Rencontre autour de la mémoire du chanteur El Hachemi Guerouabi au Palais de la Culture : L’artiste éternel

18/07/2022 mis à jour: 01:01
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Le regretté El Hachemi Gerouabi

En commémoration du 16e anniversaire de la disparition de l’artiste El Hachemi Guerouabi, une rencontre-débat s’est tenue, samedi dernier, au niveau de la bibliothèque du palais de la Culture Moufdi Zakaria à Alger. 

Placée sous le signe du souvenir, cette rencontre a été étrennée par le chanteur et comédien Adda Dahmani, alias Mohamed Slim. Pour rappel, ce dernier a enregistré en 1957 quatre 45 T dont les chansons Bent El Djazaïr Ghadni Soghrak et Zinek Ya Bahdja. 

En 1962, il chante Frag El Bahdja, composée par Abdelkrim Lahbib et Echouhada, un texte de Moufdi Zakaria sur une partition musicale de Mustapha Sahnoun. Du haut de ses 87 ans, avec une démarche altière et une voix étranglée par l’émotion, l’homme parle avec beaucoup d’affection de son ami de cœur, El Hachemi Guerouabi. 

Mohamed Slim atteste que Guerouabi était aimé et apprécié par les gens. Les deux hommes se sont rencontrés en 1951. A cette époque, le cinéma El Djamel à Alger abritait le music-hall, sous la direction de Mohamed Touri, Sissani, Farida Saboundji, Keltoum, Hadjira Bali, Meriem Abed. 

Les dimanches soir étaient réservés aux amateurs. «Je faisais partie de ces chanteurs amateurs, dit-il, aux côtés de Guerouabi, Mohamed Lamari, Mohamed Zerbout et Ali Chedali, un chanteur égyptien

A cette époque, nous n’avions pas un répertoire personnel. Nous imitions les Tunisiens et les Marocains». Mohamed Slim tient à apporter une précision de taille : El Hachemi Guerouabi n’a pas commencé par la chanson châabi, mais «quand il a chanté avec moi au music-hall, il avait repris une chanson de Salim Hellali. A l’issue des éliminatoires, Mahieddine Bachartarzi avait organisé une soirée au niveau de l’opéra d’Alger en mon honneur ainsi qu’à Mohamed Lamari, El Hachemi Gueroubi, et ce, sous la direction du compositeur tunisien Abdelkrim Lahbib».

Mohamed Slim poursuit en attestant qu’il n’a plus revu El Hachemi Guerouabi jusqu’en 1959, année où des artistes algériens sont montés en France avec la société française Teppaz, spécialisée dans le disque vinyle en 45 T. L’orateur soutient que ce voyage en France lui a permis de mieux connaître les valeurs humaines de Guerouabi. 

Par la suite, les deux hommes se sont retrouvés dans des tournées nationales et internationales. «El Hachemi Guerouabi est un grand artiste que nul ne pourra oublier. C’est une icône de la chanson algérienne. Il demeure éternel dans la mémoire», précise t-il.

Dans son intervention, le président de l’Association les amis de la rampe Louni Arezki Casbah, Lounès Aït Aoudia est remonté loin dans le temps, dans les années 50, plus exactement en 1958. Il affirme que la célèbre chanson Belqak Yeqsem saadi qui passait en boucle sur les ondes de la radio nationale «a envoûté toute la jeunesse algérienne de l’époque. 

Ce refrain était relayé par les adolescents que nous étions de l’époque», se remémore-t-il. Il demeure convaincu qu’El Hachemi Guerouabi est une extase de rayonnement poétique à travers la chanson avec un style novateur et une voix cristalline qui captivait l’ensemble des mélomanes du châabi et essentiellement la jeunesse. 

«Cette révélation, note-t-il, fut spontanément repérée par la monumental Mahieddine Bachatrzi qui l’introduit sur la scène artistique de l’Opéra d’Alger pour l’interprétation de chansons dans des pièces théâtrales de sketchs qui ont eu un grand succès». Lounès Ait Aoudia rappelle la culture d’élégance de l’interprète d’El Harraz : «En effet, dans une tenue vestimentaire de raffinement recherchée avec la créativité de sa magnifique et originale coupe de cheveux, devenue une mode ‘‘guerouabienne’’, très répandue auprès de la jeunesse algérienne».

Concernant l’interprétation magistrale du répertoire poétique et musical du maître, Lounès Aït Aoudia mentionne qu’elle était chantée dans la splendeur de la verve rimée de la langue algérienne. «Ni derdja, ni dialectal avec ses métaphores enrobées de maximes prosodiques, expressivement populaires à l’exemple de la chanson Taouahchet El Bahdja ma taouelch nâmel da. Son intonation était unique», argue-t-il.

Pour le président de l’Association les amis de la rampe Louni Arezki Casbah, l’interprétation du maître est une véritable fresque poétique de la lumineuse beauté d’El Bahdja «Alger, la blanche», chantée avec passion à travers ses quartiers de La Casbah en passant par Bab J’did et Dar El Soltane.

Pour sa part, l’ancien régisseur du Théâtre national d’Alger, Aïssa Kelifi, confie que lors d’une tournée à Casablanca au Maroc, la salle de spectacle qui devait abriter le récital d’El Hachemi Gueroubi était archicomble, les organisateurs ont décidé de placer des baffles à l’extérieur pour donner la chance à tout le monde d’écouter l’artiste algérien. L’intervenant soutient que Guerouabi était exigeant sur la sonorisation et sur les musiciens. 

Autre exigence, celle de répéter avant tout concert. «Il n’imposait jamais rien. Il n’avait pas l’esprit de grandeur. Il incarnait plutôt la modestie à l’état pur. C’était quelqu’un de très affectueux et attachant. Il avait l’art et la manière de demander quelque chose. El Hachemi Guerouabi était une personne vertueuse, sincère et respectueuse», témoigne Aïssa Khelifi.

D’autres fans se sont relayés sur l’estrade pour témoigner de leur fascination et de leur amour pour leur idole. Des témoignages sincères et émouvants de jeunesse exceptionnels pour celui qui a rythmé leur vie en musique et en chansons.

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