Récemment, une polémique avait enflé dans les réseaux sociaux à propos d’une «paternité» ou encore une certaine «exclusivité» de la fantasia, cette pratique traditionnelle et ancestrale équestre.
Une manipulation malsaine et malveillante, et ce, pour créer une bipolarisation gratuite entre l’Algérie et le Maroc portant sur l’inscription de la «fantasia» comme patrimoine mondial à l’Unesco.
La seizième session du Comité intergouvernemental pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel s’est tenue du 13 au 18 décembre 2021, exceptionnellement à Paris (France).
D’ordinaire, ce comité se réunit par alternance dans un pays, une session siégeant chaque fin d’année. M. Punchi Nilame Meegaswatte, secrétaire général de la Commission nationale du Sri Lanka pour l’Unesco, a présidé ce rassemblement annuel qui a réuni des centaines de participants - représentants d’Etats parties, d’organisations non gouvernementales, d’institutions culturelles et d’autres parties prenantes venues du monde entier où «la tbourida» (fantasia) du Maroc a été inscrite en 2021 (16.COM) sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité.
- Un classement à l’Unesco, ce n’est pas un acte de propriété, c’est une mesure de sauvegarde.
A ce propos, le directeur du Centre national de recherches préhistoriques anthropologiques et historiques (CNRPAH), à Alger, M. Farid Kherbouche, déclarera, au nom du ministère de tutelle et de Mme Wafa Chaâlal, ministre de la Culture et des Arts, et ce, pour dissiper toute équivoque, éclairer et dispenser une vulgarisation et pédagogie quant à cet amalgame entretenu à dessein. Le dossier déposé par les Marocains n’est pas intitulé «fantasia», il est titré «tbourida».
Ils ont utilisé une dénomination et un élément qui leur est propre et encore vivant chez-eux et ils ont classé ces jeux équestres. Nous, nous avons classé la même chose, «la fantasia», comme il y eut amalgame ente «fantasia» et «tbourida», nous aussi, nous pouvons en faire autant avec «fantasia» et «rakb Sidi Cheikh» (Labiod Sidi Cheikh).
C’est un amalgame qu’on se peut se permettre d’utiliser, parce que c’est tout à fait vrai. «Rakb Sidi Cheikh (Labiod Sidi Cheikh), c’est la «fantasia» qu’on a classé à l’Unesco en 2013, et ce, au tour d’un événement qui s’appelle la «ziara» (visite) du mausolée de Sidi Cheikh à El Bayadh. Notre dossier a été déposé et classé par l’Unesco en 2013. Il figure parmi les premiers dossiers qu’a déposés l’Algérie à l’Unesco. C’est pour cela que c’est une fausse polémique, cette histoire.
Cette polémique a été créée dans les réseaux sociaux. Il y a en fait, des parties malveillantes à qui profite ce genre de polémique. Elles peuvent être même algériennes. Elles profitent de ces vagues pour déstabiliser ceux qui travaillent, pour dire que l’Algérie ne fait pas assez. Ce sont des règlements internes.
- Expliquer avec pédagogie, vulgariser
«Ainsi, nous devons éclaircir les choses, expliquer avec pédagogie, parce que cette polémique est totalement infondée. C’est un faux problème. Parce que l’Algérie a déjà classé la «fantasia» sous une autre appellation bien sûr, en 2013. « Rakb Sidi Cheikh» (Labiod Sidi Cheikh). C’est officiel, c’est la «fantasia».
Ce n’est que la dénomination qui diffère. Et ce dossier est essentiellement dédié aux jeux équestres associé à un événement religieux. C’est une manière de valoriser, sauvegarder et préserver la «fantasia» algérienne.
Un classement à l’Unesco, ce n’est pas un acte de propriété. C’est une mesure de sauvegarde. Pour répondre à cette polémique, il faut dire que le patrimoine immatériel, parfois, n’a pas de frontière.
