Retour sur la deuxième édition du Souk de Yennayer à Alger : La richesse du patrimoine national à l’honneur

22/01/2025 mis à jour: 14:36
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Art culinaire, produits du terroir, habits et tenues traditionnels, ustensiles et outils d’usage quotidien, dinanderie, bijoux, tout était mis en valeur par des exposants venus d’une quarantaine de wilayas du pays

 Pour la deuxième année de suite, la célébration de Yennayer, le Nouvel An amazigh, s’est caractérisée par la tenue, dix jours durant, du souk de Yennayer en plein cœur de la capitale qui s’est mise aux couleurs chatoyantes de cette fête ancestrale.

 

Sur initiative de l’assemblée populaire communale d’Alger-Centre et en étroite collaboration avec le mouvement associatif local, un souk de Yennayer s’est tenu du 8 au 17 janvier, avec la participation d’artisans venus d’une trentaine de wilayas du pays. Ainsi, le centre commercial sis au sous-sol de l’esplanade jouxtant la Grande-Poste n’a pas désempli tant ils étaient nombreux, très nombreux même à le prendre d’assaut pour une virée dans l’ambiance familiale d’antan. 

Et il faut admettre que ce souk a mis en valeur d’une manière indéniable la richesse et la diversité de notre patrimoine national, qu’il soit culinaire, vestimentaire ou autres. Art culinaire, produits du terroir, habits et tenues traditionnels, ustensiles et outils d’usage quotidien, dinanderie, bijoux, tout était mis en valeur par des exposants venus d’une quarantaine de wilayas du pays et qui ont su mettre en valeur cette richesse. 

Et le visiteur est vite mis dans l’air festif qui se fait sentir dès l’esplanade de la Grande-Poste, où les organisateurs ont veillé à donner au décor planté un cachet authentique reflétant la nature de l’événement. Des visiteurs attirés par les couleurs chatoyantes des différents stands, mettant en valeur les us et traditions liés à la vie quotidienne. Des scènes qui étalent la relation étroite entre l’homme et la terre et son environnement de manière générale. «Notre participation à cette exposition vise à faire découvrir encore les traditions de la région de Kabylie. Ici, moi et Nadia préparons la galette, des plats traditionnels, comme le couscous avec sauce rouge avec sept légumes ou sept légumineuses, preuve de ce que produit la terre, le tout agrémenté de morceaux de poulet. 

Nous roulons également le couscous, et le visiteur peut voir comment les choses se font et avec quels ustensiles», soutient d’emblée Dahbia Mecefah, présidente de l’association culturelle Tanekra venue d’Agouni Fourrou, un vaste et populeux village des Ouacifs, dans la wilaya de Tizi Ouzou. Une association qui a mis au point tout un stand de «tableaux vivants» de la vie montagnarde où on peut apprécier également et de près d’autres activités féminines. Comme Nna Adidi, frôlant les 70 ans, qui tient le long de sa taille sa «taruka» par laquelle elle file des «isura» pour en faire «tisfifin», ces ceintures féminines aux couleurs chatoyantes, et ce, tout en papotant et en discutant, manière de joindre l’utile à l’agréable. 

Ceci à partir de la laine de mouton transformée jusqu’à devenir prête pour le tissage. «Les femmes kabyles ne chôment jamais, elles sont toujours occupées à faire quelque chose… Peu importe l’activité», commente notre interlocutrice, très sollicitée elle-même et ses accompagnatrices notamment par les femmes qui pour leur montrer comment rouler du couscous et qui pour d’autres comment préparer un métier à tisser.


Variétés de couscous

Dans le même stand, Farid vend des produits du terroir qu’il fabrique lui-même. «Ce sont des variétés de couscous préparées à base d’orge et de glands. Des figues sèches imbibées dans l’huile d’olive», explique-t-il. Juste à côté, Hafidh propose des robes kabyles tissées et brodées à la main et de divers styles et régions de la Kabylie. Autre stand, autre facette de notre riche et diversifié patrimoine, celui dédié à la poterie. «Ce sont des petites assiettes creuses confectionnées avec des matériaux 100% naturels. Depuis que nous avons délaissé les traditions ancestrales et nos habitudes alimentaires, beaucoup de maladies sont apparues. D’où la nécessite de renouer avec nos anciennes traditions et habitudes », estime l’exposante venue elle de la wilaya de Boumerdès.

Autre stand et autres produits exposés, des tapis traditionnels berbères de plusieurs régions que «je tisse moi-même, tels que les tapis de Laghouat, Ghardaïa et Khenchela», dit l’exposante qui a une autre vocation, la vannerie avec une panoplie d’objets fabriqués à base d’alfa qui témoignent de son savoir-faire et de la délicatesse du métier. Pas loin de là, aux côtés de poteries que nos grands-parents utilisaient dans les anciennes maisons, on peut admirer aussi un modèle du berceau kabyle et une charrue, et bien d'autres objets jalousement gardés par un exposant originaire des Ouacifs et résidant  à Bouira. Et dans les travées du sous-sol de l’esplanade jouxtant la Grande-Poste, une femme veille au grain en multipliant les va-et-vient d’un stand à un autre. Elle, c’est Dalila Hamis, la présidente de l’association féminine «Houaa» d’Alger, coorganisatrice de l’événement. 

Pour elle, le but de cet événement est la «sauvegarde de notre patrimoine», insistant sur le fait que nos traditions amazighes ne doivent pas disparaître, affirmant que  l’objectif principal de cette exposition est de «préserver le patrimoine culturel de notre pays et les traditions de nos ancêtres». Ce souk de Yennayer à Alger qui rassemble l’authentique et le moderne a été organisé à l’occasion de Yennayer, le Nouvel An amazigh, 2975, pour célébrer le patrimoine et l’artisanat algériens dans toutes leurs richesses et de faire du marketing culturel.

Une célébration qui a vu également l’organisation, pour la deuxième année de suite, du fameux «Imensi n Yennayer» (le dîner de Yennayer) qui a vu des milliers de personnes, de tous âges, partager dans la communion ce fameux «imensi bu 7 isufar» ou le «dîner aux sept ingrédients»  propre à cette fête ancestrale remontant à la nuit des temps.

 Les photos et les vidéos de ces nombreuses familles attablées le long de la rue allant de la place Audin à la Grande-Poste, au cœur de la capitale, pour partager ce copieux repas ancestral ont fait le tour du monde via la Toile.   M. K.
 

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