Le potentiel naturel algérien est menacé par les changements climatiques. L’analyse de l’évolution climatique en Algérie montre clairement que les effets de ce bouleversement climatique deviennent de plus en plus visibles.
Les cartes montrées par Omar Bessouad, professeur d’économie agricole à l’Institut agronomique Méditerranéen de Montpellier, dans son étude présentée cette semaine à Alger, à l’occasion de la rencontre sur la sécurité alimentaire, reflète la triste réalité et l’avancée de l’aridité vers le nord et les terres steppiques.
Aujourd’hui, l’Algérie atteint, sans aucune surprise, même les «prévisions» du rapport diagnostic du Plan National Climat de 2018, qui notait que le climat de notre pays se modifie fortement, du nord au sud… Il passe d’une tonalité méditerranéenne humide à un milieu désertique et sec en transitant par un climat semi-aride.
Selon Omar Bessouad, les deux dernières décennies (2000-2020) sont marquées par la multiplication d’accidents climatiques extrêmes, comme les inondations, les sécheresses, les vagues de froid et de fortes chaleurs.
Toutes les recherches confirment que l’Algérie, explique encore le chercheur, connaîtra «un accroissement sévère de l’aridité qui la rendra davantage vulnérable au stress hydrique et à la désertification ».
L’étude du professeur Bessouad portait aussi sur les évolutions du régime des précipitations entre 1913-1963 et 1965-2004. Par chiffre et graphes, l’étude montre comment l’aridité avance sur les villes du Nord, notamment sur la ville de Saida.
Notre pays, sera de plus en plus confrontée à la recrudescence d’accidents climatiques extrêmes, tempêtes, inondations, vagues de chaleur, qui accentuent sa vulnérabilité. Et plus de 99 % des zones boisées d’Algérie sont confrontées à un risque d’incendie moyen ou élevé.
Les grands incendies déclenchés par ces événements climatiques extrêmes ont battu des records de superficie incendiée dans certaines régions, en Kabylie et aux forêts de l’Est, en l’occurrence, ces dernières années.
Selon l’étude présentée, «le réchauffement climatique se traduira encore plus à l’avenir par une modification du cycle végétatif des plantes et un raccourcissement des saisons agricoles, un déplacement des étages bioclimatiques ainsi que des risques parasitaires et sanitaires accrus».
Des perspectives qui laissent les experts inquiets, surtout que cette situation fragilisera directement la sécurité alimentaire.
On s’attend, à cet effet, une diminution (en valeur) des productions de 21 % d’ici 2080 pour l’ensemble de la production agricole méditerranéenne, avec un pic de diminution à environ 40 % au Maroc et en Algérie, selon le RED 2020.
Statistiquement, nous comptons plus de 570 000 ha de terres en zone steppique qui sont totalement désertifiés sans possibilité de remontée biologique et près de 6 millions d’ha sérieusement très menacés par les effets de l’érosion éolienne.