Ralentisseurs ou ouvrages routiers meurtriers ?

Certaines de nos localités urbaines ou suburbaines sont truffées de dos-d’âne ou ce qu’on nomme par euphémisme ralentisseurs, ces dispositifs permettant à un véhicule de ralentir son allure sans avoir à utiliser les freins. Soit. Les automobilistes se plaignent plus que jamais des dommages que subissent leurs carrosses. Aussi, le soir où l’éclairage public est blafard ou fait défaut, par endroits, l’usager de la route se voit surpris au détour d’un tronçon par de vilains «boudins» noirs installés de manière anarchique et sans avertisseur visuel, ce qui peut abîmer le bas de caisse et faire péter le pot à l’arrière. Le conducteur peut aussi avoir les… quatre jantes en l’air et provoquer l’irréparable. Si sous d’autres cieux, ces ralentisseurs sont placés sous la responsabilité de la commune ou du département gestionnaire de la voie où ils sont installés, chez nous chacun fait ce que bon lui semble et plante le décor qui lui plaît. Pourtant la loi portant implantation de ralentisseurs (v/JO n°18 du 2 avril 2008) est on ne peut plus claire. Celle-ci dispose qu’«il est institué dans chaque wilaya une commission technique présidée par le wali ou son représentant et composée des directeurs des travaux publics, des transports, de l’habitat et de l’urbanisme, des représentants de la Sûreté nationale et de la Gendarmerie nationale ainsi que du président de l’Assemblée populaire communale concernée qui ont la charge d’examiner la réglementation de ce type d’équipements». Ce qui signifie, en termes plus clairs, qu’aucune décision ne peut être prise sans la concertation desdits départements. Mais dans certaines circonscriptions, on foule aux pieds les normes en vigueur, en plantant anarchiquement ces ouvrages routiers n’importe comment et n’importe où. L’on a même remarqué des particuliers prendre l’initiative d’ériger dans certains axes routiers, sans gêne aucune, des bosses de bitume surélevées sur la largeur d’une voie pour dissuader les éventuels chauffards. En somme, on tient à sécuriser le riverain-piéton tout en cassant l’usager de la route, sous le regard indifférent des édiles.