La solution à la dérégulation du marché des viandes passe inévitablement par le retour à l’importation. Du moins à court terme. La hausse vertigineuse des prix de ces produits qui s’installe durablement a, semble-t-il, donné à réfléchir aux pouvoirs publics, résolus à frapper à la porte du marché international en quête de production suffisante pour couvrir les besoins des consommateurs algériens.
En effet, après des mois de verrouillage, vraisemblablement irréfléchi, des importations, le marché national est lourdement impacté. Très demandée, notamment en période de carême et de fête religieuse, la viande, ovine et bovine, est devenue carrément intouchable. Elle est cédée à plus de 2600 DA/kg durant les premiers jours du Ramadhan.
Un record. Cette situation, à en croire le président-directeur général de l’Algérienne des viandes (Alviar), Lamine Derradji, était quelque peu prévisible depuis des mois. Lors de son passage, dimanche dernier, sur les ondes de la Chaîne III de la Radio algérienne, ce responsable avait laissé entendre que les autorités, «en analysant les informations qui leur sont parvenues à travers le territoire national, savaient que les prix allaient être élevés». Parmi les raisons, soutient-il, il y a faiblesse de la production nationale de viande.
Selon lui, la consommation locale de viande est évaluée à 55 000 tonnes alors que la production nationale est de 10 000 tonnes au nord du pays et plus de 4000 tonnes qui proviennent du Sud. Très peu. «La filière des viandes rouges en Algérie accuse des difficultés, de la production jusqu’à la commercialisation», affirme-t-il.
Selon le responsable de l’Alviar, les dernières statistiques concernant la taille du cheptel ovin du pays a démontré un déficit de 10 millions de têtes ovines. «Les dernières statistiques de 2022 ont révélé que le cheptel ovin ne dépassait pas 18 millions de têtes alors que les anciennes statistiques de 2001 parlaient de 30 millions de têtes», souligne-t-il, déplorant au passage que le recensement du cheptel national n’a pas été fait depuis 2020.
Cette réalité, ajoute Lamine Derradji, a poussé les pouvoirs publics à adopter une nouvelle stratégie pour relancer le développement de la filière viande rouge et préserver les races propres à l’Algérie, telles la race «El Hamra» et «Ouled Djellal». «La stratégie mise en place par les autorités table sur la reconstitution de notre cheptel, à travers des aides incitatives pour sauver l’élevage, vivier de la production nationale, et relancer la steppe, en dégradation. Qui dit relancer la production animale, dit relancer la production végétale, en créant des centres d’élevage avec des zones de pâturage pour ainsi passer de l’élevage intensif à l’élevage extensif», indique-t-il.
Mais en attendant, le gouvernement décide de recourir à l’importation. Deux marchés ont été ciblés, à savoir le Brésil, où des lots de près de 5000 têtes bovines pour abattage sont arrivés en Algérie et les viandes ont commencé à être commercialisées au prix administré de 1200 DA.
Un troisième bateau chargé de plus de 3000 têtes bovines pour abattage arrivera, selon le ministère de l’Agriculture, en provenance du même pays la semaine prochaine. A cela, il faut ajouter la commercialisation des «viandes rouges fraîches importées du Soudan».