Le gouvernement a examiné, jeudi dernier, un projet de décret exécutif fixant les modalités de mise en œuvre des attributions du wali en matière d’animation, de coordination et de contrôle des services déconcentrés de l’Etat chargés des différents secteurs d’activité dans la wilaya.
Le document présenté par le ministre de l’Intérieur, lit-on dans un communiqué de l’Exécutif, prévoit «de renforcer l’autorité des walis». «Ce projet de décret exécutif apporte ainsi les précisions nécessaires pour renforcer l’autorité du wali en prévoyant les mécanismes qui permettent de fédérer les efforts au niveau local, d’améliorer l’efficacité de fonctionnement de l’appareil exécutif et d’assurer la prise en charge des besoins de la population grâce à une meilleure efficacité de l’exécution des programmes et des projets de développement au niveau local», lit-on dans ce document, précisant qu’il «reste entendu que les institutions de contrôle demeurent en dehors de l’autorité directe du wali».
Le communiqué ne fournit pas plus de détails sur le contenu de ce projet qui intervient quelques mois après la rencontre gouvernement-walis, durant laquelle ces derniers ont été instruits de «prendre l’initiative» en vue «de booster le développement de leurs localités». En effet, l’Exécutif, constatant la peur générale d’aller en prison qui a gagné tous les walis de la République, a tenté de les rassurer.
Les hautes autorités leur ont expliqué «que les erreurs d’appréciation ne seront pas considérées comme des faits de corruption», qui ont conduit nombre d’anciens walis devant les tribunaux. Mais l’annonce du renforcement des prérogatives des walis a surpris plus d’un, au moment où le débat national a été marqué par la demande de donner plus de pouvoirs aux élus locaux et aux présidents d’APC.
Cette revendication est revenue, avec insistance, à l’occasion des dernières élections locales anticipées. Tous les partis engagés dans cette joute et leurs candidats ont appelé «à faire en sorte que le président d’APC devienne le premier magistrat de sa commune et qu’aucune partie ne doit prendre de décisions à sa place». «La décision de construire une usine ou un hôtel devrait être une prérogative exclusive du P/APC», réclamaient les chefs de partis.
Ces derniers ont appelé aussi à la dépénalisation de l’acte de gestion : «La dépénalisation de l’acte de gestion a été décidée, mais n’a pas été pratiquée sur le terrain car n’ayant pas pu être adaptée aux exigences de l’économie du marché. Le maire est censé gérer sa commune avec une vision prospective d’un gestionnaire d’une entreprise économique. Or, les maires sont aujourd’hui ligotés par la législation qui pénalise l’acte de gestion».
Et le code communal en vigueur est le premier incriminé. Ce texte, selon les anciens élus locaux et les experts, fait du premier magistrat de la commune «un simple épouvantail», car toutes les décisions sont soumises à l’aval du wali et du chef de daïra. «Il faut alléger ce système d’approbation, il faut que la décision de l’assemblée soit souveraine, dans le respect de la loi, bien sûr. C’est la première étape dans la restitution du pouvoir local à l’Assemblée communale», réclament les élus, dont les revendications restent pour l’instant lettre morte.