Les progrès mondiaux dans le secteur de la santé mère-enfant stagnent, voire régressent depuis huit ans, selon un rapport de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) publié cette semaine.
Selon la nouvelle publication, présentée lors d'une conférence mondiale au Cap, en Afrique du Sud, plus de 4,5 millions de femmes et de bébés meurent chaque année pendant la grossesse, l’accouchement ou les premières semaines après la naissance. Ce qui équivaut à un décès toutes les sept secondes, principalement de causes évitables ou traitables si des soins appropriés avaient été disponibles. Une situation pour le moins inacceptable.
«Les femmes enceintes et les nouveau-nés continuent de mourir à des taux inacceptablement élevés dans le monde», a déclaré Anshu Banerjee, directeur de la santé maternelle et néonatale à l’OMS, qui prône une approche différente de la question.
«Si nous souhaitons voir des résultats différents, nous devons faire les choses différemment. Des investissements plus nombreux et plus intelligents dans les soins de santé primaires sont désormais nécessaires pour que chaque femme et chaque bébé, où qu'ils vivent, aient les meilleures chances de santé et de survie.»
Le rapport en question montre que les progrès dans l'amélioration de la survie stagnent depuis 2015, avec environ 290 000 décès maternels chaque année et 2,3 millions de décès de nouveau-nés.
Dans cette réalité, la pandémie de Covid-19 y est pour beaucoup. A cette crise sanitaire, qui a mis sous pression les systèmes de santé, dont certains se sont littéralement effondrés, viennent s’ajouter, selon la même source, la montée de la pauvreté et l’aggravation des crises humanitaires.
Conséquence directe, seul un pays sur 10 (sur plus de 100 pays ayant fait l’objet d’une enquête) déclare disposer de fonds suffisants pour mettre en œuvre ses plans actuels.
Le continent en tête de liste
Comme le droit à la santé est un droit indéniable à tout être humain, «les femmes et les bébés doivent avoir accès à des soins de qualité et abordables avant, pendant et après l’accouchement, ainsi qu’à des services de planification familiale», recommande le rapport afin d’augmenter les taux de survie. L’approche se base sur «la disponibilité d’agents de santé plus qualifiés et motivés, en particulier les sages-femmes, ainsi que des médicaments, des fournitures essentielles, de l’eau potable et une électricité fiable».
Dans les pays les plus touchés par ces décès, en Afrique et Asie, moins de 60% des femmes bénéficient de quatre contrôles prénatals sur les huit recommandés par l'OMS.
Ce constat est confirmé par d’autres rapports publiés en février dernier, où il est indiqué que c’est en Afrique subsaharienne que ces décès sont les plus nombreux, concentrant environ 70% des morts maternelles dans le monde.
Le taux de mortalité maternelle de la région est de 545 décès pour 100 000 naissances vivantes, soit 136 fois plus élevé que ceux de certains pays occidentaux.
En Algérie, selon les dernières statistiques livrées par le ministère de tutelle, le 5 septembre 2022, lors de la Journée arabe de santé, 98,8% des naissances ont eu lieu avec l’assistance de personnels qualifiés. Le taux de mortalité, quant à lui, est passé de 57,7 cas pour 100 000 naissances vivantes en 2016 à 48,5 en 2019.
Pour Julitta Onabanjo, directrice de la division technique du Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA), il est essentiel d’éliminer «les facteurs sous-jacents qui donnent lieu à de mauvais résultats en matière de santé maternelle, tels que les inégalités socio-économiques, la discrimination, la pauvreté et l'injustice».