Depuis son apparition en Algérie, les services concernés par la lutte contre la maladie de la fièvre aphteuse arrivent péniblement à juguler sa propagation, avant qu’elle ne revient de front dans les exploitations.
La vaccination périfocale où tout un processus est mis en place, ou encore d’autres mesures, comme la fermeture des marchés ne suffit décidément pas pour éradiquer ce fléau sans l’adhésion des éleveurs aux procédés de la prévention, de l’avis même des vétérinaires, mobilisés à chaque épisode de l’épidémie pour circonscrire les foyers touchés.
Selon l’Organisation mondiale de la santé animale (OMSA), «la fièvre aphteuse est une maladie animale transfrontalière grave (TAD), qui affecte sévèrement la production de bétail et perturbe le commerce régional et international des animaux et de leurs produits. Elle circule au sein de 77% du bétail au niveau mondial», dont l’Algérie.
Selon Yousfi Nadir, inspecteur vétérinaire à l’inspection de wilaya, relevant des services agricoles de Béjaïa, il existe 7 sérotypes (souches du virus) qui sévissent en permanence au milieu des troupeaux domestiques. Chaque variant requiert une souche vaccinale spécifique pour assurer l’immunité d’un animal vacciné, ce qui rend la lutte contre cette maladie animale à la fois lente et compliquée.
Cependant, notre interlocuteur préconise, outre la vaccination, «l’un des moyens efficaces permettant d’avoir le contrôle sur le mouvement des animaux est l’identification du cheptel. Cela permet le suivi de l’animal et la traçabilité sanitaire.
C’est comme si l’on dote l’animal d’un passeport». Pour rappel, l’opération d’identification du cheptel a été lancée début des années 2020 dans deux wilayas pilotes, à savoir Béjaïa et Tlemcen, avant qu’elle ne soit stoppée. La démarche a été entreprise parallèlement avec une campagne de vaccination des bovins contre la fièvre aphteuse.
Outre l’identification, le contrôle du déplacement du cheptel peut aussi limiter la propagation de la maladie, mais il faudra redoubler de vigilance sur les frontières afin d’intercepter le mouvement des contrebandiers ou des passeurs d’ovins de certaines races qui s’avèrent souvent des porteurs sains du virus, comme la Sidaoun, une race d’origine subsaharienne qui arrive en Algérie, notamment, dans le Nord, grâce au troc pratiqué entre la population de ces wilayas et ceux des pays frontaliers, ainsi qu’à travers les activités pastorales.
Preuve en est, récemment, les services de l’inspection vétérinaire de la wilaya ont découvert quatre têtes d’ovins de race Sidaoun dans un abattoir dans la ville d’El Kseur, et qui ont été «détruites». Un récent bilan fait état de la présence de deux foyers de fièvre aphteuse, signalés dans les communes d’Akbou et de Chellata, au sud de la wilaya, selon la même source.
Ces derniers ont été rapidement pris en charge par les vétérinaires de l’inspection de wilaya, en engageant une vaccination périfocale avant de mettre les deux exploitations sous surveillance.
Face à ces multiples facteurs de propagation, notre vétérinaire préconise la prévention et l’application stricte des mesures recommandées au niveau des exploitations, notamment, «le contrôle des contacts des personnes et des matériels avec les animaux d’élevage, l’isolation des nouveaux animaux introduits dans les élevages existants, le respect des règles d’hygiène applicables aux enclos, bâtiments, véhicules et équipements et, enfin, la surveillance et la déclaration des cas de maladie et l’adoption des méthodes adaptés d’élimination du fumier et des carcasses».
Béjaïa
De notre bureau Nordine Douici