Sahara occidental : Ce que les Sahraouis ont dit à Staffan de Mistura

17/01/2022 mis à jour: 02:13
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Le président sahraoui, Brahim Ghali, inspectant ses troupes / Photo : D. R.

Le président sahraoui a réaffirmé, lors des entretiens avec l’envoyé onusien, la position du Front Polisario en faveur d’une solution juste et équitable, en mesure de garantir au peuple sahraoui son droit à l’autodétermination et à la pleine indépendance, comme inscrit dans les résolutions et accords onusiens et africains signés par les deux parties (Front Polisario et Maroc) en 1991, en vertu desquels la Minurso a été créée pour superviser l’organisation du référendum.

L’envoyé personnel du secrétaire général des Nations unies pour le Sahara occidental, Staffan de Mistura, a poursuivi hier sa visite dans les camps de réfugiés sahraouis dans le cadre de sa première tournée dans la région depuis sa nomination, en novembre 2021.

Au deuxième jour de sa visite, Staffan de Mistura a fait plusieurs haltes dans la wilaya de Boujdour, où il a visité l’école Chahid Khalil Sid M’hamed, le Musée national de la résistance, le Centre des documents numériques, le Croissant-Rouge sahraoui et la Commission sahraouie des droits de l’homme.

L’envoyé onusien a par la suite rencontré le ministre sahraoui de l’Intérieur, des Affaires des territoires occupés et des Communautés, Mustapha Sidi El Bachir, et le président du Conseil national sahraoui, Hamma Salama, avec lesquels il examinera des dossiers en lien avec le conflit en cours. Il a achevé sa visite dans les camps de réfugiés sahraouis par des entretiens officiels avec le président sahraoui et secrétaire général du Front Polisario, Brahim Ghali.

Les membres du Conseil consultatif sahraoui ont soulevé samedi leur revendication relative à «l’indépendance nationale totale» à l’envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU pour le Sahara occidental, soulignant que «le référendum demeure une solution médiane acceptable». Ils lui ont fait savoir que «les Sahraouis ne cherchent pas la guerre mais c’est plutôt l’occupant marocain qui la veut».

A ce propos, ils ont rappelé à l’envoyé onusien l’agression marocaine visant des civils sahraouis désarmés à la brèche illégale d’El Guerguerat, le 13 novembre 2020, qui a torpillé l’accord de cessez-le-feu signé par le Front Polisario et le Maroc en 1991.

A la veille de la visite de Staffan de Mistura dans les camps de réfugiés sahraouis, le représentant du Front Polisario à l’ONU et coordonnateur avec la Minurso, Sidi Mohamed Omar, avait lui aussi insisté sur la revendication de l’indépendance nationale totale, soulignant que «les Sahraouis acceptent le référendum comme solution médiane entre leur revendication légitime à travers leur lutte pour asseoir la souveraineté sur l’ensemble du territoire de la République sahraouie, d’une part, et la proposition marocaine illégitime d’annexion des territoires sahraouis, d’autre part».

Les représentants de la jeunesse et des femmes sahraouies ont, quant à eux, regretté hier lors d’une rencontre avec Staffan de Mistura que l’ONU soit devenue une partie au conflit aux côtés du Maroc, au regard de son implication dans la prolongation du conflit au Sahara occidental. Dans une déclaration à l’APS, un représentant de la jeunesse sahraouie, Khelihelna Mohamed Telmidi, a indiqué, en marge de la visite de Staffan de Mistura dans la région, que les choses étaient claires pour la jeunesse sahraouie, convaincue désormais de l’implication de l’ONU avec l’occupation marocaine.

M. Khelihelna a affirmé à l’envoyé onusien que «la Minurso avait échoué à accomplir son principal mandat et restait la seule mission onusienne dépourvue de la mission de contrôle de la situation des droits de l’homme». «Les pratiques du makhzen marocain qui encourage l’ouverture illicite de consulats dans la partie occupée, les investissements de compagnies étrangères, le pillage des ressources sahraouies au vu et au su de l’ONU sont autant de preuves pour la jeunesse sahraouie de l’implication de l’ONU dans le conflit», a-t-il souligné.

«Nous n’attendons pas beaucoup de choses de la visite de l’envoyé onusien tant que l’ONU ne s’en tient pas à l’impartialité requise dans pareilles médiations. Nous avons appelé de Mistura pour présenter un rapport sur la situation des détenus civils sahraouis qui croupissent dans les prisons marocaines, ce que les anciens envoyés spéciaux n’ont pas pu faire», a-t-il fait savoir.

Pour sa part, Nana El Rachid, représentante des femmes ayant rencontré Staffan de Mistura, a indiqué que les femmes sahraouies n’attendaient pas, elles aussi, une véritable avancée concernant cette visite, soulignant que l’ONU avait échoué à gérer le conflit dans le Sahara occidental.

Après sa rencontre avec les deux parties en conflit, à savoir le Front Polisario, qui est l’unique représentant légitime du peuple sahraoui, et le Maroc, M. de Mistura se rendra en Algérie et en Mauritanie, en leur qualité de pays voisins et observateurs, conformément au plan de règlement entre l’ONU et l’Union africaine et aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité. 

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