La reconstitution des réserves hydriques n’est pas un fait anodin dans un contexte de réchauffement climatique qui tourmente le monde depuis plusieurs années. Ce n’est pas une période de rémission que la nature offre aux humains, mais cela y ressemble lorsqu’on se remémore les épisodes caniculaires passés et ceux qui ne manqueront pas de survenir à brève ou moyenne échéance.
Quand la pluie s’invite au moment où l’on craignait une nouvelle épreuve de sécheresse, il est permis de croire que le stress hydrique sera fortement réduit, sinon enrayé dans les prochains mois, notamment pendant l’été, qui sera ainsi lourd de la seule menace des feux de forêt. Cependant, le remplissage des barrages hydrauliques n’est pas un gage d’un dépassement définitif des crises d’eau potable qui ont constitué ces dernières décennies l’un des signes de précarité les plus persistants pour de larges pans de la population.
Les habitants des régions rurales, éloignées des grands chefs-lieux, étaient les plus touchés par le fléau du «robinet à sec», et appréhendaient avec beaucoup d’interrogations et de défiance les annonces improbables de l’eau H24 lancées par des responsables au sujet des villes où se concentraient les administrations publiques. Depuis l’électrochoc des zones d’ombre, et la mise en place des programmes de développement d’urgence, les pouvoirs publics réaffirment régulièrement leur détermination à lever les disparités à travers tout le territoire national et dans tous les secteurs, en rendant effectives les commodités de base, à commencer par l’eau et l’électricité, puis l’habitat et les voies de communication.
Dans le secteur éminemment vital de l’alimentation en eau potable, plusieurs actions «proactives», selon la stratégie adoptée avec beaucoup d’efficacité dans d’autres départements, s’imposent dans l’agenda des décideurs et des gestionnaires. Il est particulièrement indiqué de ne pas se limiter à livrer le nouveau taux de remplissage des infrastructures hydrauliques, et les volumes d’eau emmagasinés, en comptant sur une distribution et une disponibilité qui couleraient ainsi de source. Les partenaires sociaux ont pendant longtemps rendu compte des conditions de travail dans leurs unités à travers les localités, souvent en inadéquation avec l’ampleur des missions et des tâches qui leur étaient affectées.
Les gérants des structures locales peuvent également dresser l’état des installations et des réseaux de distribution, et formuler les exigences de renforcement des personnels techniques et des moyens d’intervention. La fatalité des « 50% de l’eau qui se perdent dans la nature» doit réellement être dépassée en redéployant des équipes mieux outillées pour assurer la continuité du service. La prise en compte des doléances des citoyens, par des canaux de communication modernes, conditionnera une gestion optimale de la ressource hydrique et diminuera notablement les désagréments subis lors des pannes sur le réseau. La vulnérabilité des installations observée à l’occasion de fortes précipitations, promettant pourtant la fin des pénuries d’eau, est due à la défectuosité des équipements et au sous-dimensionnement des canalisations.
Ce sont les survivances de la longue période de dilapidation des deniers publics et de la passation de marchés irréguliers qui avaient affecté tous les segments de la vie nationale. La résorption de ce legs délétère nécessite un programme de rénovation progressive pour la remise à niveau de ce secteur qui se situe, comme le rappellent les organismes internationaux, à la convergence de toutes les activités humaines, sociales, économiques et environnementales.