A l’évidence, les couacs interministériels (ministère du Commerce, de l’Agriculture, de l’Industrie, des Finances…) se multiplient tous les jours, à l’occasion du traitement des dossiers économiques et financiers, ce qui montre et démontre un problème structurel grave, dans la forme d’organisation de l’action du gouvernement.
Il ne s’agit pas d’un problème d’ego ni de prérogatives des uns et des autres, mais bien d’un problème organique qui provient du fait de la dissolution du pouvoir économique entre plusieurs portefeuilles ministériels, chacun se sentant «légitime dans ses décisions, sans se préoccuper des autres ministères à fortes intersections».
La seule solution, de notre point de vue, réside dans la création d’un puissant «ministère de l’Economie et des participations de l’Etat», à la tête duquel serait nommé un ministre d’Etat. Ce ministère regrouperait les Finances, le Commerce et l’Industrie, ainsi que les Participations de l’Etat, après dissolution des holdings, dont personne ne comprend, aujourd’hui, leur rôle, et la récupération de leurs missions au sein d’une agence des participations de l’Etat (toutes les entreprises publiques économiques).
Ce schéma a été mis en œuvre par le «gouvernement des réformateurs», sous l’autorité du chef de gouvernement, M. Hamrouche, et du concepteur «des réformes économiques», M. Hidouci. Les résultats sont critiquables, comme toutes les actions humaines, mais ce qui est certain, c’est que la cacophonie économique, enregistrée actuellement, n’existait pas et que tous les acteurs économiques agissaient en rangs serrés autour des objectifs assignés à chacun d’entre eux, avec obligation de résultats. Des modulations peuvent être entreprises, avec des secrétariats d’Etat, pour apporter un plus à des secteurs névralgiques et sensibles, mais toujours sous l’autorité du ministre d’Etat, pour assurer la cohérence globale et l’efficacité économique.
L’absence de la gestion de l’intersectorialité actuelle entraîne d’énormes gaspillages de ressources rares et des résultats mitigés, voire catastrophiques, comme les pénuries cycliques des produits de première nécessité (légumes secs, lait, huiles, sucres…). Il faut ajouter, à cela, la non-maîtrise de l’inflation et du commerce extérieur, la spéculation effrénée, l’inconstance et l’inefficacité des mesures prises, ce qui se répercute négativement et dangereusement sur le pouvoir d’achat des populations les plus vulnérables, malgré les subventions massives consenties par les pouvoirs publics.
Il est donc temps de se doter d’un «état-major économique», capable de prendre des décisions qui inversent la tendance actuelle, à travers un programme économique, à moyen et long termes, de substitution à l’importation, qui doit être mis en place avec ténacité et conviction, avant que l’embellie de la conjoncture énergétique internationale ne s’inverse, pour que le spectre d’Octobre 1988 s’éloigne définitivement de notre pays. Sachons tirer profit des erreurs du passé et ouvrir des horizons futurs pour la nouvelle génération.