Malgré des prédictions pessimistes, la résilience de l’économie mondiale demeure remarquable : la croissance reste stable et l’inflation retombe presque aussi vite qu’elle s’était envolée. Les obstacles ont pourtant été nombreux.»
Ce sont là les conclusions auxquelles sont parvenus les experts du Fonds monétaire international dans son dernier rapport sur les perspectives économiques mondiales, rendu public hier sur son site. «La croissance mondiale a atteint son point le plus bas, 2,3%, à la fin de 2022, peu après que le taux médian d’inflation globale eut atteint un pic de 9,4%.
D’après les projections de notre nouvelle édition des Perspectives de l’économie mondiale, la croissance pour cette année et la suivante restera stable autour de 3,2%, et le taux médian d’inflation globale baissera, passant de 2,8% à la fin de 2024 à 2,4% à la fin de 2025. La plupart des indicateurs continuent d’annoncer un atterrissage en douceur», note ce rapport. En outre, a-t-il souligné, les séquelles économiques des crises traversées en quatre ans devraient être «moins graves que nous ne le craignions, même si les estimations varient d’un pays à l’autre».
«L’économie des Etats-Unis a déjà surpassé la tendance prépandémique. En revanche, nous estimons désormais, note-t-il, que les séquelles seront plus profondes pour les pays en développement à faible revenu, dont bon nombre peinent encore à tourner la page de la pandémie et de la crise du coût de la vie.» Selon le Fonds, la résilience de la croissance et la rapidité de la désinflation s’expliquent par l’évolution «favorable de l’offre, notamment la dissipation des chocs sur les prix de l’énergie et le rebond marqué de l’offre de main-d’œuvre soutenu par l’importante immigration dans de nombreux pays avancés». Aussi les mesures prises sur le plan de la politique monétaire ont-elles contribué à ancrer les anticipations d’inflation.
Malgré ces évolutions, le FMI fait part de nombreuses difficultés. Outre ce satisfecit somme toute relatif, il a bien pris en effet le soin d’analyser les points faibles de l’économie mondiale. Il s’agit en l’occurrence des disparités relevées sur le registre de la croissance entre les pays et les difficultés qui se profilent à l’horizon. Les risques liés à l’inflation subsistent. «Le mouvement de retour de l’inflation à son niveau cible, a-t-il indiqué, semble s’être interrompu depuis le début de l’année, ce qui est quelque peu préoccupant.» La vigilance est recommandée.
Ce rapport explique les progrès par la baisse des prix de l’énergie et celle de l’inflation des biens. «Mais, toujours selon lui, les prix du pétrole augmentent depuis peu, en raison notamment des tensions géopolitiques, et l’inflation des services reste obstinément élevée.» Aussi a-t-il mis le curseur sur les disparités économiques. «La résilience de l’économie mondiale masque de grandes disparités entre les pays», avertit-il. Le rapport souligne que nombre de grands pays émergents ont le vent en poupe, «certains surfant sur la reconfiguration des chaînes d’approvisionnement mondiales et la montée des tensions commerciales entre la Chine et les Etats-Unis».
Et ensuite de recommander aux décideurs de donner dorénavant «la priorité» aux mesures qui préserveront ou renforceront la résilience de l’économie mondiale. Il s’agit de reconstituer la marge de manœuvre budgétaire. «Malheureusement, a-t-il fait observer, les projets de rééquilibrage sont insuffisants à ce jour et le nombre record d’élections programmées cette année pourrait les mettre à mal.»