Projet d’intervention militaire au Niger : L’Union africaine désavoue la Cédéao

23/08/2023 mis à jour: 19:01
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Photo : D. R.

L’Union africaine (UA) a émis des réserves sur une éventuelle intervention militaire ouest-africaine pour rétablir le Président Mohamed Bazoum et appelé à une solution diplomatique, indique un communiqué de l’UA publié hier.

Selon le communiqué sanctionnant la réunion tenue le 14 août par le Conseil de paix et de Sécurité (CPS) de l’UA, il a été également décidé, «de suspendre immédiatement la participation de la République du Niger de toutes les activités de l’UA et de ses organes et institutions jusqu’au rétablissement effectif de l’ordre constitutionnel dans le pays».

Une décision prise conformément aux instruments pertinents de l’UA, en particulier son acte constitutif, le protocole relatif à la création du Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l’UA et la charte africaine sur la démocratie, les élections et la gouvernance.

L’UA a aussi fait sien le communiqué final de l’autorité des chefs d’Etat et de gouvernement de la Commission des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) sur la situation politique au Niger, adopté le 30 juillet 2023.

Elle a en effet appelé à imposer des «mesures punitives» contre les putschistes, tout en veillant à son application «progressive» et en «minimisant son effet disproportionné sur les citoyens du Niger».

Le CPS a, en outre, demandé à la Commission de l’UA, en étroite collaboration avec la Cédéao, de compiler et de soumettre d’urgence la liste des membres de la junte militaire et de leurs soutiens militaires et civils, y compris ceux qui sont impliqués dans la violation des droits fondamentaux du président Bazoum et d’autres détenus, en vue de sanctions ciblées et de l’application de mesures punitives individuelles.

Dans le communiqué, le CPS exprime son rejet ferme de toute ingérence extérieure d’un acteur ou d’un pays extérieur au continent dans les questions de paix et de sécurité en Afrique. Et d’ajouter que cela est aussi valable pour les sociétés militaires privées sur le continent, conformément à la Convention de l’OUA de 1977 pour l’élimination du mercenariat en Afrique.

L’instance africaine a, par ailleurs, appelé le peuple nigérien à rester calme, à s’abstenir de toute action susceptible d’envenimer la situation et à adopter pleinement une approche pacifique en vue du rétablissement de l’ordre constitutionnel dans le pays.

Déploiement militaire

Le CPS, qui a pris note de la décision de la Cédéao de déployer une force au Niger -une option qui ne fait pas l’unanimité-, a demandé «une évaluation des implications économiques, sociales et sécuritaires» d’un tel déploiement.

Affichant clairement sa préférence pour la voie diplomatique, le CPS dit appuyer les «efforts de la Cédéao dans son engagement soutenu en faveur du rétablissement de l’ordre constitutionnel par des moyens diplomatiques». Il affirme, à ce propos, soutenir «fortement les efforts inlassables déployés par la Cédéao en vue du rétablissement pacifique de l’ordre constitutionnel» au Niger.

La Cédéao a, pour rappel, annoncé le 10 août son intention de déployer une force ouest-africaine. Les détails de cette opération, sa date notamment, ont été décidés mais n’ont pas été rendus publics. Vendredi, après une réunion de chefs d’état-major ouest-africains à Accra.

Le commissaire aux affaires politiques et à la sécurité de la Cédéao, Abdel Fatau Musah, a affirmé vendredi que «le jour de l’intervention» était fixé, tout comme «les objectifs stratégiques, l’équipement nécessaire et l’engagement des Etats membres».

«Si une agression devait être entreprise contre nous, elle ne sera pas la promenade de santé à laquelle certains croient», a répondu samedi le général Abdourahamane Tiani, chef des militaires qui ont renversé Mohamed Bazoum le 26 juillet.

Il a annoncé, par la même occasion, une transition de trois ans maximum et un dialogue national inclusif. Une offre de sortie de crise que la Cédéao a vite rejetée, laissant craindre une escalade militaire dans la région synonyme d’instabilité dans tout le Sahel. 
 

 

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