Rachida Ben Sidhoum, écrivaine en tamazight : «Il est temps de classifier le roman amazigh»

22/12/2024 mis à jour: 09:31
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Rachida Ben Sidhoum interrvenant samedi dans le cadre du huitième acte de l’atelier Si Amer Boulifa de littérature amazighe

L’écrivaine Rachida Ben Sidhoum estime qu’il est désormais temps de procéder à la «classification» de ce qui est produit comme romans en langue amazighe, elle pour qui ce qui est édité jusqu’ici «brasse et suffisamment bien des genres littéraires».

Intervenant, samedi dernier, à Ouacifs, dans le cadre du huitième acte de l’atelier Si Amer Boulifa de littérature amazighe initié par l’association culturelle Tanekra d’Agouni Fourrou, l’écrivaine Rachida Ben Sidhoum est revenue, plus de deux heures durant, sur son parcours d’écrivaine en langue amazighe. Une carrière déjà riche de sept œuvres  brassant les trois principaux genres littéraires, avec trois recueils de poésie dont un traduit de la langue roumaine et un recueil de nouvelles. Tour a commencé, soutient la native de Darna, un village de la commune des Iboudrarène, dans la wilaya de Tizi Ouzou, durant l’enfance, puisque, dit-elle, «j’entretenais jalousement mon cahier intime fait d’événements qui jalonnaient mon quotidien». 

Une démarche qu’elle a poursuivie avec davantage de soins une fois au collège, au lycée mais surtout à l’université une fois son bac obtenu en 2010. Car, à cette phase charnière de sa vie, elle qui s’est entre temps naturellement inscrite au département de langue et culture amazighes de l’université Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou, elle a décidé, à la faveur de l’opportunité qu’offraient les réseaux sociaux, de partager sur facebook bien de ses textes empreints «d’états d’âmes et qu’elle accompagnait d’illustrations minutieusement choisies».

 Et sa rencontre avec Brahim Tazaghart a été pour «beaucoup dans ma résolution de ne plus se contenter d’écrire pour moi-même» puisqu’elle a édité son tout premier ouvrage, un recueil de poésies dédié «à ma mère et à toutes les mères». 

C’était en 2016, date à laquelle elle obtenait son master avec comme intitulé du mémoire «Art, lettres et imaginaire». Deux ans plus tard, en 2018,  une autre rencontre avec un autre intervenant de poids dans la littérature amazighe, de surcroît enseignant et chercheur en linguistique et littérature amazighes sera à l’origine de son premier roman.

 «Après avoir lu le manuscrit, il m’a proposé de rejoindre un atelier d’écriture en tamazight à la maison de la culture Mouloud Mammeri non sans m’avoir apporté des orientations, des remarques et des recommandations», déclare Ben Sidhoum qui précise que  Said Chemakh, puisque c’est de lui qu’il s’agit, a d’ailleurs préfacé ledit roman, Lhif n usirem. 
 

Complicité littéraire

La même année, elle récidive avec un deuxième recueil de poèmes avant de traduire vers le kabyle, l’année suivante, un recueil de poèmes écrit par une écrivaine roumaine fort prolifique puisque ayant à son profit une trentaine d’ouvrages. Ceci à la faveur d’une rencontre virtuelle, sur la toile qui s’est muée un peu plus tard en une complicité littéraire surtout que l’écrivaine roumaine était fasciné par tout ce qu’elle vu et vécu en Kabylie, elle qui s’y est rendue à la faveur d’une relation qui a tourné plus tard au vinaigre. Un autre travail de traduction du français vers le kabyle est en cours «d’un recueil de poésie d’une écrivaine belge qui s’est rendue en Kabylie dans le cadre du festival Raconte-Arts», soutient notre écrivaine. 

Deux ans plus tard, retour à l’écriture romanesque avec la sortie de son deuxième roman Icenga n talsa qui sera récipiendaire, deux années après, du prix Bélaid At Ali du roman amazigh. En 2023, comeback vers la nouvelle avec l’édition de Isudaf n tmeddurt avant le troisième roman intitulé Tigusa n tissas sorti cette année. Et cette facilité de passer d’un genre littéraire à un autre, celle qui n’a jamais enseigné, préférant, précise-t-elle,  «me consacrer d’abord et avant tout, à mon petit foyer, notamment mes deux filles», avoue qu’il est temps de procéder à une «classification» de la littérature amazighe, dans son volet romanesque. 

A l’appui de son plaidoyer, Ben Sidhoum avance le fait que le roman en langue amazighe a enregistré des «avancées notables brassant tous les genres littéraire, allant du policier au fantastique en passant par l’historique, l’épistolaire et le philosophique». En ce qui concerne ses projets, l’invitée de l’atelier de littérature amazighe de Ouacifs, dit observer une «halte», le temps, précise-t-elle, de «finaliser mon mémoire de doctorat dédié à la poésie de guerre, le deuxième mémoire du genre après celui réalisé il y a trente sept ans par Malha Benbrahim». 

A ce propos, l’écrivaine affirme, à la faveur de ce mémoire sur lequel elle  travaille avec comme corpus près de 150 poèmes récoltés dans sa région natale, que cette poésie de guerre consacre un «renouvellement» littéraire et constitue un «genre littéraire à part». M. K.

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