Romancier et nouvelliste, l’auteur Mustapha Bouchareb vient de nous mettre au parfum de son dernier-né, Rue des femmes enceintes, un recueil de nouvelles, paru aux éditions Aram.
Il s’agit d’une compilation de huit nouvelles dont le titre générique choisi est Rue des femmes enceintes. L’écrivain emmène le lecteur dans le dédale des cités, que cela soit à Riyad pour la nouvelle éponyme de l’ouvrage en question, sorti en 2023, ou dans d’autres contrées de l’Algérie, comme la ville de Seg, dont l’acronyme n’est autre que Sour El Ghozlane.
A travers ce corpus de nouvelles, l’auteur se sert des thèmes divers qu’il propose comme prétexte pour explorer les tréfonds de l’âme humaine, alternant entre soif inextinguible d’amour et déception, entre désir émergeant et répulsion, entre souhait et crainte, entre outrance et bienséance. Le premier récit fictif se veut une histoire somme toute captivante où trois amies campent le rôle de protagonistes. Pourquoi l’auteur a choisi pareil titre pour sa première nouvelle ? Voulait-il mettre en avant une figure de style : l’antiphrase, celle de transposer l’expression naturelle de l’idée dans un but comique pour accrocher davantage son lecteur.
En effet, les trois dames, Rania, la veuve, ainsi que Nouf et Hathoul, les divorcées, aspiraient avoir une progéniture lorsqu’elles étaient en couple avec leurs conjoints, mais le sort en décida autrement : aucune d’elles ne connaîtra la joie d’enfanter. Le choix du titre peut aussi être emprunté de l’artère que le trio de femmes parcourait régulièrement les week-ends, autrement dit, une rue commerçante que les jeunes filles courtisaient avant de convoler en justes noces. Leur statut de femme sans leur binôme a fait donc qu’elles soient fortement rapprochées pour se raconter leurs insuccès et les contingences de la vie, se dire des histoires aussi passionnantes que saisissantes ou se confier les événements imprévisibles et autres impondérables du quotidien.
Dans un style fluide et passionnant, l’auteur portraiture, dans un verbe châtié, ses personnages avec force détails et dépeint les scènes non sans puiser dans des tableaux quelque peu allégoriques.
Le nouvelliste nous offre Aksoum-is (sa chair), cet autre récit qui nous renvoie à un morceau de la guerre de Libération nationale où trois jeunes larrons, ayant partagé un passé commun dans l’insouciance de leur enfance, connaîtront des années plus tard des chemins séparés. Abbad part à Alger poursuivre son cursus scolaire dans un internat, alors que Malleki, parallèlement aux cours qu’il suit par correspondance, se voit confier la gérance de la petite épicerie de son père. Quant à Mennacer, il devient oisif, sans rien faire. Quelques années après, tout bascule pour le désœuvré qui se transforme en bête immonde. Il échafaude un plan machiavélique pour se rapprocher de l’épouse de Abbad qu’il envie tant pour son profil d’intellect.
Le suspense est au bout de l’histoire. 337 est cette nouvelle dont le numéro attribué reste un mystère.
Dans un style concis, l’auteur met en scène une relation atypique entre deux étudiants, voire plus et leur prof de philo, Baqally qui dut faire in fine les frais de ses convictions philosophiques.
Notons que l’écrivain, qui a à son actif plusieurs romans, dont Le dernier Maure de Francie (paru chez L’Harmattan - Paris), avait décroché le prix de la meilleure nouvelle, en 1985, à Alger et obtenu le prix Mohammed Dib en 2016. Il a également une foultitude d’écrits dans la presse.