Les membres du conseil exécutif de wilaya de l’UGTA viennent d’opter pour une sortie fracassante à l’occasion d’une récente montée de manœuvres qu’ils croient orchestrées à distance par un groupe d’intérêts politico-mercantile. Tous ont requis l’anonymat pour ne point enfreindre aux articles contenus dans le statut du syndicat et où il est question de sanctions à l’encontre des auteurs de déclarations critiques par voie de presse.
Voici un résumé de la situation, donné par un membre du conseil exécutif : «Cela fait des années que les structures locales de l’UGTA sont prises en otage par un noyau extra-syndical par syndicalistes interposés et qui continue sont irréversible avancée vers le bradage des idéaux de notre organisation en optant parfois pour son instrumentalisation à des fins personnelles voire dans la déstabilisation de la majorité des secteurs où nos sections servent de relais pour le chantage et l’opportunisme. Des grèves cycliques et autres mouvements de protestation dans certains secteurs, dont les directeurs ont été - et sont encore - victimes de complots fomentés sont au fait des répliques à des demandes de dividendes et autres indus avantages. Nous citerons, à titre illustratif, le conflit ouvert qui opposa la section syndicale au directeur de l’unité de traction de la SNTF. Un conflit créé, géré et compliqué à bon escient par le relais des milieux malintentionnés. D’autres crises dans des secteurs des assurances sociales, la santé, les ressources en eau, les collectivités, les œuvres universitaires, l’OPGI, le complexe lainier (LASA), l’entreprise des peintures (UPSA), la Protection civile et bien d’autres ont été gérées selon un scénario classique. Une entité syndicale provoque le conflit et se présente ensuite comme unique interlocuteur et là tout se gère au gré des humeurs. Dans les cas d’une section opiniâtre et peu portée sur les complots, c’est une section parallèle qui sera créée sur le champ afin de perpétuer le conflit».
Un autre cadre syndical ajoutera ceci : «Dans d’autres wilayas, l’UGTA est présentée comme un partenaire social et un support pour la stabilité. A Souk Ahras, l’organisation est à l’origine de la majorité des conflits avec les employeurs et pis encore, elle est depuis peu soumise à l’appréciation d’un ancien député parmi les caciques d’une période révolue, d’autres élus des deux chambres en exercice, des représentants de quelques professions libérales, des recycleurs de la manne du contribuable et un noyau financier», a-t-il indiqué.
Et d’ajouter ce lourd témoignage : «J’ai été fortement intrigué par une série de manœuvres aussi rocambolesques que préjudiciable pour la ligne de notre organisation quand des individus issus de l’encadrement de l’UGTA ont marqué une présence dans les tentatives de création d’émeutes lors des opérations de relogement et de démolition des bidonvilles et autres regroupements des demandeurs d’emploi».
Anomalies statutaires
Concernant le volet statutaire, les contestataires reconnaissent, en guise de mea culpa, l’absence des mœurs de l’UGTA à Souk Ahras de la présentation des bilans moraux et financiers lors de la remise du relais des sections syndicales, l’installation du bureau de l’actuelle Union locale dans des conditions illégales, la désignation des représentants syndicaux dans la majorité des secteurs sans recours aux urnes d’où un départ massif des travailleurs vers d’autres syndicats.
«Nous citerons, à ce titre, le départ de 500 travailleurs syndiqués de la direction des travaux publics vers le SNAPAP et plus de 200 autres employés des finances vers le SAFI», a commenté le représentant dudit conseil.
La tension est encore montée d’un cran avec la confiscation de toutes les prérogatives et leur centralisation entre les mains du seul secrétaire général de l’Union locale.
«Nous sommes face à une situation de monolithisme jamais vécue depuis la création de l’UGTA et qui dure malheureusement sans que personne ne s’en offusque. Une seule personne fait et défait les sections au gré des humeurs, façonne à sa manière les membres de l’Union locale, occupe et le poste de SG et celui de chargé de l’organique à l’Union de wilaya, met les moyens matériels et humains de l’organisation au service de sa campagne pour la députation, écarte des dizaines de jeunes et dresse toutes sortes d’entraves pour le congrès de l’Union de wilaya que nous croyons décisif. Pour ce faire le même SG de l’UL refuse tout recours aux autres membres du bureau de l’Union de wilaya», a fulminé un troisième membre qui a déclaré au journal la vacance du poste de secrétaire général de l’Union de wilaya pour cause de décès. Laquelle vacance serait susceptible de faire l’objet d’une course de la part du syndicaliste objet de protestation.
«Nous interpellons la centrale syndicale pour mettre fin à des situations de cumul qui sont en contradiction avec le statut de l’UGTA et nous exprimons notre volonté à mettre fin aux ingérences politiciennes par syndicalistes interposés», ont-ils conclu avant de remettre à l’heure des débats les résultats d’une enquête interne ouverte en 2014 sur la gestion des fonds de l’UGTA à Souk Ahras (copie de la conclusion remise au journal).
Depuis le départ de feu Benhamouda, plusieurs syndicalistes croient que le monde du travail se limite à Rouiba et Hassi Messaoud. Et pourtant, il y a le feu ailleurs.