Quand le président américain réduit la question palestinienne à une affaire immobilière : «Acheter Ghaza», la dernière provocation de Trump

11/02/2025 mis à jour: 11:22
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Depuis son retour à la Maison-Blanche il y a moins d’un mois, Donald Trump ne fait que multiplier les foucades les plus délirantes. Parmi ses dernières outrances, sa récente déclaration sur Ghaza faite le 28 janvier où il ne proposait rien de moins que de «nettoyer» démographiquement l’enclave palestinienne dévastée par quinze mois de guerre en la vidant de sa population qu’il persiste à vouloir dispatcher entre l’Egypte et la Jordanie.

 D’aucuns avaient pris cela pour une autre de ses toquades sans conséquences, au pire une plaisanterie de mauvais goût ou bien un ballon-sonde pour jauger la réaction des Palestiniens et des Arabes en général au sujet de son plan pour Ghaza. Et pourtant, il ne s’agit pas d’une mauvaise blague. Trump est très sérieux. D’ailleurs, il ne rate jamais une occasion pour confirmer ses intentions à l’endroit des Palestiniens. C’est ce qu’il a fait le 4 février où il est revenu à la charge, annonçant que les Etats-Unis allaient «prendre le contrôle» de la bande de Ghaza et en faire «la Côte d'Azur du Moyen-Orient». Une déclaration qui a fait scandale et qui a été largement commentée. 

Dans la nuit de dimanche à lundi, à bord de l’Air Force One qui le transportait en Nouvelle-Orléans où il devait assister au Super Bowl, il en a remis une couche en déclarant aux journalistes présents avec lui : «Je suis déterminé à ce que les Etats-Unis achètent Ghaza et en prennent possession. Quant à la reconstruction, nous pourrions demander à des pays du Moyen-Orient d’en construire une partie, peut-être que d’autres pays le feront aussi, sous nos auspices. Mais nous sommes déterminés à posséder Ghaza, à en prendre le contrôle et à nous assurer que le Hamas ne revienne pas.» Ces propos ont été rapportés par plusieurs médias internationaux dont l’agence américaine Associated Press (AP) et le Washington Post.  


«Les États-Unis vont en devenir propriétaires»

Décidément, pour ce magnat de l’immobilier qu’est avant tout Donald Trump, Ghaza n’est qu’un terrain de construction comme un autre, réduisant la question palestinienne à un deal foncier. C’est ce qu’on est obligé de comprendre lorsqu’on l’entend inviter l’opinion internationale à considérer Ghaza comme «un grand site immobilier» comme le rapporte le Washington Post. «Les États-Unis vont en devenir propriétaires et vont lentement, très lentement, le développer», a-t-il renchéri. «Il n'y a rien à réinstaller. 

L'endroit est un chantier de démolition. Le reste sera démoli», a-t-il appuyé. Il a ajouté : «Les gens peuvent venir du monde entier», sous-entendre pour participer à ce grand chantier et avoir leur part du gâteau. Il a également laissé entendre que les réfugiés palestiniens, triés bien sûr sur le volet, pourraient s'expatrier aux Etats-Unis et que leur situation serait étudiée «au cas par cas».  «M. Trump a déclaré que les pays arabes accepteraient d'accueillir des Palestiniens après s'être entretenus avec lui», indique AP.  Le président américain, affirme la même source, «a insisté sur le fait que les Palestiniens quitteraient Ghaza s'ils avaient le choix». «Si nous pouvions leur donner une maison dans une zone plus sûre, ils ne retourneraient pas à Ghaza. La seule raison pour laquelle ils parlent de retourner à Ghaza, c'est qu'ils n'ont pas d'autre choix. Lorsqu'ils ont une alternative, ils ne veulent pas retourner à Ghaza», soutient le président multimilliardaire. 


«Ghaza n'est pas un bien immobilier»

Le Hamas n’a pas tardé à réagir à la dernière provocation de Trump. «Aborder la question palestinienne avec la mentalité d’un agent immobilier est une recette pour l’échec», a répliqué lundi Izzat al-Rishq, membre du bureau politique du Hamas, à travers un communiqué. Et de souligner : «Ghaza n'est pas un bien immobilier à acheter et à vendre. C'est une partie indissociable de notre terre palestinienne occupée.»  Et Izzat al-Rishq d’insister sur la «détermination du peuple palestinien à faire échouer tous les projets de déplacement et de relocalisation forcée». 