Cette pratique équestre existe dans le monde entier. Dans chaque pays, elle porte un nom. Chez-nous, il se trouve qu’on l’a appelée «fantasia». Mais ce sont les Français qui l’ont appelée ainsi. Ce n’est même pas la peine de classer la «fantasia». Cela a été effectué en 2013...
K. Smaïl
https://ich.unesco.org/fr/RL/le-plerinage-annuel-au-mausole-de-sidi-abd-el-qader-ben-mohammed-dit-sidi-cheikh-00660
https://ich.unesco.org/fr/RL/la-tbourida-01483
Le pèlerinage du «Rakb Sidi Cheikh» : Spiritualité, paix et soufisme
«Rakb Sidi Cheikh» est organisé par les communautés nomades et sédentaires Ouled Sidi Cheikh descendent d’un grand soufi (mystique musulman) Sidi ‘Abd el Qader Ben Mohammed 1532 -1616)
«Sidi Cheikh» est inscrit en 2013 (8.COM) sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité. Chaque année, les communautés soufies nomades et sédentaires effectuent un pèlerinage au mausolée du mystique musulman Sidi Abd el-Qader Ben Mohammed dit «Sidi Cheikh», enterré à El Abiodh Sidi Cheikh. A partir du dernier jeudi de juin, trois jours de rituels religieux et de manifestations profanes festives rendent hommage au fondateur de la confrérie. Le pèlerinage renouvelle les liens et les alliances au sein de la confrérie soufie et assure la paix et la stabilité entre les communautés. Il a également contribué au récent essor du soufisme ainsi qu’à la promotion de valeurs communautaires telles que l’hospitalité et de pratiques collectives telles que les hymnes à Sidi Cheikh, les récitations du Coran, les danses et les chants profanes. Les rituels commencent par une récitation en chœur du Coran suivie, à l’aube, d’une cérémonie consistant à renouveler l’affiliation des communautés à la confrérie soufie. Les festivités profanes comprennent des jeux d’escrime, des compétitions équestres et des danses qui mobilisent plus de 300 cavaliers venant des différentes communautés. Les connaissances spirituelles s’apprennent et se transmettent dans les familles, tandis que les maîtres soufis enseignent les principaux rituels et prières soufis aux initiés à travers un apprentissage formel. Les danses et jeux profanes des hommes et des femmes s’enseignent dans des associations ou sont transmis par la pratique. «Rakb Sidi Cheikh» est organisé par les communautés nomades et sédentaires Ouled Sidi Cheikh. Ces dernières descendent d’un grand soufi (mystique musulman) Sidi ‘Abd el Qader Ben Mohammed né en 1532 à l’ouest de l’Atlas saharien en Algérie, mort aux environs de Stiten et enterré à El Abiodh Sidi Cheikh en 1616, où il a son mausolée. Le pèlerinage rassemble des communautés affiliées à la voie soufie dite «cheykhiya», fondée par Sidi Cheikh. Le pèlerinage a lieu au mausolée de ce dernier, pendant trois jours, à partir du dernier jeudi du mois de juin de chaque année. Il consiste en rituels religieux et manifestations profanes festives.
- La visite de tous les pèlerins au mausolée. Ils y récitent des versets du Coran, prient et méditent. C’est un lieu de haute spiritualité.
- La «selka», qui consiste, pour ceux qui connaissent le Coran par cœur, à le réciter en chœur pendant toute la nuit du jeudi au vendredi. A lieu alors, au petit matin, une cérémonie appelée «el khatima», qui consiste à renouveler l’affiliation des communautés à la voie soufie cheikhiya.
- Les hymnes à Sidi Cheikh et danses dites «saf» de femmes à la zaouiya de Lalla Rabi’a, ainsi que la danse à allure guerrière dite «alaoui».
- Les jeux équestres qui mobilisent plus de 300 cavaliers venant de toutes les communautés affiliées à la voie soufie.
- Les jeux d’escrime qui consistent à se battre avec des bâtons sans jamais se faire du mal.
- La commensalité qui est l’offre de nourriture à tous les pèlerins et à tous les visiteurs étrangers pendant trois jours.