Lors de mes déambulations dominicales à travers les ruelles pittoresques de Valencia, en Espagne, j’ai eu le plaisir inattendu de croiser la route d’un poète algérien en visite dans cette ville. Cette rencontre fortuite m’a offert l’opportunité d’engager une conversation libre et passionnante avec cet écrivain au sujet de son pays et de l’état actuel de la littérature qui y prospère.
Espagne
De notre correspondant Ali Aït Mouhoub
Malgré la publication de trois recueils de poésie chez Edilivre en France entre 2019 et 2022, ce poète, Mohammed Kobbi, reste relativement méconnu tant en Algérie qu’à l’étranger. Ses œuvres ont malheureusement vu le jour au moment où la pandémie de la Covid-19 sévissait, privant ainsi ses écrits de la visibilité nécessaire pour être appréciés à leur juste valeur par les amateurs de poésie.
Mohammed Kobbi, homme à l’âme sensible et au cœur ouvert, m’a emmené dans un voyage à travers sa poésie, ancrée dans les réalités brutales de son peuple. Sans retenue ni complexe, sa plume se fait l’écho des joies, des souffrances et des espoirs de son peuple. Ses vers d’espoir, lancés dans l’obscurité de la nuit complice, résonnent comme des appels à la conquête de nouveaux horizons, malgré les tragédies qui parsèment le chemin.
Son œuvre aborde divers sujets, du mouvement hirak à la harga, en passant par les aspects quotidiens souvent empreints de tristesse. En homme libre, il tisse les mots pour inviter le lecteur à s’évader vers des contrées où le rêve se nourrit d’images saisissantes. Premier recueil de Kobbi, intitulé Des vers venus d’ailleurs, l’a révélé au public, lui ouvrant ainsi les portes de la poésie de manière définitive. Il a depuis confirmé son talent avec deux autres recueils : Le silence du tourbillon et Un siècle de jours. Une longue carrière dans la gestion d’entreprises, l’auteur s’est tourné tardivement vers la littérature. Pour lui, la poésie est un moyen de communiquer ses émotions, de partager ses colères, ses peines et ses espoirs pour une Algérie meilleure, où la solidarité et le partage du rire prévaudront.
Ainsi, la recherche des mots pour créer n’est pas seulement pour lui un exercice cérébral constant, mais aussi un leitmotiv pour construire un monde où la littérature est source de vie et où le goût de l’existence est transmis aux générations futures. Un quatrième recueil, Les indélicatesses du temps perdu, est en préparation, selon les dires de l’auteur.
Fidèle à sa ligne directrice, il promet une nouvelle série de poèmes où chacun pourra trouver des réponses à ses questions, livrées avec une sincérité sans artifice. Dans ses vers, l’auteur défend ardemment la cause des femmes et exprime sa préoccupation face à l’écoulement implacable du temps. A travers son œuvre, il nous invite à plonger dans son univers intime, à travers une myriade de poèmes inspirés du quotidien.
Les amateurs de poésie sont conviés à découvrir cet auteur prometteur, qui s’apprête à enrichir davantage la littérature algérienne avec ses futures œuvres. Dans ses complaintes, le poète écrit dans son dernier recueil, en prenant la défense de la femme :
J’ai mal
De vivre parmi un peuple méprisant
La mère, la sœur, la collègue
La femme qui lui a donné la vie.
Et en mal du temps qui s’écoule sans pouvoir imprimer une quelconque résistance, il lance un cri de désespoir :
A vingt ans on a le temps de tuer le temps
Mais à quatre-vingt-dix ans
On n’a pas le temps de s’accrocher au temps
Juste le temps de voir mourir le temps
Qui emporte dans sa calèche nos vingt ans.