Le comité de pilotage et de suivi du Plan national cancer 2015- 2019, à sa tête le coordonnateur, le Pr Messaoud Zitouni, formule de nouvelles propositions pour la mise en œuvre du Plan national cancer pour lutter contre ce fléau dont l’incidence dépasse les 50 000 nouveaux cas par an. Un rapport sera remis au président de la République dans les prochaines semaines.
Un rapport portant étape d’évaluation de la mise en œuvre des actions des huit axes stratégiques du Plan national cancer 2015-2019 sera remis dans les prochaines semaines au gouvernement.
Le comité de pilotage et de suivi du Plan national cancer 2015-2019, à sa tête le coordonnateur, le Pr Messaoud Zitouni, a rédigé une vingtaine de moutures (synthèse) relatives aux différents thèmes inscrits dans ledit plan, qui pourraient constituer la nouvelle feuille de route pour faire stopper la progression de cette maladie, dont des centaines de victimes sont enregistrées chaque année.
Elles comportent toutes les actions menées depuis la mise en place de ce plan et les propositions en termes de perspective à mener à l’avenir, notamment pour les actions qui n’ont pas été mises en œuvre, notamment pour le dépistage organisé dans le cadre de la prévention, le diagnostic, les consensus thérapeutiques, la formation, la communication.
Retardée par la pandémie qui sévit depuis 2020, l’étape de l’opération d’évaluation de la mise en œuvre des actions des huit axes stratégiques du Plan, notamment de l’axe stratégique 2 dédié au dépistage du cancer du sein, est en cours de finalisation.
Le rapport d’évaluation est actuellement soumis aux différents acteurs ayant participé à l’élaboration de ce programme, pour enrichissement en prévision d’une rédaction du rapport final. «Cette évaluation permet, d’une part, de mesurer les efforts accomplis, de cerner les dysfonctionnements et, d’autre part, de mieux consolider et pérenniser les acquis. Toutefois les travaux ont été ralentis par des freins bureaucratiques souvent inexpliqués et les retombées de la pandémie de Covid-19», explique le comité de pilotage et de suivi du Plan national cancer 2015-2019.
Et de signaler : «Le chemin parcouru a commencé par la mise en place d’un comité d’experts dédié au dépistage organisé du cancer du sein, qui a travaillé de façon continue et déterminée. Cela s’est concrétisé par l’élaboration d’un programme national de dépistage organisé du cancer du sein et sa mise en place dans cinq zones pilotes, comme indiqué dans le Plan national cancer 2015-2019.» Ainsi, l’axe stratégique le plus important dans le plan cancer est le dépistage des cancers prévalents, à savoir, en premier le cancer du sein, de la prostate, du col de l’utérus et le cancer colorectal.
Un programme de dépistage du cancer du sein, mené par un groupe d’experts, qui a été mis en place dans le cadre des travaux du comité de pilotage du Plan national cancer 2015-2019 et fixé par l’arrêté interministériel du 14 juillet 2018, avec désignation de cinq zones pilotes, dont une seule wilaya, à savoir Biskra, a donné des résultats.
«Ces programmes de dépistage organisé des cancers prévalents, élaborés par le comité de pilotage et de suivi du Plan, sont les premiers concernant la prévention secondaire dans notre pays. Ils représenteront à l’avenir des atouts à condition que leur enracinement soit suivi dans la durée et que leur généralisation soit progressive. Ils doivent être évalués de manière rigoureuse et régulière», signalent les rédacteurs du rapport.
Et de préciser : «Ce dépistage organisé permet un diagnostic précoce à un stade asymptomatique et une baisse de la mortalité (estimée entre 15 et 35%, selon les tranches d’âge explorées par les experts de l’OMS), et constitue l’un des moyens les plus efficaces de la lutte contre le cancer du sein.»
Le comité de pilotage et de suivi regrette que ce programme finalisé et «adressé aux différents responsables en février 2017 ait malheureusement connu un retard de plus d’une année pour commencer sa mise en œuvre après de multiples rappels», tout relevant un paradoxe : d’une part, «la qualité du contenu du travail accompli par tous les membres, en termes de pertinence dans la réflexion, d’ambition dans les propositions et de réalisme dans les objectifs et, d’autre part, de l’absence d’efforts et de volonté de la part des décideurs pour une mise en œuvre efficace».
Parmi les difficultés, qui retardent la mise en œuvre de ce dépistage, on relève les lourdeurs administratives répétées et les pratiques bureaucratiques paralysantes ainsi qu’un manque de coordination.
Cette étape d’évaluation de mise en œuvre des actions est importante, selon le coordonnateur du plan cancer, le Pr Messaoud Zitouni. «Il s’agit d’un travail scientifique qui a été effectué par des groupes d’experts et de nombreuses propositions ont été faites avec professionnalisme et beaucoup d’objectivité, basées sur de preuves scientifiques pour les différents axes stratégiques, notamment pour la prévention, le diagnostic, le traitement, la formation, etc.», nous a-t-il confié.
Le Pr Zitouni estime qu’en référence aux travaux effectués sur le terrain par les experts, il est important de revoir les mécanismes de prise en charge et améliorer les soins, surtout pour ce qui est de la radiothérapie. Un problème qui se pose aujourd’hui avec acuité au niveau national. De nombreux accélérateurs installés à travers les différents centres anticancer sont en panne.
Ce qui pénalise sérieusement les patients privés de leurs soins en radiothérapie. «Certaines patientes sont soumises à des séances supplémentaires de traitement de chimiothérapie à défaut de radiothérapie, tout en les exposant aux risques de surtoxicité», a relevé la présidente de l’association El Amel du CPMC d’aide aux personnes atteintes de cancer.
A noter que le cancer du sein est très fréquent en Algérie, avec une incidence qui augmente chaque année et «son diagnostic est fait généralement à un stade avancé (au moins 70% au stade 3-4) avec un traitement tardif suivi d’une mortalité toujours en hausse et d’une survie réduite et de mauvaise qualité», affirment les rédacteurs du rapport.
A souligner que d’autres cancers, notamment ceux de la prostate et du colorectum, bénéficient d’un programme de dépistage mis en place par le comité de pilotage et de suivi du Plan national cancer 2015-2019.
Pour le Pr Zitouni, le Plan national, qui a ses différentes étapes, constitue une vraie stratégie avec une feuille de route basée sur des considérations purement scientifiques.
Une stratégie qui permettra, a-t-il souligné, à l’Algérie de mieux appréhender cette maladie sous plusieurs facettes à travers les différents axes pour les prochaines années.