Le président de la République a ordonné, ce dimanche lors du Conseil des ministres, le gel jusqu’à nouvel ordre de tous les impôts et taxes contenues dans la loi de finances 2022. Nombreux sont les partis politiques et les députés qui ont applaudi cette décision. Ils sont également nombreux à faire remarquer que la logique voudrait qu’une loi de finances complémentaire (LFC) annule les dispositions d’une loi de finances (LF) ordinaire.
Mais, unanimement, ils affirment que ces mesures sont dictées par une situation intenable et le pouvoir devait donc agir rapidement. «Le Président était contraint de reculer pour éviter une explosion sociale. Il a tenté de contenir le départ de feu qui risque de devenir un brasier», résume un député. Un autre élu du FLN, qui a pourtant approuvé tous les impôts et les taxes institués dans la LF-2022, pense que «le gel de ces mesures devra freiner une hausse des prix sans précédent».
Le Parti des travailleurs (PT) qui ne cesse de mettre en garde contre une explosion sociale accueille favorablement ces mesures et rappelle «qu’à l’origine du chaos qui caractérise le marché national depuis plusieurs mois se trouve l’entrée en vigueur des mesures fiscales contenues dans la loi de finance 2022 qui ont généré des augmentations vertigineuses des prix des produits de large consommation, affaiblissant davantage le pouvoir d’achat de l’immense majorité du peuple, qui a basculé dans la précarité totale», lit-on dans le communiqué rendu public, hier, par ce parti.
Cette situation insupportable pour le peuple a provoqué, selon la formation de Louisa Hanoune, la colère et le mécontentement généralisés, et ce, partout dans le pays et chez les différentes couches sociales ainsi que les syndicats et les organisations de professions libérales qui se sont mobilisés contre les mesures qui les touchent directement.
Pour le PT, l’urgence de mettre un terme à la détérioration sans précédent des conditions de vie de la majorité du peuple exige la suppression pure et simple de l’article 188 de la loi de finances 2022 portant annulation des transferts sociaux et des subventions de l’Etat aux produits alimentaires de large consommation et services.
Le PT réclame aussi le gel de toutes les «dispositions antisociales et antinationales qui remettent en cause la nature sociale de l’Etat et la redynamisation et le renforcement des différents offices interprofessionnels (lait, aliments de bétails, céréales, fruits et légumes,…)». Le RCD, par le biais de son chargé de communication Athmane Mazouz, est persuadé que la décision du gel de certaines taxes n’aura pas une grande incidence sur le pouvoir d’achat des Algériens.
«Avec une inflation galopante et la perte de tout contrôle sur les prix, conjugués à l’érosion du pouvoir d’achat au quotidien, de nombreux Algériens tombent dans la pauvreté. Le pouvoir actuel a perdu la bataille sur l’économie et le social», note cet ancien député qui pense que l’Algérie passe par l’une des crises les plus difficiles de son histoire. De son côté, le MSP, dont les députés ont voté contre ces mesures instituées dans la LF-2022, se réjouit de ces décisions, qui, selon le parlementaire Ahmed Sadok, les confortent dans leurs choix et orientations.