Production de viande rouge en Algérie : L’Etat appelé à mettre en place des mécanismes efficaces

11/02/2024 mis à jour: 08:47
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Plusieurs contraintes empêchent le contrôle des ressources et des richesses animales en Algérie - Photo : D. R.

L’élevage ovin et bovin est pratiqué dans l’anarchie totale, ce qui ne permet pas à l’Etat de tout contrôler, ceci au moment où l’Algérien arrive à peine à consommer en moyenne 18 kg/an, soit 10 kg de moins qu’un Tunisien.

Bien que l’importation de la volaille espagnole et la viande fraîche a été autorisée récemment, le gouvernement algérien est appelé à mettre en place des mécanismes efficaces pour augmenter la production locale, atteindre l’autosuffisance et faire baisser les prix à long terme. Des mesures urgentes doivent être appliquées, vu que l’importation ne sera jamais une solution durable pour rendre ce produit accessible à une grande partie de la population.

Ayant mené des recherches dans ce volet, le Dr Mohamed Doumir, vétérinaire, éleveur et producteur d’aliments, juge que le prix de la viande d’agneau estimé à 2600 DA le kilo est «inédit», atteignant un seuil record jamais enregistré en Algérie.

«Sachant que plus d’une vingtaine de plats traditionnels algériens hérités de nos ancêtres depuis des dizaines de siècles se préparent avec de la viande rouge, la moyenne de consommation annuelle de la viande rouge en Algérie par habitant a atteint l’année écoulée 18 kg, comparativement avec la Tunisie où l’individu consomme 28 kg par an.

Nous sommes donc dans une crise de viande rouge», a-t-il déclaré lors de son intervention, à l’occasion du séminaire national sur l’investissement animé mercredi 7 février par l’Organisation du patronat algérien (OPA), à la salle Ahmed Bey du complexe Zénith de Constantine. L’intervenant a souligné que la majorité des Algériens font partie de la classe moyenne.

Cette dernière ne peut plus se permettre de manger de la viande rouge régulièrement, en tentant de compenser par la viande blanche. Malheureusement, le prix du poulet n’est plus également à la portée de cette catégorie de citoyens. L’expert a décortiqué de nombreuses causes, dont la première est celle de la sécheresse.

Ce qui impose, selon lui, à l’Etat de bâtir une économie de base qui défie les changements climatiques et à travers laquelle nous pourrons faire face à la sécheresse. La deuxième cause concerne l’autosuffisance en aliments essentiels qui n’est pas assurée par le secteur de l’agriculture. Les autorités importent toujours les différentes céréales, vu que la production locale ne répond pas aux besoins de la population et du bétail. Un investissement sérieux par l’Etat et par le privé doit être cogité pour assurer cette autosuffisance, plaide-t-il.

Manque de statistiques

Et ce n’est pas tout, le secteur de l’agriculture souffre également d’un manque de statistiques. M. Doumir affirme qu’il n’existe pas de chiffres «fiables» sur l’élevage des ovins et des bovins. Cette défaillance entrave la vaccination contre les maladies et le bon déroulement du processus de distribution des aliments pour le cheptel. «Le cheptel n’est pas identifié. Nous avons un chiffre approximatif du cheptel algérien, ce qui ne nous permet pas d’agir et de prendre les mesures nécessaires», a-t-il estimé.

Cependant, le recensement est souvent annoncé, sans parvenir à des résultats concrets, reconnaît-il. En plus de toutes ces contraintes, on ajoute à la liste les fausses déclarations sur le nombre des têtes pour bénéficier de l’orge subventionné, ainsi que l’élevage illicite et anarchique. Toutes ces contraintes empêchent le contrôle des ressources et des richesses animales en Algérie.

Même l’unique instrument mis en place par l’État pour le recensement des bêtes à travers le certificat de vaccination n’est pas efficace et demeure insuffisant, souligne l’intervenant. L’absence de l’application des outils scientifiques enseignés à l’université afin d’augmenter la production a été évoquée par M. Doumir. Il a cité les techniques de l’amélioration génétique et l’insémination artificielle.

L’expert s’est également interrogé sur la non-prise en charge des races locales remontant à l’époque numide, à l’instar de la race barbarine qui n’existe aujourd’hui qu’en Tunisie. Historiquement, elle était une espèce algérienne dotée d’une immunité et une productivité incroyables lui permettant de s’adapter au climat de la région.

Un jeune éleveur à Oued Souf s’y intéresse et il a jusqu’à présent 20 brebis, indique-t-il. Il y a également une autre race à Ouled Djellal, mais elle nécessite plus d’attention et d’entretien. «J’ai des documents historiques prouvant qu’en 1816, l’Algérie exportait déjà des bovins vers l’Espagne. J’ai même le nombre, le nom de l’acheteur et l’itinéraire d’exportation. Malheureusement depuis l’indépendance, jusqu’à présent, nous n’avons pas exporté de viande.

Historiquement, l’Algérie est un pays exportateur de par ses richesses, comme le blé et autres», regrette l’intervenant. Afin d’avoir une image claire du cheptel et faire baisser les prix, l’application des mécanismes plus efficaces devient plus que nécessaire pour une révolution agricole, donnant des résultats à long terme. 

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