Pour de nombreux représentants d’entreprises étrangères, le secteur de l’agroalimentaire en Algérie est attractif et demandeur grâce à la nouvelle stratégie du gouvernement algérien, qui vise à freiner en quelque sorte les importations des produits agroalimentaires et à relancer l’agriculture.
Le Salon de la filière agroalimentaire Djazagro, qui se tient du 5 au 8 juin à Alger, a connu hier une affluence appréciable des professionnels notamment, selon les nombreux représentants d’entreprises rencontrés. Entre l’optimisme des uns, accrochés au discours sur la relance du secteur et les facilitations à venir, et le scepticisme des autres dont les commandes ne cessent de diminuer, les avis divergent certes mais convergent tous vers la nécessité d’agir face aux lenteurs bureaucratiques et l’épineux problème lié au transfert des devises.
Eviosys est une entreprise portugaise opérant dans divers endroits du monde. Elle est spécialisée dans la fabrication de boîtes de conserve destinées à l’alimentaire (thon, confiture, tomates, etc.) et elle a des marchés en Algérie. Selon Marta Gonzalez, la responsable chargée de l’export, Eviosys est présente en Algérie depuis plus de 25 ans déjà. «Nos concurrents sont des entreprises françaises, italiennes, tunisiennes, notamment. Le Salon nous permet d’avoir des visites de nos clients et, bien sûr, avoir de nouveaux clients. Nous sommes des habitués du Salon Djazagro, et pour l’instant, ça marche bien et nous avons été très bien accueillis», a-t-elle tenu à rassurer tout de go.
Concernant les contraintes rencontrées, notre interlocutrice insistera sur le mode de paiement, à savoir le rapatriement des devises. Un problème récurrent de l’avis des personnes interrogées. «Un problème réglé par la demande au client d’ouvrir une lettre de crédit», indiquera notre interlocutrice, pour qui, il y a d’autres soucis liés à la logistique dans les ports. «Mais là, ironise-t-elle, c’est le client algérien qui doit se débrouiller avec les administrations locales.»
Plus enthousiaste, Mehdi Bouguerra est analyste commercial auprès de l’agence italienne pour le commerce extérieur, section promotion des échanges, à l’ambassade d’Italie à Alger. Avec les 104 entreprises italiennes présentes au Salon et les relations au beau fixe entre les deux pays, les exposants «sont satisfaits et commencent à recevoir des clients», dira-t-il.
La majorité des entreprises présentes sont dans le processing pour l’industrie agroalimentaire et le processing en général. En somme, tout ce qui est emballage, transformation des aliments et équipements pour l’industrie laitière et boisson, a-t-on précisé. Concernant les contraintes rencontrées par les entreprises italiennes, notamment le problème lié au rapatriement des devises, notre interlocuteur a indiqué que la partie italienne «espère qu’avec l’atmosphère favorable qui règne dans les relations algéro-italiennes, il y a plus d’avantages pour faciliter l’entrée de ces entreprises dans divers secteurs d’activités»
Le secteur agroalimentaire algérien, dit-il, est un secteur attractif et demandeur, et avec la nouvelle stratégie du gouvernement algérien, qui vise à freiner en quelque sorte les importations des produits agroalimentaires et à relancer le secteur agricole, «les entreprises italiennes, avec leur savoir-faire, veulent entrer en jeu».
Et d’ajouter : «Il y a un terrain vide pour les entreprises italiennes mais tout dépendra de la relance dans le secteur agricole algérien. Les deux ministres de l’Agriculture des deux pays, présents lors de l’inauguration de la foire, ont rassuré quant à la levée des contraintes pour l’importation des produits italiens en Algérie et aider les entreprises algériennes pour l’export de leurs produits finis vers d’autres pays», précisant qu’en termes de machinisme agricole et packaging, l’Italie est en avance par rapport à ses concurrents et reste le premier fournisseur de l’Algérie.
Autre activité et autre son de cloche chez Said Sami Malek, représentant de la société turque Ektam en Algérie. Specialisée dans la vente des lignes de production dans tout ce qui est verre, Pet et canettes, Ektam a quelques clients de référence en Algérie comme El Gantra et Batna dans les eaux minérales, TNT dans les boissons énergétiques et Cidra pour le vinaigre de cidre. «Nous sommes depuis plus de dix ans en Algérie.
Nous participons chaque année à Djazagro pour élargir notre business dans le pays», a indiqué notre interlocuteur. Ektma, qui existe depuis 46 ans et dont l’usine est à Izmir, en Turquie, opère dans 28 pays dans le monde, a-t-on précisé. «Nos avantages, c’est que le client gagne dans les délais, mais surtout les prix réduits de 20 à 30% par rapport à nos concurrents.
Comme nous avons une main-d’œuvre (à savoir les techniciens) moins chère et un meilleur service après-vente», a-t-il fait savoir. Mais ces derniers temps, dit-il, il y a une faible demande. «Il n’y a pas beaucoup de monde. Il y a beaucoup de clients qui ont arrêté leur activité. Une quinzaine de sociétés ont mis la clé sous le paillasson parce que tout est devenu cher. Le pet et l’étiqueteuse sont plus chers, en plus de la logistique.
Il y a une stagnation dans l’économie en général depuis 4 à 5 ans déjà», a-t-il fait remarquer. Et d’indiquer que le premier inconvénient rencontré reste la lettre de crédit, suivie par les lenteurs dans les agréments ministériels notamment pour les producteurs d’eaux minérales. «Ce qui entrave l’économie algérienne», a-t-il tenu à souligner, car, selon ses dires, «on peut exporter à partir d’Algérie vers l’Afrique. Si le marché se développe, on pense même monter une usine de fabrication ici en Algérie qui est une porte vers toute l’Afrique».