Le titre, ci-dessus, pourrait bien s'accommoder à plusieurs pays africains, dont le Niger n'est pas des moindres. Et si on en parle, aujourd'hui, c'est que le Niger, pays parmi les plus pauvres de la planète, alors qu'il regorge de richesses, (or, uranium, fer, charbon et pétrole) est au cœur d'une crise de pouvoir dominant largement l'actualité internationale.
Le grand spécialiste agronome, René Dumont, avait, à l'indépendance de ces pays, dès le début des années soixante, plaidé pour ces entités, qui ont reconquis leur liberté en faveur d' une démocratie réelle, pour l'Afrique, dont bon nombre de ses contemporains stigmatisaient, déjà, le mauvais départ, vécu, depuis, comme une fatalité.
Dumont avait prévenu contre les exploitations sous toutes leurs formes, même celle de la femme, les gestions aléatoires, la corruption des élites africaines, qui n'ont pas fait d'efforts pour s'émanciper des survivances coloniales, en adoptant, presque à l'identique, les pratiques malsaines de leurs anciens occupants, avec lesquels ils ont gardé des relations privilégiées, jusqu'à leur faire profiter, à profusion, des immenses richesses de leur sous-sol, sans contrepartie notable.
C'est, indubitablement, ce qui a noué le destin tragique de l'Afrique, qu'on constate depuis des décennies, prise en otage par des pouvoirs croupions, passifs envers la dilapidation des richesses de leur pays et peu engagés devant la détresse criante de leurs peuples, aggravée, en cette période troublée, par les sanctions prises par les grandes puissances, visant à punir la junte, mais en fait à asphyxier, collatéralement, les populations déjà pénalisées depuis toujours et vivant sous le spectre de la dégradation sécuritaire, alimentaire, sanitaire et humanitaire.
Sachant qu'au Niger, où ailleurs, la montée des inégalités a été la grande affaire de ces dernières décennies, boostée par une mondialisation très agressive, y compris dans les grandes démocraties, qui estiment avoir atteint un haut niveau de développement, mais qui se sont dangereusement éloignées de la recherche du bien commun, sans renoncer à la douce tiédeur de la richesse et de la paix, pour lesquelles elles se battent partout, afin de les préserver envers et contre tous, appliquant une politique obtue, oubliant que l'économique a, depuis longtemps, cessé de fortifier le lien social, piétinant la démocratie si chantée sous tous les airs, en se passant, par exemple, dans certaines contrées européennes, de la représentation populaire élue.
C'est pourquoi si l'on doit s'interroger sur les coups d'Etat périodiques, on doit le faire aussi concernant les intérêts du peuple et ceux des classes dirigeantes.
Au Niger, la réaction des masses, favorables aux putschistes, renseigne sur une gestion antérieure contestée et rejetée.Cela démontre, s'il en était besoin, le vacillement de l'ordre établi, devant la poussée inexorable des désirs comprimés «de la fascination grandissante pour le règlement des compétitions exaspérées».
Aussi, en écho au rétablissement de la démocratie au Niger, exigé par les Occidentaux, les masses locales lancent des slogans contre une démocratie factice du Président séquestré, empreinte de népotisme, de corruption et de gestions contestables. Il ne serait pas légitime pour un Etat, quel qu'il soit, de revendiquer un droit légal, à l'espace commun, si en son sein, il organisait un partage inéquitable des ressources.
Si les putschistes de Niamey n'ont montré, à ce jour, aucune volonté de céder la place, prise par la force, de nombreuses voix, parmi même les membres de la Cédéao, divisées et brouillonnes, s'élèvent contre une intervention militaire, farouchement appelée de ses vœux par l'Occident.
Notre pays, qui a une frontière de 951 km avec le Niger et d'autres voix qui comptent, sont naturellement contre le règlement de cette crise par la force, qui donnerait lieu, à Dieu ne plaise, à un embrasement dangereux au Sahel et dans toute cette sous-région stratégique, convoitée plus que jamais par les grandes puissances.
Ce qui est consternant, dans ces palabres, dans ce méli- mélo bien africain, ce sont les tergiversations de la Cédéao et de son aile armée, dont les pressions et les menaces qui bégaient laissent à penser qu'au sein de cette organisation, on a l'impression de ne pas être sur les mêmes longueurs d'onde...
Jusqu'à l'heure, seuls des chefs religieux nigérians ont pu rencontrer, samedi, les militaires putschistes... et que contrairement à la propagande alarmiste, le président nigérien se porte bien selon son médecin qui a pu lui rendre visite.