Selon la diplomatie russe : Les Etats-Unis veulent militariser l’espace

22/05/2024 mis à jour: 00:57
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Les Etats-Unis accusent la Russie d’avoir placé en orbite un satellite capable d’attaquer d’autres satellites

La Russie a accusé hier les Etats-Unis de vouloir déployer des armes dans l’espace après l’échec d’un projet de résolution russe à l’ONU, rapporte l’AFP.

Les tensions entre Moscou et Washington à ce sujet, sur fond de conflit en Ukraine, ressuscitent le risque, datant de la guerre froide, d’une militarisation de l’espace malgré l’existence depuis 1967 d’un traité appelant à «ne pas développer d’armes nucléaires, ou toute autre arme de destruction massive, conçues spécifiquement pour être placées en orbite».

Avec le rejet du texte russe à l’ONU lundi par Washington et ses alliés, les Etats-Unis ont démontré qu’ils visent à «placer des armes dans l’espace extra-atmosphérique et à en faire une arène d’affrontement militaire», a fustigé hier la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova. «Une nouvelle occasion d’empêcher une course aux armements dans l’espace a été manquée par la faute des Etats-Unis et de leurs alliés», a poursuivi Mme Zakharova, défendant le projet de résolution russe comme étant une «initiative constructive». 

Fin avril, les Etats-Unis et le Japon ont présenté devant le Conseil de sécurité leur propre projet de résolution pour prévenir une militarisation de l’espace, mais la Russie a mis son veto, arguant que le texte se concentre uniquement sur les armes nucléaires.

Le projet de résolution présenté par la Russie et la Chine lundi, qui reprend en partie le texte bloqué en avril, appelle tous les Etats membres à prendre «des mesures urgentes pour empêcher, à jamais, le placement d’armes dans l’espace et la menace ou l’utilisation de la force dans l’espace». 

L’ambassadeur américain adjoint Robert Wood a qualifié l’initiative russe d’«hypocrite», estimant que Moscou cherche à «détourner l’attention de ses efforts dangereux visant à placer une arme nucléaire en orbite». Il a appelé à être «sceptique» quant aux «intentions» de la Russie, l’accusant d’avoir la semaine dernière placé en orbite un satellite «qui serait capable d’attaquer d’autres satellites».


Échanges d’accusations

De son côté, l’ambassadeur russe Vassili Nebenzia a estimé que l’issue du vote a permis de «démasquer» les Occidentaux qui «avancent vers la militarisation de l’espace» et qui, selon lui, sont désormais «isolés» au Conseil. 

La Maison-Blanche a assuré en février que la Russie développe une arme nucléaire antisatellite dans l’espace, des accusations qualifiées d’infondées par Moscou. Des médias américains, citant de hauts responsables à Washington, ont précisé à l’époque que le supposé projet russe n’en est qu’au stade du développement et ne constituait pas une menace immédiate.

Le président russe, Vladimir Poutine, s’est dit «catégoriquement opposé» au déploiement d’armements nucléaires en orbite et assuré que Moscou ne fait dans l’espace que «ce que d’autres pays y font, y compris les Etats-Unis». Moscou a cependant reconnu en novembre 2021 avoir pulvérisé un vieux satellite soviétique inactif en orbite par un tir d’essai de missile, un tir effectué depuis la Terre. 

Cet incident a déjà relancé les craintes de voir l’espace se transformer en un champ de bataille entre grandes puissances, avides d’expérimenter de nouvelles technologies militaires.
 

Les Etats-Unis et la Russie continuent néanmoins de coopérer dans le domaine spatial civil, notamment pour l’envoi de spationautes vers la Station spatiale internationale (ISS).
 

Ces dernières années, des tensions sont toutefois apparues, conséquence des évolutions géopolitiques sur Terre, Moscou et Pékin affirmant vouloir approfondir leur collaboration spatiale face aux puissances occidentales.

Au milieu de ces tensions, la Russie ambitionne de construire dans les prochaines années sa propre station en orbite et de relancer les missions vers la Lune, malgré l’échec de la sonde Luna-25 en 2023. 

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