Quels scénarios pour l’après-guerre : Le plan secret d’Israël

03/01/2024 mis à jour: 04:30
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La quasi-totalité des 2,3 millions d’habitants ont été déplacés de leurs foyers - Photo : D. R.

Le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, affirme qu’Israël rétablira son contrôle sécuritaire sur Ghaza après la guerre, pour empêcher, selon lui, «un retour du Hamas».

Qui gouvernera la Bande de Ghaza, transformée en champ de ruines, lorsque cesseront les combats ? La question peut paraître prématurée, mais de plus en plus d’observateurs s’échinent à imaginer la future gouvernance de l’enclave.

La quasi-totalité des 2,3 millions d’habitants ont été déplacés de leurs foyers et ont cherché refuge dans le sud du territoire. L’Unrwa rapporte que 1,4 million de ces personnes trouvent actuellement refuge dans ses installations.

Le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, affirme qu’Israël rétablira son contrôle sécuritaire sur Ghaza après la guerre, pour empêcher, selon lui, «un retour du Hamas».

Le plan d’après-guerre de l’armée d’occupation à Ghaza comprend la division de la bande «en zones gouvernées par des tribus et chargées de distribuer l’aide humanitaire», selon la chaîne de télévision Al Jazeera.

Dans le cadre de ce prétendu plan, les tribus et les familles connues du service général de sécurité israélien (Shin Bet) se chargeront de distribuer l’aide humanitaire à la population de la Bande de Ghaza.

Selon ce plan, elle sera divisée en gouvernorats et sous-gouvernorats, chacun contrôlant l’un d’entre eux. En plus de l’aide humanitaire, les groupes géreront la vie civile pendant la période de transition qui suit la guerre jusqu’à ce que l’administration permanente de la Bande de Ghaza soit mise en place.

Selon les détails rapportés sur ce plan, il est prévu qu’il soit présenté au cabinet pour approbation. Le Premier ministre Benyamin Netanyahu aurait déclaré aux membres de la commission des affaires étrangères et de la défense du Parlement israélien (Knesset) que «si l’Autorité palestinienne veut jouer un rôle dans la gestion de la Bande de Ghaza au lendemain de la guerre, elle doit opérer des changements radicaux». 

A plusieurs reprises depuis le début de la guerre, Netanyahu a confirmé son refus de confier la Bande de Ghaza à l’Autorité palestinienne, soulignant qu’Israël s’occuperait du dossier de la sécurité malgré le soutien de Washington au régime de l’Autorité palestinienne.

Dimanche, le ministre des Finances, Bezalel Smotrich, a préconisé le retour des colons juifs dans la Bande de Ghaza, après la guerre. «Pour avoir la sécurité, explique-t-il, nous devons contrôler le territoire et pour cela, nous avons besoin d’une présence civile sur place.»

Sous-entendu, cela aurait permis d’éviter les attaques du Hamas le 7 octobre, et ses 1140 morts en Israël. Il va même plus loin et ne fait pas dans la nuance.

Des déplacements à l’immigration forcée

Il nie carrément l’existence d’un peuple palestinien et encourage même les Ghazaouis à «émigrer vers d’autres pays». Il se dit ainsi prêt à les aider à s’installer ailleurs avec l’aide de la communauté internationale.

Face à une réalité déchirante, il leur propose un déracinement forcé, les privant du coup de leur foyer, de leurs liens familiaux et communautaires et de leur stabilité.

Jusqu’à 8000 colons israéliens ont vécu dans la Bande de Ghaza entre 1967 et 2005 avant d’être délogés par les autorités israéliennes dans le cadre d’un plan de retrait unilatéral.

Les Américains craignent que le refus israélien de se mettre d’accord sur une entité palestinienne censée administrer la Bande de Ghaza ne conduise à une occupation israélienne effective et totale de la bande.

A plusieurs reprises depuis le début de la guerre, Netanyahu a confirmé son refus de restituer à l’Autorité palestinienne la Bande de Ghaza, soulignant qu’«Israël» s’occuperait du dossier de la sécurité malgré le soutien de Washington au régime de l’Autorité palestinienne.

La politique de Netanyahu a toujours consisté à éloigner la question palestinienne des priorités de l’agenda politique et à minimiser l’importance de trouver une solution à cette cause, sous prétexte qu’elle pourrait être reportée indéfiniment sans que cela n’affecte la sécurité nationale israélienne, en particulier après la «division entre les factions palestiniennes» qui s’est aggravée depuis plus de 16 ans.

Netanyahu a poursuivi sa démarche en théorisant qu’il est possible d’abandonner la question palestinienne et de la geler complètement à la lumière des politiques israéliennes en Cisjordanie et à Ghaza qui perpétuent la division d’une part et imposent une réalité de colonisation d’autre part.

C’est dans ce contexte qu’il faut comprendre la voie de la normalisation arabe avec l’entité sioniste sans qu’il soit nécessaire de résoudre le problème.

C’est ce qu’a stipulé «l’Initiative de paix arabe de 2002», et c’est l’essence des «accords d’Abraham»  dont Netanyahou pensait qu’il pouvait gérer le conflit palestinien sans le résoudre.

Dans le même contexte, l’ancien Premier ministre britannique, Tony Blair, a démenti les informations parues dans les médias israéliens selon lesquelles il dirigerait un plan d’évacuation des habitants de la Bande de Ghaza.

L’Institut Tony Blair pour le changement global a démenti un reportage israélien affirmant que Blair prendrait l’initiative de réinstaller les réfugiés de Ghaza dans les pays arabes et dans d’autres pays. «Aucune discussion de ce type n’a eu lieu.

Tony Blair n’aurait pas non plus une telle discussion, l’idée est fausse en principe. Les Ghazaouis devraient pouvoir rester et vivre à Ghaza», a écrit l’institut sur X.

Samedi, le Wall Street Journal a rapporté que 70 %  des maisons de Ghaza et la moitié des bâtiments de l’enclave avaient été endommagés ou détruits lors des frappes aériennes israéliennes.

Jusqu’à présent, les attaques israéliennes ont tué au moins 21 800 personnes, dont 9100 enfants, a rapporté le bureau des médias du gouvernement dans la Bande de Ghaza.

Les civils et les responsables de la santé à Ghaza ont déclaré à plusieurs reprises qu’ils pensaient que le nombre de personnes tuées était bien plus élevé que ce qui était publié par le ministère de la Santé, en raison du fait que les gens étaient coincés sous les décombres et du manque d’accès aux établissements de santé et aux hôpitaux.

Netanyahu a récemment déclaré qu’il prévoyait de poursuivre l’offensive meurtrière à Ghaza pendant «encore plusieurs mois». «La guerre est à son paroxysme. Nous combattons sur tous les fronts. Il faudra du temps pour remporter la victoire.

Comme l’a dit le chef d’état-major (de l’armée), la guerre continuera», a-t-il déclaré dimanche dans un discours télévisé. Il a également ajouté qu’Israël devrait reprendre la frontière de Ghaza avec l’Égypte et fermer tous les points d’accès. 
 

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