Les citoyens concernés par l’opération d’expropriation dans le cadre du méga-projet minier d’extraction de zinc et de plomb de Tala Hamza-Amizour, dans la wilaya de Béjaïa, ont organisé, hier, un rassemblement au niveau de la base de la SPA, Western Mediterranean Zinc (WMZ), située sur la RN75, reliant Béjaïa à la ville d’Amizour, afin de contester les tarifs appliqués lors de la procédure d’indemnisation. Ces derniers revendiquent des prix «équitables».
Pendant que les habitants protestaient pacifiquement, sous la pluie, le wali de Béjaïa, Kamel Eddine Kerbouche, tenait son énième réunion de coordination, s’inscrivant dans le cadre du suivi de l’avancement de la procédure d’indemnisation au profit des propriétaires des terrains concernés par le projet de mine de plomb et de zinc, à laquelle il a associé les P/APC d’Amizour et de Tala Hamza, auxquels échoit la mission de remettre à la population concernée les décisions d’indemnisation, un représentant de la Société nationale de recherches et d’exploitation minières (Sonarem) et le directeur de la réglementation générale ainsi que celui des domaines.
Après avoir épuisé toutes les voies de recours au niveau local, les contestataires en appellent au président de la République, dans l’espoir de voir ce qu’ils qualifient «d’injustice» être réparé. D’emblée, les manifestants, que nous avons rencontrés sur le site, refusent que l’on imprègne une lecture politique à leur action de protestation.
La plupart sont conscients des enjeux économiques et sociaux d’un tel projet, qui est d’ailleurs en bonne voie, pour la région et le pays. «Nous revendiquons juste la revalorisation des tarifs des indemnisations des biens expropriés dans le cadre de ce projet de dimension mondiale, notamment, les terres, les cultures et le bâti», disent-ils.
Les concernés ont également insisté qu’on rapporte le fait «qu’ils ne se sont jamais opposés à ce projet ambitieux». Bien au contraire, «nous sommes quelque 375 propriétaires terriens qui se sont présentés pour nous inscrire dans le cadre de cette opération. Les habitants ont fait preuve de citoyenneté en accompagnant et facilitant le travail du géomètre désigné à cet effet. Aujourd’hui, nous découvrons les tarifs, ébahis».
Massés devant la clôture de la base logistique et administrative de WMZ, où ils ont accroché une large banderole sur laquelle ils ont exprimé leur «déception» quant aux tarifs appliqués, les représentants des villageoises rappellent : «Pourtant, le wali de Béjaïa, Kamel Eddine Karbouche, et le ministre de l’Energie, qui est venu deux fois, ont garanti que nos intérêts seront préservés, mais ce n’est pas le cas.»
Pour un autre manifestant, «il est inconcevable de payer 700 da, 1000 da et 1500 da le mètre carré pour des terrains disposant d'actes de propriété datant de 1919 et 1924, qui vont permettre de surcroît d’engranger des dividendes avérés». Parmi les mécontents, certains «imaginent mal de céder une bâtisse construite à coups de millions à des prix dérisoires, qui ne vous permettent pas de reconstruire une maison».
Une quarantaine de maisons toujours occupées, notamment, du côté de Aït Bouzid et Ibezguichen, sont concernées par cette opération. Dans la foulée, une information, provenant de l’APC de Tala Hamza, fait état d’une revalorisation de 30 %. «Le prix est toujours en dessous de nos attentes», commentent des voix dans la foule.
Le programme en bonne voie
Par ailleurs, en dehors de ce «quiproquo», ce projet structurant, confié à la société mixte algéro-australienne Western Mediterranean Zinc, est en bonne voie. Après le coup d’envoi de la construction du chantier, le 11 novembre 2023, des bases logistiques et administratives de ce projet d’exploitation du zinc et de plomb, plusieurs étapes ont été franchies avant d’arriver au lancement de la production en 2026, selon l’agenda du ministère de l'Energie.
La dernières en date remontent au 2 novembre, où le contrat pour la construction de la mine de zinc et de plomb de Tala Hamza-Oued Amizour, ainsi que la réalisation d’une usine de traitement de ces deux matériaux a été signé entre la société australienne Terramin et la chinoise Sinosteel, au siège de la direction générale de la Sonarem, à Alger.