Production et exportation de blé : Les Russes et les Français se disputent le marché algérien

07/09/2023 mis à jour: 01:12
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Photo : D. R.

Du côté français, la concurrence russe sur le marché de l’Afrique du Nord est mal vue car compromettant fortement l’écoulement de son blé dans ce marché qui lui était jadis acquis.

Pour l’heure, depuis le 1er juillet, «l’Algérie maintient sa deuxième place en volume d’importations sur les deux derniers mois», indiquait, hier, à l’agence Sputnik, le président de l’Union céréalière de Russie, Arkadi Zlotchevski. L’Algérie, selon ce responsable, continue d’importer du blé russe malgré l’augmentation de ses prix depuis la fin de l’accord céréalier de la mer du Nord, dépassant même le prix traditionnellement plus élevé du blé français. «Les pronostics selon lesquels le blé russe devait garder sa part sur ce marché en écartant les céréales françaises se réalisent», a-t-il ajouté.

A rappeler que l’Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC) avait pris la décision de diversifier ses sources d’approvisionnement en blé et s’était tourné - depuis la promulgation en 2021 du taux de tolérance en grains punaisés, entre autres considérations - vers l’approvisionnement russe notamment, en raison du prix bas de son blé, comparativement à celui acheté de France. Le dernier contrat remonte à juin dernier avec l’achat de pas moins de 400 000 tonnes de blé meunier en provenance de ce pays.

L’Algérie, à l’instar d’autres pays de l’Afrique du Nord, est un marché important car grand consommateur et importateur de blé. La sécheresse a eu raison d’une grande partie de la récolte locale, poussant le pays à s’approvisionner davantage de l’étranger.

Le responsable  de l’Union céréalière russe considère que le plus grand pays d’Afrique «préfère les céréales russes aux françaises, malgré leur prix plus élevé» et se situe ainsi juste derrière le premier importateur du blé russe, qu’est l’Egypte, et juste avant la Turquie qui est donc troisième acheteur de cette origine de blé. Arkadi Zlotchevski estime que cette tendance s’expliquerait par «un éventuel retard de programmes français de financement».

Du côté français, la concurrence russe sur le marché de l’Afrique du Nord est mal vue car compromettant fortement l’écoulement de son blé dans ce marché qui lui était jadis acquis. «Entre mai et juillet, le blé français n’a pas été compétitif. Loin de là. Les écarts dépassant parfois les 40 dollars/tonne en faveur de l’origine russe.

Le blé français n’était pas capable de remplir les carnets de commande à l’exportation vers les pays tiers. Mais la donne change depuis quelques semaines avec, d’une part, un travail d’amélioration du prix de l’origine France et une remontée des prix russes liés à des retards de récolte, des tensions logistiques internes et à la prime d’assurance de fret qui reprend de l’ampleur, à cause de l’insécurité maritime», indiquait à des médias, Alexandre Marie, chef analyste pour Agritel.

Selon ce responsable, la France devrait expédier 4,3 millions de tonnes de blé tendre vers l’Algérie et le Maroc pour la campagne 2023/24, soit 45% du potentiel à l’export vers les pays tiers. Ce niveau reste, toutefois, loin de la moyenne de 7 millions de tonnes expédiées entre 2013/14 et 2019/20 vers ces pays de l’Afrique du Nord.

«La réalisation de cet objectif dépendra, d’abord, de la capacité des opérateurs de l’Hexagone à être compétitifs sur toute la campagne, afin de reconquérir ces deux marchés traditionnels.» La France se trouve devant un surplus exportable de près de 17 millions de tonnes qu’elle doit vendre dans un contexte de faible niveau de la consommation locale et de manque de débouchées vers d’autres pays d’Europe.

 

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