Ravalement des biens immeubles : La politique du deux poids, deux mesures ?

06/11/2023 mis à jour: 08:01
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A gauche , La Casbah livrée à son triste sort , à droite , Ravalement d’immeubles à Malakoff

L’on assiste ces dernières années au ravalement des façades de certains immeubles haussmanniens qui longent les grands boulevards et avenues de la capitale, les bâtiments cossus qui parcourent les grandes artères sur les hauteurs d’Alger ainsi qu’une partie des bâtisses bordant la côte littorale où les entrepreneurs sont à pied d’œuvre. 

Cela est pris à bras-le-corps par la wilaya qui semble ne pas lésiner sur les moyens pour donner fière allure à une cité dite Alger la Blanche qui a perdu de sa superbe, et ce, depuis des décades, surtout en matière de service public comme la gestion de la salubrité. En se hasardant à sillonner le boulevard du Front de mer, du côté de Malakoff, le regard est captivé par les superbes bâtiments qui retrouvent une seconde jeunesse grâce aux travaux de ravalement, voire de réfection entière, exécutés par les maîtres d’œuvre avec grande application. 

On a dû faire évacuer les pensionnaires de certains immeubles pour permettre aux entrepreneurs d’intervenir sur l’ensemble des modules (étanchéité, cages d’escalier, balcons, balustrades de protection, ferronnerie, électricité, réseaux de canalisation des eaux usées, des eaux pluviales, etc.). Les locataires ont dû même bénéficier à titre gracieux – aux frais des pouvoirs publics – d’une location ailleurs, en attendant qu’ils rejoignent leurs logements flambant neuf. Soit. Ce qui, cependant, échappe au commun des mortels, ce n’est pas le fait de remettre en l’état ces immeubles qui en avaient grandement besoin, et ce, depuis des lustres, mais que les autorités ne jugent pas utile d’établir un échéancier de paiements pour ces heureux bénéficiaires après que ces derniers eurent pris possession de leurs biens immeubles retapés à neuf.
 

C’est quoi les critères d’éligibilité à la restauration ?

Quels sont les critères mis en place par les Collectivités locales pour épargner les locataires proprios de dépocher le moindre sou concernant la réfection de leurs immeubles ? A-t-on le droit de dépenser l’argent du contribuable en faisant montre d’un assistanat mal placé ? Pourquoi débourser des subventions à fonds perdus en faisant l’impasse sur un cahier des charges obligeant le copropriétaire d’entretenir les parties communes de l’immeuble, payer la taxe foncière, la taxe d’habitation... ? Cela serait-il trop compliqué ? 

Des interrogations qui ne nous renvoient pas moins à cette mesure qui est pour le moins inique concernant cette catégorie de propriétaires de douérate de la Casbah qui, en novembre 2021, étaient forcés de débarrasser le plancher qui menaçait ruine, avant que leur bien immeuble ne soit muré. Bien plus, on leur refuse l’aide financière conséquente – pourtant, le PPSMVSS (Plan permanent de sauvegarde et de mise en valeur du secteur sauvegardé) de la Casbah prévoyait de prendre en charge les douérate des proprios – qui leur permet de sauver ce patrimoine universel. Nous avons adressé, il y a deux semaines, un courriel à la chargée de communication de la wilaya pour que les responsables nous édifient sur cette question. 
 

Black out de la wilaya !

Depuis, c’est le black-out des services concernés qui n’ont pas jugé utile de donner suite à notre demande. Nous nous sommes contentés du son de cloche d’un proprio de douéra Adlène K. qui affirme : «Après nous avoir fait évacuer en tant que propriétaire de notre douérate et relogés, il nous a été signalé au niveau du siège de l’Agence nationale des secteurs sauvegardés, située dans la basse Casbah, que notre bien immeuble, sis rue Kheireddine Zenouda, ne sera pas pris en charge en matière de restauration par le ministère de la Culture ni par la wilaya.» 

Et de renchérir : «Depuis 2012, année où l’OGBEC était intervenu dans la phase d’urgence pour installer les étaiements, rien n’a été fait. Plus, on nous a précisé que nous ne pouvons récupérer notre bien qu’à la condition de nous engager à restaurer nous-mêmes notre bien immeuble, alors que nous n’avons pas les ressources nécessaires concernant sa réhabilitation…» 

 «Pour le moment, dit-il sur un ton désespéré, nous restons impuissants et ne savons plus à quel saint nous vouer pour reprendre notre douérate livrée à l’abandon, au vol du zelidj et de certains éléments architectoniques par des jeunes délinquants qui font le mur par le voisinage.» Voilà ce qu’on appelle deux poids, deux mesures, selon les proprios qui réitèrent leur appel pour que leurs douérate leur soient restituées. 
 

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