Les progrès mondiaux en matière de développement humain ne conduisent pas automatiquement à un plus grand sentiment de sécurité», affirme le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), dans son rapport sur la sécurité humaine intitulé «Nouvelles menaces pour la sécurité humaine à l’ère de l’Anthropocène» publié hier. «Six personnes sur sept dans le monde souffrent d’un sentiment d’insécurité», indique-t-on encore.
«De nouvelles données et analyses dans le rapport ‘‘Nouvelles menaces pour la sécurité humaine à l’ère de l’Anthropocène’’ montrent que le sentiment de sécurité des personnes est au plus bas dans presque tous les pays, et même dans les pays les plus riches, malgré des années de succès en matière de développement. Ceux qui bénéficient de certains des niveaux les plus élevés en matière de santé, de richesse et d’éducation font état d’un niveau d’anxiété supérieur à celui d’il y a 10 ans», indique le PNUD dans son communiqué.
«Pour remédier à cette discontinuité entre le développement et le sentiment de sécurité, le rapport appelle à une plus grande solidarité transfrontalière et à une nouvelle approche du développement qui permet aux personnes de vivre à l’abri du besoin, de la peur, de l’anxiété et de l’indignité», ajoute encore le programme onusien.
La pandémie de Covid-19 n’a fait qu’accentuer ce «sentiment d’insécurité» qui, finalement, lui est antérieur. «La Covid-19 n’est qu’une manifestation parmi d’autres du nouveau contexte de l’Anthropocène», a estimé le PNUD.
Celui-ci cite, à cette occasion, quelques effets «dévastateurs» de la pandémie. Il est question «des femmes qui sont les premières victimes de l’adaptation au travail en distanciel et sont confrontées à une augmentation dramatique des violences à leur égard», ainsi que des «travailleurs informels qui sont exclus des systèmes de protection sociale» et «des pauvres en milieu urbain qui sont particulièrement touchés par les retombées sanitaires et économiques de la pandémie». Par ailleurs, le rapport donne des estimations «de l’ampleur des menaces à l’ère de l’Anthropocène».
«La faim est en hausse. Elle a touché quelque 800 millions de personnes en 2020 et environ 2,4 milliards de personnes se trouvent aujourd’hui en situation d’insécurité alimentaire, une conséquence des effets socioéconomiques et environnementaux cumulés déjà visibles avant 2019, mais qui ont été exacerbés par la pandémie en 2020 et 2021», indique le PNUD dans ce document. Il est question aussi du changement climatique qui «continuera d’affecter les ingrédients indispensables à la vie humaine».
«Explosion de la cybercriminalité»
«Même dans le scénario d’atténuation modérée, la hausse des températures pourrait causer le décès de quelque 40 millions de personnes dans le monde, principalement dans les pays en développement, d’ici la fin du siècle», signale-t-on.
Dans le même sens, l’organisme onusien met en évidence le fait que «les technologies numériques peuvent permettre de relever de nombreux défis de l’Anthropocène, mais le rythme rapide de l’expansion numérique s’accompagne de nouvelles menaces qui peuvent aggraver les problèmes existants liés, par exemple, aux inégalités et aux conflits violents».
Ceci, dans la mesure où «la pandémie en cours a non seulement accéléré le passage au numérique de l’économie productive, mais elle a également entraîné une explosion de la cybercriminalité, dont les coûts annuels devraient atteindre 6000 milliards de dollars d’ici à la fin 2021».
Sur un autre plan, le PNUD signale que «le nombre de personnes déplacées de force a doublé au cours de la dernière décennie, atteignant le niveau record de 82,4 millions de personnes en 2020», alors que «le nombre de personnes touchées par les conflits atteint des sommets», puisque aujourd’hui, «environ 1,2 milliard de personnes résident dans des zones touchées par des conflits».
Le rapport cite également la violence à l’égard des femmes et des filles. «En moyenne, une femme ou une fille se fait tuer toutes les 11 minutes par un partenaire intime ou par un membre de la famille», a-t-on souligné de même source.
Pour finir, le PNUD juge que «le contexte de l’Anthropocène, avec ses menaces interdépendantes pour la sécurité humaine, appelle un plan d’action ambitieux à la hauteur des défis, à déployer avec humilité face à l’inconnu» qui ajoute que «l’autre solution consiste à accepter des approches de sécurité fragmentées, avec des réponses qui risquent de creuser les inégalités et qui seront probablement réactives, tardives et inefficaces à long terme».
«Le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et les objectifs de développement durable constituent un ensemble ambitieux d’objectifs multidimensionnels qui orientent l’action à tous les niveaux (du local au national) et mobilisent la communauté internationale», estime le PNUD, dans son rapport, toutefois «les efforts restent fortement cloisonnés et s’attachent à traiter séparément le changement climatique, la perte de biodiversité, les conflits, les migrations, la question des réfugiés, les pandémies et la protection des données».
«Nous devons impérativement aller au-delà des interventions fragmentées pour réaffirmer les principes des documents fondateurs des Nations unies – la Déclaration universelle des droits de l’homme et la Charte des Nations unies – qui renferment également les notions centrales qui sous-tendent la conception de la sécurité humaine», conclut l’organisme onusien.