Pour le responsable palestinien, de tels propos «démontrent une ignorance profonde de la Palestine et de la région». Il faut dire que la légèreté et la désinvolture avec lesquelles Donald Trump traite les affaires du monde, lui qui est à la tête de la première puissance mondiale, en font une menace pour la paix par l’inconséquence de ses actes, son manque de culture et de sensibilité, et surtout, son manque de respect envers les autres peuples. Pour l’entrepreneur vorace qu’il est, tout est business, et tout a un prix, même Ghaza. 

Dans son entendement, le monde, malgré toute sa richesse et sa complexité, malgré ses contrastes, ses nuances, ses conflits, ses tensions géopolitiques, n’est qu’une partie de Monopoly. Disneyland à une échelle plus grande et moins divertissante…

Mustapha Benfodil

 

 

Le Hamas reporte la prochaine libération d’otages «jusqu’à nouvel ordre»

La branche armée du Hamas a annoncé hier reporter «jusqu’à nouvel ordre» la prochaine 
libération d’otages israéliens captifs à Gaza devant se faire en échange de celle de Palestiniens détenus par Israël dans le cadre de la trêve entrée en vigueur le 19 janvier. «La libération des prisonniers qui était prévue pour samedi prochain, 15 février 2025, est reportée jusqu’à nouvel ordre en attendant que l’occupation s’acquitte de ses obligations», a déclaré Abou Obeida, porte-parole des Brigades Ezzedine al-Qassam, dans un communiqué.

 

 

 

 

Scholz : le projet de relocaliser les Palestinien est un «scandale»

Le chancelier allemand Olaf Scholz a critiqué dimanche soir le projet du président des Etats-Unis Donald Trump de relocaliser les Palestiniens de la bande de Ghaza, le qualifiant de "scandale".  M. Scholz et Friedrich Merz, chef de file de l'Union chrétienne-démocrate (CDU), se sont engagés dans le premier débat télévisé avant les élections au Bundestag du 23 février. L'un des principaux sujets abordés était la manière dont l'Allemagne devrait s'engager avec les Etats-Unis sous l'administration Trump. Abordant la question du Moyen-Orient, M. Scholz a réaffirmé son opposition à la proposition de M. Trump concernant Ghaza.  Lors d'un événement de campagne vendredi, M. Scholz avait déjà exprimé sa désapprobation en déclarant : "Nous ne devons pas réinstaller la population de Ghaza en Egypte" et en exprimant son "rejet total" du plan. Lors du débat de dimanche, M. Scholz a décrit sa stratégie pour traiter avec M. Trump comme impliquant "des mots clairs et des conversations amicales". M. Merz a également exprimé ses inquiétudes quant à la proposition de M.  Trump, la décrivant comme "faisant partie d'une série de propositions irritantes de la part de l'administration américaine". Il a toutefois suggéré que l'Allemagne attende de voir quels projets le gouvernement américain a l'intention de poursuivre "sérieusement". En ce qui concerne les éventuels droits de douane américains, M. Scholz a affirmé que l'Union européenne était prête à "agir dans l'heure" si nécessaire. M. Merz, quant à lui, a souligné l'importance de l'unité européenne, y compris la coopération avec le Royaume-Uni malgré le Brexit, et a appelé à une "stratégie européenne commune" pour relever les défis. Leur débat a également porté sur des questions intérieures clés, notamment l'économie, l'immigration... Les prochaines élections anticipées sont considérées comme un test crucial pour le parti social-démocrate (SPD) de M. Scholz, qui recueille actuellement 16% des voix. Le parti conservateur CDU et son parti frère bavarois, l'Union chrétienne-sociale (CSU), sont en tête des sondages avec un soutien stable d'environ 30%.  

Erdogan : «Personne n'a le pouvoir» de déplacer les Ghazaouis   

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a estimé dimanche que personne n'avait le pouvoir d'expulser les Ghazaouis de leur territoire dévasté par la guerre, rejetant le plan de son homologue américain Donald Trump qui vise à en expulser les Palestiniens et à laisser les Etats-Unis en prendre le contrôle. "Personne n'a le pouvoir de déplacer les habitants de Ghaza hors de leur patrie éternelle qui existe depuis des milliers d'années", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse dans la soirée à l'aéroport d'Istanbul, avant de s'envoler pour la Malaisie. "Ghaza, la Cisjordanie et El-Qods-Est appartiennent aux Palestiniens", a-t-il martelé. La proposition de M. Trump d'expulser plus de deux millions de personnes vivant dans la bande de Ghaza et de la réaménager en "Riviera" a suscité un tollé mondial, en particulier dans le monde arabe et musulman. Mais pour le président turc, elle n'a aucune valeur. "Les propositions sur Ghaza présentées par la nouvelle administration américaine sous la pression des dirigeants sionistes ne valent pas la peine d'être discutées, de notre point de vue", a-t-il déclaré.

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