Le décret portant le nouveau point indiciaire des traitements et le régime de rémunération des fonctionnaires, vient d’être publié au dernier Journal Officiel (n°23). Le décret présidentiel n° 22-138 du 31 mars 2022 modifiant le décret présidentiel n° 07-304, n’a pas touché la valeur réelle du point indiciaire mais a augmenté le nombre de points, 50 supplémentaires, pour chaque catégorie et 3 points pour chaque échelon. La valeur du point indiciaire reste inchangée.
Elle est maintenue à 45 DA. Que va-t-il changer réellement ? Sur la base de décret, les salaires vont augmenter de seulement 2250 DA.
«Le point indiciaire qu’on attendait tous est là. Finalement, c’est la montagne qui accouche d’une souris. Toutes les réunions depuis plusieurs mois et en fin de compte, ils nous donnent de quoi acheter des bonbons. Alors que chez nos voisins, qui sont apparemment plus pauvres que nous, le médecin a été augmenté de la moitié de son salaire », s’offusque Abdelhamid, médecin à Oran.
Un autre de Béjaia, estime qu’une fois de plus «les fonctionnaires sont humiliés par ce dernier décret présidentiel relatif au point indiciaire», publie-t-il.
Du côté des syndicats, c’est l’indignation. Le Secrétaire général du syndicat Autonome des Travailleurs de l’Education et de la Formation (SATEF) et coordinateur de la confédération des syndicats Algériens (CSA) Boualem Amoura, affirme s’attendre à cette «maigre augmentation» des salaires.
«Nous sommes contre cette décision unilatérale car nous n’avons pas été consultés comme nous l’avions souhaité. Et ce n’est pas avec de telle décision que nous irons vers une Algérie nouvelle. Nous sommes très déçus mais pas surpris de ces maigres augmentations car nous avons été informés d’une façon informelle que les augmentations brutes oscillaient entre 2000 et 6000 DA maximum. En déduisant les retenues, irg, sécurité sociale, il restera du vent. Nous avons mis en garde le gouvernement sur les conséquences incontrôlables et incontrôlées que vont générer ces augmentations insignifiantes, vite absorbées par l’inflation et la cherté de la vie, ajoute à cela toutes les pénuries des produits de larges consommations. Mais, c’est un gouvernement sourd et il assumera seul toutes les conséquences qui en découleront. Finalement, leur appel au dialogue est destiné à la consommation médiatique et populiste et à une construction d’une façade démocratique sans plus», déclare le syndicaliste qui annonce qu’une réunion en urgence de la CSA est prévue et des décisions seront prises en conséquence. Même son de cloche chez Zoubir Rouina, président du Conseil des lycées d’Algérie (CELA).
En plus de «refuser» ce décret, il dit «ne rien comprendre sur la logique qui a motivé cette décision d’augmenter le nombre de points et non pas la valeur du point indiciaire en lui-même».
«Sa valeur actuelle ne répond pas aux données réelles du pouvoir d’achat et des prix sur le marché. 2000 dinars sont une humiliation pour les fonctionnaires. Ils n’ont aucune incidence sur les salaires. Si l’on veut vraiment sauver le pouvoir d’achat, c’est la valeur du point indiciaire qui doit être revu à la hausse pour passer de 45 dinars à 120 dinars. Sans cela, c’est un non-événement », s’offusque notre interlocuteur qui relance la demande de création d’un observatoire national du pouvoir d’achat.
Un organisme qui pourra veiller sur l’équivalence entre les salaires et les prix et permettra d’émettre les décisions qui pourront sauver les fonctionnaires d’une pauvreté inévitable.