 06:43
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Les pharmaciens contestent la décision du ministère du Commerce de restreindre la liste de leurs services - Photo : D. R.

Concernant l’interdiction des pharmaciens de fournir certains services liés à la santé, comme les analyses et examens médicaux, le directeur général de la régulation et de l’organisation des activités au ministère du Commerce, Samy Kolli, a précisé que cela est «fondé légalement». Ce que les pharmaciens contestent.

Les pharmaciens sont interdits de fournir certains services liés à la santé comme les analyses et examens médicaux. C’est ce qui ressort des derniers amendements, décidés par la commission de la Nomenclature des activités économiques (NAE), relevant du ministère du Commerce et de la promotion des exportations.

Interrogé dans ce contexte par l’APS, M. Kolli, le directeur général de la régulation et de l’organisation des activités au ministère du Commerce, a précisé que cela est «fondé légalement», conformément à «une correspondance du ministère de la Santé en 2015, fixant la liste des activités non éligibles à l’inscription au registre du commerce, dont celle des laboratoires d’analyses médicales, ce qui empêche le commerçant inscrit au RC, comme le pharmacien, de pratiquer cette activité».

Concerné directement, le Syndicat national des pharmaciens d’officine (Snapo), dont l’activité est réglementée, a réagi immédiatement. A travers un communiqué rendu public, au terme d’une réunion extraordinaire de son bureau, tenue mercredi soir à Alger, il a rejeté fermement cette proposition.

«Les modifications surprises, décidées par la commission de la Nomenclature des activités économiques (NAE) qui ont concerné l’activité pharmaceutique dans son registre du commerce sont non conformes ni aux lois de la République ni à la réglementation régissant l’activité réglementée de la pharmacie d’officine», tranche d’emblée le bureau national du Snapo dans son document, dont El Watan est destinataire.

Déclenché au lendemain de la publication d’un communiqué, signé conjointement par le Syndicat algérien des laboratoires d’analyses médicales (Salam) et l’Association des laboratoires (Alam), ce conflit risque de perturber la communauté médicale en général.

Dans ce document, adressé aux propriétaires des laboratoires, il y est annoncé : «Lors de sa réunion du 29 octobre 2023 au niveau du ministère du Commerce et de la Promotion des exportations, la commission de la Nomenclature des activités économiques (NAE) a ajusté la description de l’activité portant n°602101 (Pharmacie).

Cette révision a été effectuée afin de mettre en conformité la description de l’activité en question avec les dispositions de la loi n°18-11 du 2 juillet 2018 relative à la santé, en supprimant toute référence à la possibilité pour les officines d’effectuer des actes d’analyses médicales.»

Et de conclure : «Les compétences et attributions des laboratoires de biologie médicale et des pharmacies d’officine sont rigoureusement définies par les dispositions légales, notamment celles énoncées aux articles 249 et 251. Ce dernier article a été particulièrement explicite en indiquant de manière formelle que seuls les laboratoires de biologie médicale sont autorisés à réaliser des analyses médicales.»

Ni test de glycémie ni de grossesse…

Dans le détail, explique de son côté le Snapo, cela se traduit par la réduction des activités commerciales des officines. Ce qui implique l’interdiction aux pharmaciens la commercialisation, entre autres, des bandelettes de test de glycémie, celles de la chimie des urines, les tests de grossesse, les sondes urinaires…

«Cette mesure est contraire aux dispositions de la loi de santé 18-11» assène-t-il. Contacté par nos soins, le Dr Khelifa Slama, vice-président du Snapo, confirme. «Comment peut-on prendre des décisions liées directement à notre activité pharmaceutique réglementée sans concertation avec leurs représentant ?», s’interroge-t-il.

Et d’ajouter : «Si les pharmaciens d’officine ne commercialiseront pas le vaccin antigrippal, ni les seringues, ni les tests de glycémie ou de grossesse … qui va les vendre alors aux malades, sachant que les laboratoires ne sont pas habilités à les commercialiser ?»

Sur le plan économique, le Snapo estime que «cette mesure est également contre-productive pour l’industrie pharmaceutique, sachant que l’Algérie compte plus de quatre millions de diabétiques. Ayant un apport positif notamment en matière de santé publique, les pharmacies d’officine ont été associées en 2022 par le ministère de la Santé dans la lutte contre la pandémie de Covid-19.

Par cette décision, le prix du test antigénique a été réduit de 3000 à 800 DA», rappelle le Snapo qui, tout en laissant la porte ouverte au dialogue pour rétablir la situation, menace de recourir, le cas échéant, aux moyens légaux dont la grève pour défendre les intérêts de la profession. A suivre…      
 

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