Avec ses comparses d’Abba, ils ont vendu des centaines de millions de disques dans le monde. Aujourd’hui, Björn Ulvaeus s’est associé à l’ONU pour sensibiliser les créateurs au droit d’auteur à l’ère du numérique et de l’intelligence artificielle.
Gratuite, et disponible en six langues d’ici au début de 2024, la plateforme CLIP (pour «Creators Learn Intellectual Property», en anglais) lancée vendredi à Genève vise à sensibiliser les artistes à la question des droits d’auteur pour les aider à mieux se défendre et obtenir une rétribution équitable de leur travail. L’industrie artistique a «grand besoin» de CLIP alors que l’intelligence artificielle risque d’inonder le marcher avec des chansons générées par l’IA basées sur le travail préexistant d’artistes, a estimé Björn Ulvaeus. «Nous devons séparer ce qui vient de l’humain et ce qui vient de l’IA, parce que sinon l’industrie de la musique va être détruite», a-t-il aussi estimé lors d’une conférence de presse à Genève au siège de l’Ompi (Organisation mondiale de la propriété intellectuelle), une agence spécialisée de l’ONU. Il a pris l’exemple d’une ballade dans le style d’Abba chantée par la voix de Franck Sinatra créée avec l’IA.
«A la fin, il sera impossible de tracer» les influences à l’origine d’un morceau, a-t-il ajouté. «Il doit y avoir une solution pour rémunérer ceux dont les catalogues» sont utilisés par l’AI, a-t-il poursuivi. A travers le monde, les créateurs produisent de la musique, des œuvres d’art et d’autres contenus à des niveaux sans précédent et la distribution numérique est en plein essor. Mais bien souvent, ils ne savent pas comment obtenir la reconnaissance de leur travail, en particulier, lorsqu’il est consommé en ligne, indique l’Ompi, dans un communiqué. La nouvelle plateforme, lancée par l’Ompi et la star légendaire d’Abba, également président de la Confédération internationale des sociétés d’auteurs et compositeurs (Cisac), entend améliorer cette situation. «Je suis bien placé pour savoir à quel point il est important pour les créateurs de connaître et de gérer leurs droits de propriété intellectuelle. De nos jours, cet aspect est fondamental pour réussir sa carrière dans l’industrie de la musique», a déclaré l’artiste suédois dans le communiqué.
«Rouages des industries de la création »
En aidant les créateur «à comprendre les rouages des industries de la création, nous leur permettons de valoriser au mieux leurs créations», a ajouté le cofondateur de la Music Rights Awareness Foundation âgé de 78 ans.
«L’industrie de la musique est de plus en plus complexe aujourd’hui», a souligné Björn Ulvaeus interrogé par l’AFP. Le développement du streaming a certes freiné le piratage, mais si les musiciens ne font pas enregistrer leurs chansons pour en faire valoir le droit d’auteur, les services de streaming ne savent pas qui payer, a insisté le chanteur. La première version de la plateforme CLIP sera axée sur l’industrie musicale et permettra aux utilisateurs de découvrir les différents acteurs intervenant dans la commercialisation d’une chanson et de se familiariser avec les droits des créateurs de musique.
«Les créateurs s’appuient sur leur talent et leur vision artistique pour nous offrir de la musique, de l’art, des chansons et de la danse», a indiqué le directeur général de l’Ompi, Daren Tang, dans le communiqué.
«Il est essentiel de les soutenir pour préserver la richesse de chaque société et de chaque pays. Nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour qu’ils reçoivent la reconnaissance qui leur est due et une rétribution équitable, afin qu’ils puissent s’épanouir dans leur travail et leur contribution à la société», a-t-il observé. Waterloo, Dancing Queen, Mamma Mia, Money Money Money... Machine à tubes pop qui a écoulé des dizaines de millions de disques, le groupe culte suédois Abba s’est reformé en septembre 2021 pour la sortie d’un album et d’un spectacle d’hologrammes numérisé.