Kamel Rezig, ministre du Commerce, a été démis de ses fonctions au profit de Tayeb Zitouni, secrétaire général du Rassemblement national démocratique (RND). Nommé en janvier 2020, dans le premier gouvernement de l’ex-Premier ministre, Abdelaziz Djerad, Kamel Rezig a survécu aux différents remaniements ministériels opérés par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune.
Les critiques contre la gestion du secteur, mis à mal par un contexte difficile marqué par la pandémie de Covid-19 et du conflit en Ukraine, n’ont pas cessé depuis la prise de fonction de Rezig. Ces dernières semaines, les attaques étaient devenues plus persistantes. La charge publique est venue d’abord des députés de l’APN, qui ont critiqué un «manque de respect» à leur égard. Piqué au vif, Rezig a réagi. La réplique du ministre n’a toutefois pas convaincu les députés : le bureau de l’APN a considéré que «le ministre n’a pas respecté les règles de bienséance lors de sa réponse aux remarques faites par un député».
Mais il semble que les déclarations du président Tebboune sur la restriction des importations ont précipité le départ de Rezig du gouvernement. En effet, lors de son entrevue périodique avec des représentants de médias, le chef de l’Etat a estimé que «les pénuries sur le marché étaient inacceptables compte tenu de la disponibilité de la production locale et de l’autorisation de l’importation». Il a précisé que «la rationalisation des importations – comme affirmé à plusieurs reprises – ne doit pas se faire au détriment des besoins du citoyen».
Les engagements de certains secteurs de dégager des montants à travers la limitation des importations «est une mesure excellente mais à condition de ne pas créer la pénurie sur le marché», a relevé le chef de l’Etat, faisant remarquer que la substitution des importations doit intervenir une fois l’augmentation de la production locale, sa disponibilité et sa capacité à couvrir les besoins est confirmée, ce qui requiert le recours à la numérisation de la gestion.
Le désormais ex-ministre du Commerce a adopté, dès sa prise de fonction, une stratégie médiatique offensive qui n’avait pas une réelle emprise sur le secteur : ses attaques publiques contre la «mafia du lait», la mise en place de carte de distribution de ce produit, l’annonce d’enquêtes sur la distribution de la semoule (OAIC) n’ont pas permis de mettre fin aux pénuries.
En février 2022, une commission de l’APN sur la pénurie de l’huile de table a conclu à la responsabilité des services du ministère du Commerce. Le député Smail Kouadria a pointé, lors de la conférence de présentation des conclusions de la commission, le «défaut de contrôle des services de Commerce», enfonçant davantage le premier responsable du secteur. D’autres décisions du département de Rezig n’ont pas manqué de faire réagir : il en est ainsi de l’étonnante chasse aux couleurs (arc-en-ciel) qui visait à sensibiliser sur les «dangers et les conséquences néfastes sur la commercialisation de ces produits sur le marché national (…)».
Nommé en remplacement de Kamel Rezig, le secrétaire général du RND, Tayeb Zitouni, a occupé le poste de DEC d’Oued Koriche avant d’être élu président de l’APC d’Alger-Centre de 1997 à 2012. Nommé directeur de la Société algérienne des foires et exportations (Safex) en 2015, il est élu, le 28 mai 2020, SG du parti lors du sixième congrès extraordinaire. M. Zitouni hérite d’une mission cruciale : redresser un secteur qui connaît de fortes perturbations.