La mise en place d’une identification statistique d’une carte nationale d’éligibilité est la condition sine qua non pour amorcer cette réforme. Et ce, en plus du lancement d’un nouveau système national de solidarité et de services sociaux.
Le ministre des Finances, Laaziz Faid, est longuement revenu, hier, à l’occasion de la présentation du projet de loi de finances rectificatif 2023 devant le Conseil de la nation, sur le dossier relatif à la révision du système des subventions. Insistant sur le caractère «complexe et sensible» de cette question, le ministre a indiqué que cette réforme est en cours d’examen au niveau du gouvernement.
Cette réforme engagée, a-t-il ajouté, est étroitement liée au processus de numérisation. Autrement dit du parachèvement de la collecte des données et de leur centralisation pour un meilleur ciblage des catégories à faire bénéficier de l’appui financier de l’Etat puisque l’objectif à terme est de passer d’un système des subventions généralisé à un système ciblé. Une tâche qui semblait difficile dès le début, en l’absence de données claires et d’un fichier nationale qui recense les catégories démunies et indiquera le seuil de pauvreté.
La mise en place d’une identification statistique d’une carte nationale d’éligibilité est la condition sine qua non pour amorcer cette réforme. Et ce, en plus du lancement d’un nouveau système national de solidarité et de services sociaux. Ce qui risque de prendre encore du temps, en raison du retard accusé dans la numérisation. A ce sujet, le ministre des Finances a annoncé, hier, que son département sera doté d’un data center le 15 décembre prochain.
La révision de la politique des subventions devait, pour rappel, intervenir initialement au deuxième semestre 2021. «Il n’est pas normal que les catégories aisées bénéficient des produits subventionnés au même prix que les citoyens à faible revenu», ont souligné à maintes reprises les représentants du gouvernement, relevant «une injustice» dans la répartition de ce soutien. «Nous œuvrons pour que le soutien de l’Etat profite aux citoyens qui en ont le plus besoin», ont-ils rappelé tout au long de ces deux dernières années.
Et voilà que le ministre des Finances revient à la charge pour évoquer la complexité de cette réforme, surtout en cette période de hausse des prix et de poussée inflationniste. Une période durant laquelle le pouvoir d’achat des Algériens reste au centre des préoccupations du gouvernement qui a enchaîné les annonces portant sur les mesures à même de le préserver.
Dans ce cadre, le Premier ministre, Aïmene Benabderrahmane, a fait part, la semaine dernière, de l’augmentation du montant des transferts sociaux en 2024. Ce montant devrait croître de 181 milliards de dinars en 2023 pour atteindre 2895 milliards.
Cette enveloppe, qui était de l’ordre de 2714 milliards de dinars en 2023 représente, 19,17% du budget de l’Etat. Elle sera essentiellement consacrée aux subventions des produits de large consommation (lait, céréales, huiles végétales et sucre) ainsi qu’au raccordement des populations aux réseaux de l’électricité et du gaz.
Une partie de ce montant ira aux dispositifs d’aide à l’accès au logement, selon le Premier ministre. Il relèvera, dans ce sillage, la mobilisation de 400 000 aides au logement rural au titre du quinquennat en cours, dont 260 000 unités octroyées jusqu’à ce jour. Pour rappel, en 2021, l’enveloppe totale était de 1 960 milliards de dinars, soit plus de 935 milliards de dinars entre 2021 et 2024. Une augmentation de près de 48% en l’espace de trois ans.