Sa déclaration finale appelle à une transition hors énergies fossiles : La COP28 coupe la poire en deux

14/12/2023 mis à jour: 19:30
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Les travaux du Sommet de la Cop28 se sont achevés hier à Doha - Photo : D. R.

Après l’euphorie de l’adoption de l’accord de la COP28, place maintenant à la réalité du terrain. La transition vers les énergies renouvelables nécessite un coût financier colossal, que les pays en développement ou en voie de développement n’ont pas. Le Brésil a d’ailleurs exhorté, hier, les pays développés à mener la transition énergétique et apporter les moyens nécessaires aux nations en voie de développement.

Les travaux de la COP28 se sont achevés, hier, à Dubaï, avec l’approbation d’un compromis sur «une transition progressive hors énergies fossiles». Les pays occidentaux, responsables des principales émissions mondiales à effet de serre, préfèrent pointer du doigt les énergies fossiles comme la cause «du réchauffement climatique» et minimiser l’impact de longues décennies d’industrialisation, notamment en Europe, aux Etats-Unis et dans les pays du Nord en général.

Les travaux de cette édition de la COP ont fait écho à la guerre commerciale entre pays producteurs et pays consommateurs de gaz et de pétrole, et révèlent une vision intéressée et orientée de la lutte contre le changement climatique.

Les pays consommateurs veulent en finir avec leur dépendance vis-à-vis des énergies produites dans des zones géographiques, qui leur sont lointaines, et qu’ils doivent payer de plus en plus cher, et font donc pression pour changer de sources énergétiques et accélérer la cadence de la transition vers les énergies renouvelables.

Les pays en développement tentent, pour leur part, de préserver leur survie en exploitant leurs propres ressources leur garantissant des revenus qui leur permettent d’avoir accès au développement.

Après d’âpres et de longues négociations, les participants aux travaux de la COP28 à Dubaï ont approuvé le projet de texte final appelant donc à un «éloignement progressif, juste et équitable des énergies fossiles» et non pas à une «sortie complète et immédiate des énergies fossiles», comme proposé par les pays occidentaux, pour les remplacer par les énergies renouvelables.

Les représentants de ces pays occidentaux ont toutefois largement salué l’adoption de la déclaration finale, qui appelle à «transitionner hors énergies fossiles dans les systèmes énergétiques, d’une manière juste, ordonnée et équitable, en accélérant l’action dans cette décennie cruciale, afin d’atteindre la neutralité carbone en 2050, conformément aux préconisations scientifiques.

L’appel à l’accélération de l’action dès la décennie en cours a été une exigence européenne, qui a fini par être approuvée par la direction émiratie des travaux de la Cop28. Cette dernière a joué l’équilibrisme, notamment en optant pour une part d’ambiguïté dans les formulations, afin de tenter de contenter tous les participants, notamment l’Arabie Saoudite, premier producteur mondial de pétrole.

Sultan Al Jaber, patron de la compagnie pétrolière Adnoc, tenait plus que tout à donner un caractère exceptionnelle à «sa COP» en désignant les énergies fossiles comme la cible à abattre pour atteindre l’objectif de l’accord de Paris de limiter l’élévation de la température mondiale à 1,5 degrés Celsius.

Le représentant de la délégation saoudienne, Albara Tawfiq, a salué le texte final et les efforts de la présidence émiratie qui mentionne «des technologies de captage et de stockage du carbone, promues par les pays pétroliers pour continuer à produire des hydrocarbures». Des pays producteurs, dont l’Arabie Saoudite, le Koweït et l’Irak, ont au départ refusé tout accord ciblant les énergies fossiles, mais ont fini par accepter la dernière version qui n’appelle pas à «une sortie complète» de ces énergies.

Le texte de l’accord, qui cite pour la première fois le pétrole et le gaz en tant qu’énergies fossiles responsables des émissions carbone, en plus du charbon acté déjà lors de la COP26 à Glasgow, adjoint une reconnaissance du rôle joué par les énergies de transition, en faisant allusion au gaz, «pour assurer la sécurité énergétique des pays en développement, où près de 800 millions de personnes manquent d’électricité».

Le texte appelle également à tripler les capacités d’énergies renouvelables et doubler le rythme d’amélioration de l’efficacité énergétique d’ici 2030 ; accélérer les technologies zéro carbone et bas carbone, dont le nucléaire, hydrogène bas carbone, ainsi que le captage et stockage du carbone, défendu par les pays producteurs de pétrole.

Les techniques de captage de carbone permettent, pour rappel, une exploitation responsable des énergies fossiles en limitant les émissions de carbone.

Après l’euphorie de l’adoption de l’accord de la COP28, place maintenant à la réalité du terrain. La transition vers les énergies renouvelables nécessite un coût financier colossal que les pays en développement ou en voie de développement n’ont pas.

Le Brésil a d’ailleurs exhorté, hier, les pays développés à mener la transition énergétique et apporter les moyens nécessaires aux nations en voie de développement.

«Il est fondamental que les pays développés prennent les devants sur la transition vers la fin des combustibles fossiles», a lancé la ministre brésilienne de l’Environnement, Marina Silva. Une pique qui ne manque pas de cibler les Etats-Unis, grand producteur d’énergies fossiles, dont les non conventionnels hydrocarbures de schiste.


 

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