Quelle stratégie de dépistage et d’isolement ?

22/01/2022 mis à jour: 03:25
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Photo / Montage El Watan

Les spécialistes recommandent de revoir la stratégie d’isolement des personnes infectées et du diagnostic, notamment avec les tests antigéniques, qui seraient, contrairement au variant Delta, sensibles à l’Omicron au-delà des cinq jours après l’apparition des symptômes.

Le variant Omicron, considéré jusque-là bénin mais très contagieux, continue de surprendre les scientifiques, notamment pour sa vitesse de contagion, la période d’incubation et de contagiosité.

Depuis deux mois, le variant s’est répandu sur la planète avec une augmentation exponentielle des cas de contamination. Il comporte une cinquante de mutations, alors que le variant Delta en compte une quinzaine.Une caractéristique qui aide à déjouer le système immunitaire même chez les personnes vaccinées, mais qui restent quand même protégées des formes graves de la maladie, explique-t-on.

Le variant Omicronre présente aujourd’hui en Algérie 57% des variants circulant, alors qu’il représentait au 13 janvier en cours 33% des variants circulant et, de ce fait, «est devenu prédominant et nous pouvons dire dès maintenant qu’il rythme la vague actuelle en Algérie pour la semaine en cours», a souligné l’Institut Pasteur d’Algérie dans son dernier communiqué de presse publié jeudi.

«Nous nous attendons à ce qu’il représente plus de 90% dans les deux semaines à venir», a indiqué l’IPA qui enregistre, à ce jour, selon le même communiqué, un total de 400 cas du variant Omicron. «Cela est dû à la particularité de la souche de ce variant, qui a une capacité extrêmement importante et rapide de propagation, tout comme cela est observé à l’échelle mondiale», note l’IPA.

Il rappelle que de nombreuses infections par ce variant ont été enregistrées parmi les enfants, qui sont plus vulnérables aux virus respiratoires, sachant que «le virus reste plus longtemps chez cette catégorie, ce qui augmente le risque de transmission et de manière plus rapide du virus au plus grand nombre de personnes vivant autour d’eux», souligne le communiqué.

L’IPA considère qu’il est «fondamental pour la population de revenir vers une adhésion massive à la vaccination contre la Covid-19 et le respect strict des règles sanitaires de prévention, à savoir le port du masque de protection, la distanciation physique et le lavage fréquent des mains pour faire face efficacement à la pandémie».

En plus de ces mesures, les spécialistes recommandent de revoir la stratégie d’isolement des personnes infectées et du diagnostic, notamment avec les tests antigéniques qui seraient, contrairement au variant Delta, sensibles à l’Omicron au-delà de cinq jours de symptômes après contamination. Il est donc recommandé, selon le virologue et directeur de l’IPA, le Dr Fawzi Derrar, d’adapter les mesures d’isolement des personnes infectées et des cas contacts.

Pour ce faire, le Dr Derrar signale : «Il y a lieu de différencier entre les personnes vaccinées et les non-vaccinées. Il faut savoir que la charge virale diminue vite chez les personnes vaccinées correctement (deux doses, voire trois doses) qui peuvent être isolées pendant cinq jours, alors que les non-vaccinés doivent aller de 10 à 14 jours.» Le Pr Kamel Djenouhat, président de la Société algérienne d’immunologie, a, quant à lui, signalé qu’au niveau de son service, à l’hôpital de Rouiba, des cas de Covid-19 testés positifs à Omicron avec les tests antigéniques sont restés positifs au-delà de huit jours avec les mêmes tests (lire l’entretien).

Ce qui pourrait, selon lui, amener à revoir les recommandations quant à l’utilisation des tests antigéniques et déterminer le meilleur moment de l’effectuer. «Le test antigénique ne doit pas se limiter au cinquième jour des symptômes après contamination, comme cela a été le cas pour le Delta et autres variants, puisque la charge virale semble être plus importante que quatre à cinq jours après l’apparition des symptômes. Nous constatons que les tests antigéniques mettent quelques jours, voire 7 jours, pour se positiver», nous a-t-il confié.

Par ailleurs, une étude japonaise publiée le 5 janvier dernier, en a surpris plus d’un.Selon les résultats de cette étude, il apparaît que le pic de la charge virale, c’est-à-dire la période où la personne porteuse du virus est la plus contagieuse, intervient en moyenne «trois à six jours après l’apparition des symptômes», alors que le pic du variant Delta se situait plutôt entre deux jours avant et deux jours après l’apparition des premiers symptômes.

Des conclusions et des hypothèses qui restent encore à confirmer. Pour l’OMS, la pandémie de Covid-19 «est loin d’être terminée». Le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a déclaré, mardi dernier, lors d’une conférence de presse à Genève que «Omicron continue de déferler sur la planète. (...) Ne vous méprenez pas, Omicron provoque des hospitalisations et des décès, et même les cas les moins graves submergent les établissements de santé», en mettant en garde contre l’idée que le variant Omicron est bénin.

Il signale que «compte tenu de l’incroyable croissance d’Omicron dans le monde, il est probable que de nouveaux variants vont apparaître».Et d’ajouter que «dans certains pays, les cas de Covid semblent avoir atteint un pic, ce qui laisse espérer que le pire de cette dernière vague est passé, mais aucun pays n’est encore sorti d’affaire», en se montrant particulièrement préoccupé par le fait que de nombreux pays aient de faibles taux de vaccination.

Il a estimé que «ce n’est pas le moment de baisser les bras et d’agiter le drapeau blanc», car il est encore «possible de réduire considérablement l’impact de la vague actuelle» grâce aux mesures de santé publique et aux vaccins.

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