Depuis quelques mois, les deux premières économies au monde, la Chine et les USA, tentent de renouer le dialogue, même s’ils continent à s’opposer sur un certain nombre de dossiers, dont l’accès aux technologies de pointe, l’avenir de Taïwan ou encore l’application TikTok, menacée d’interdiction aux Etats-Unis.
Après l’envoi, l’an dernier par Washington, de plusieurs hauts responsables à Pékin et la rencontre en novembre entre le président américain Joe Biden et son homologue chinois Xi Jinping en Californie, place aujourd’hui à la visite de la secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, à Pékin où elle a eu des entretiens, hier, avec le Premier ministre chinois Li Qiang.
Une visite qui intervient, à quelques jours d’intervalle (2 avril dernier) des échanges téléphoniques entre Xi Jinping et Joe Biden. Cette deuxième visite de Mme Yellen en Chine, en un an, marquet-elle un nouveau départ dans les relations sino-américaines ?
A la lumière des déclarations faites hier par les représentants des deux pays, la volonté y est pour améliorer leurs relations. Washington et Pékin ont convenu d’avoir des «échanges intensifs sur une croissance équilibrée», a indiqué dans ce sillage le Trésor américain dans un communiqué relayé par les agences de presse.
«Bien qu’il nous reste beaucoup à faire, je pense qu’au cours de l’année écoulée, nous avons stabilisé notre relation», a encore déclaré Mme Yellen reçue par le Premier ministre chinois au Palais du peuple.
«Surcapacité de production»
Mme Janet Yellen s’est également entretenue avec le ministre des Finances chinois Lan Fo’an, en attendant de rencontrer, aujourd’hui, l’ancien vice-Premier ministre Liu He, ex-responsable des questions économiques, et le gouverneur de la Banque centrale chinoise Pan Gongsheng. «Nous avons compris que nous ne pouvons progresser que si nous communiquons directement et ouvertement l’un avec l’autre», a souligné la secrétaire américaine au Trésor.
De son côté, le Premier ministre chinois espère que les Etats-Unis et la Chine puissent être des «partenaires, pas des adversaires». Janet Yellen, qui est arrivée à Pékin samedi soir depuis Canton (sud), après une série de réunions, s’est entretenue avec le vice-Premier ministre chinois He Lifeng.
Auparavant, elle avait affirmé que les subventions versées par Pékin à l’industrie représentaient «un risque pour la résilience économique mondiale», en créant une «surcapacité» de production. Selon elle, les deux premières économies au monde ont le devoir de «gérer (leur) relation de manière responsable», notamment face à des défis globaux.
Les Etats-Unis craignent, en effet, que les subventions massives injectées par le gouvernement chinois dans les technologies, énergies vertes, véhicules électriques ou encore batteries, n’inondent de produits à bas coûts le marché mondial, mettant en difficulté les entreprises de ces secteurs hors de Chine.
Le quotidien Global Times s’inquiète aussi des restrictions américaines dans ce secteur au moment où Washington complique les exportations de semi-conducteurs vers la Chine. «La visite de Janet Yellen ouvre un espace pour tester la possibilité de faire des progrès», a déclaré Ryan Hass, spécialiste de la Chine au groupe de réflexion américain Brookings Institution.
De son côté, l’agence de presse officielle Chine nouvelle affiche son inquiétude quant au «spectre du protectionnisme» aux Etats-Unis en citant l’exemple des taxes américaines sur les véhicules électriques chinois qui, selon la même source, sont destinées à les «écarter» du marché des concurrents.